IBM intégrera les trois pôles informatiques de Fiat : celui de la maison mère, celui de Chrysler et celui de CNH ( Fiat industrial et Case).

Il s’agit d’une sous traitance de tous les systèmes informatiques mondiaux et des processus opérationnels connexes, plus de 150 000 postes de travail seront concernés. Ce contrat convertira durablement Chrysler et CNH aux pratiques de Fiat, d’autant qu’IBM travaille avec Fiat depuis plus de dix ans. Chez Chrysler, la rupture sera plus flagrante, car ce nouveau contrat remplace celui de l’intégrateur CSC.

Le nouvel accord prolonge le contrat signé en 2005 de 1,2 milliard de dollars. Une externalisation entre Fiat et IBM qui avait permis de renforcer les deux filiales italiennes de l’américain. L’administration avancée des processus, des logiciels et le matériel d’intégration a du s’avérer nécessaire sur le long terme pour atteindre le niveau de collaboration souhaitée par le PDG de Chrysler et Fiat, Sergio Marchionne.

A priori, l’essentiel de la concentration s’effectuera via le cloud. L’infrastructure informatique (mainframe, des serveurs Unix et du stockage) est essentiellement concentrée dans les datacenters proches de Detroit et de St. Louis d’une part et en Italie à Turin et Milan. ( photo du  site de détroit). Enfin le site d’Hortolandia au Brésil, lié aux investissements de Fiat, passera aussi sous la coupe d’ IBM. Ce dernier a annoncé que l’intégration aiderait aussi à réunir les réseaux de concessionnaires ainsi que l’ingénierie. Ce contrat de services « stratégiques » porte sur plusieurs années et vise à gérer l’infrastructure IT et les services qui supportent les opérations quotidiennes des différents sites de ces 3 organisations au niveau mondial, tout en leur offrant de nouvelles perspectives d’innovation. Cet accord inclus également l’hébergement et l’exploitation de la solution de mail à disposition de plus de 150 000 personnes dans le monde.20114801414

Si Fiat avait pris le contrôle de Chrysler en 2009, il n’avait pu réellement prendre possession de la société entière, jusqu’à cette année, qu’ avec l’injection de 4,35 milliards de dollars ce qui a fait de Fiat le seul propriétaire de l’ensemble. Rappelons que CNH industrial, l’entité la moins connue, a été créée par la fusion de Case New Holland avec Fiat Industrial.

Pour Stefano Firenze, chef de l’infrastructure des systèmes d’informations et des services, qui travaille comme DSI adjoint pour CNH industrielle : «L’extension de notre partenariat avec IBM va créer de nouvelles voies pour l’efficacité, des économies d’échelle, d’innovation et de croissance pour notre entreprise. Cela nous permettra de partager et tirer parti non seulement des ressources technologiques, mais aussi des compétences mondiales et de nos connaissances de l’industrie dans des domaines clés tels que la durabilité, avec Fiat et Chrysler maintenant « .

Un retour en arrière du coté CAD CAM ?

On peut s’interroger sur ce qui va se passer avec la CAO et le CAD CAM. A la fin des années 90, Chrysler avait abandonné ses propres outils de créations et de fabrication pour passer aux logiciels de Dassault, Catia V6 à l’époque. La firme avait investit plus de 2 milliards de dollars dans une mise à jour gigantesque. A la suite du rachat par Fiat, en 2009, Chrysler avait changé à nouveau pour passer aux programmes de Siemens NX  ( photo ce dessous) qui n’est autre que l’évolution d’Unigraphics. Siemens avait racheté cette structure géante (plus de 8000 employés) pour 3,5 milliards à EDS. Unigraphics avait été crée par l’avionneur Mac Donald Douglas. Rachetée par Boeing (client de Catia) la division logicielle de Mac Donald avait été vendue à EDS qui n’était à l’époque autre que la filiale de General Motors.

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Le PLM compte aussi

Au-delà de la maîtrise des outils de création Unigraphics, désormais Siemens NX, par les excellents dessinateurs italiens, l’argument prôné par les italiens est plutôt l’avantage de l’outil de PLM Teamcenter de Siemens. Néanmoins celui de Dassault, ENOVIA, est toujours en service chez Chrysler, l’outil étant très polymorphe. Du coté de l’intégration financière et industrielle, Fiat travaille en étroite collaboration avec SAP, en particulier avec son produits de gestion de sous traitants SAP SRM. Du côté intégration avec Siemens NX, l’intégration, via les outils SDSC, est paradoxalement moins développée qu’avec Catia, une solution largement adoptée par ailleurs.

 

Tout n’est pas carré chez Fiat

 

Si Fiat paraît très organisé avec toutes ses structures en ordre de marche, il reste au sein du groupe de vilains petits canards.

Dans ce domaine, on se souvient que l’usine Ferrari, filiale à 100%, avait clairement refusé d’adopter SAP pour continuer avec  l’ERP Infor , justifiant une grande souplesse d’adaptation de ses filiales grâce son intégrateur TATA. L’indien, grand sponsor de l’écurie de formule 1, a crée des solutions sur mesure à moindres coûts avec une armée de développeurs indiens qui sont en train de faciliter l’ouverture de magasins de l’italien en Chine. Sergio Marchionne, le pdg de l’ensemble, devrait intervenir le 6 mai prochain et donner les premiers retours d’une intégration lancée il y a déjà longtemps.

La démarche de Fiat est aux antipodes de celle adoptée par General Motors qui a lui préféré réintégrer toute son informatique en interne. L’expérience de la vente de sa filiale informatique EDS l’a peut être fait réfléchir.