Alors que la Commission européenne mène actuellement une enquête sur les pratiques anti-trust du géant Google, ce dernier récidive en proposant un nouveau service « Google Destination ».
Après « Google Shopping », le moteur de recherche lance un nouveau comparateur de prix, cette fois dans le domaine du voyage. « Google Destinations » permet d’afficher en tête de page une suggestion de voyages. Ainsi sont proposés les dates, les prix des billets d’avion et d’hébergement, pour une destination donnée. Des filtres de tri sont mis à disposition de l’internaute lui permettant d’affiner sa recherche (budget, centres d’intérêts, nombre de voyageurs etc.). Ce service est basé sur un outil préexistant « Flight Search » qui se limite à proposer des billets d’avion.
Une fois que l’internaute a trouvé une offre correspondant à ses critères, « Google Destinations » joue les guides touristiques en affichant dans le périmètre du lieu de vacances choisi des itinéraires à partir de thématiques. Il fournit également d’autres informations telles que les prix applicables relativement aux saisons, les températures moyennes, l’affluence touristique selon les périodes.
Guillaume Pépy, dirigeant du groupe SNCF, avait fait part en 2012, des difficultés des sociétés du groupe à faire connaître leurs services face au « réflexe Google » des consommateurs. Nul doute que l’application « Google destinations » entre en concurrence directe avec les comparateurs de prix Kayak, Liligo, Trivago… Les mots clés utilisés pour accéder à ce nouveau service de Google sont sensiblement les mêmes que ceux permettant d’accéder à ces sites internet. L’utilisation de ces mots clés aboutie à placer les comparateurs de prix concurrents à Google en second rang sur les pages du moteur de recherche.
Il risque ainsi de s’attirer à nouveau les foudres de la Commission européenne. En effet, cette dernière fait grief à Google d’abuser de sa position dominante sur le marché des services de recherche générale sur Internet en favorisant le positionnement de l’outil « Google Shopping » sur les pages de son moteur de recherche. Il convient par ailleurs de rappeler que Google bénéfice de 90% des parts sur ce marché. Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la politique de concurrence, avait justifié les investigations de la Commission européenne en rappelant que les consommateurs européens doivent bénéficier « d’un choix aussi large que possible » et que l’innovation ne doit pas être freinée.
Google ne devrait-il pas être rappelé à l’ordre….
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Antoine Chéron est avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC, fondateur du cabinet ACBM (http://www.acbm-avocats.com)