Les expéditions de bandes magnétiques ont battu un nouveau record en 2023 : il s’en est écoulé de quoi stocker 153 Exaoctets de données ! Et c’est loin d’être fini!
Il y a à peine 10 ans, le monde IT pensait la bande magnétique enterrée, tuée par des disques devenus ultra-capacitifs et par des SSD rapides et économes en énergie.
C’était avant les ransomwares et avant que le monde se souvienne que la règle d’or « 3-2-1 » de la sauvegarde n’imposait pas une sauvegarde déconnectée sans raison.
Depuis quelques années, non seulement la bande est loin d’être morte et enterrée mais elle fait même un comeback spectaculaire !
Preuve en est, selon le groupement LTO Ultrium (qui regroupe IBM, HPE et Quantum, derniers guerriers en vie de l’ère de la « Tape »), les 152,9 Exa-octets de capacités compressées distribués en 2023, soit 153 000 Pétaoctets ou l’équivalent de 153 millions de disques durs de 1 To. C’est un nouveau record. Pas surprenant : le monde ne cesse de produire toujours plus de données qu’il faut certes stocker mais aussi sauvegarder et archiver (notamment pour alimenter les IA).
Des données qui sont aussi de plus en plus souvent non textuelles et non structurées, autrement dit toujours plus consommatrices d’espace de stockage.
En 2023, les expéditions de bandes ont ainsi cru de 3,14% par rapport à 2022.
Et ce n’est pas si surprenant. La bande cumule les avantages : elle est économique, sa durée de vie s’étend entre 15 et 30 ans, son taux d’erreur est considéré comme 4 fois inférieur aux disques, elle est aisément « déconnectable » et peut être aisément envoyée « hors site ». Elle est même plutôt écologique car peu consommatrice d’énergie et totalement inactive et non alimentée quand on ne s’en sert pas.
Alors oui bien sûr, les disques sont beaucoup plus rapides. Mais ils n’ont aucune des qualités ci-dessous. Et de toute façon, il y a fort longtemps que la bande n’est plus utilisée pour du stockage tiède ou froid. Elle reste l’arme du stockage glacial et de la sauvegarde hors site.
Enfin, rappelons que la bande offre des capacités de stockage qui ne cessent de progresser. Le format LTO en est actuellement à sa « Génération 9 » qui offre 18 To en non compressé, et jusqu’à 36 To avec compression. Mais la « Génération 10 » est déjà en test avec ses 36 To (90 To en compressé) et la roadmap du consortium s’étant jusqu’à une « Génération 14 » offrant 576 To de stockage non compressé sur une seule cartouche !
Et selon LTE, les grands clients de la bande sont désormais les hyperscalers du cloud public. De quoi certainement assurer encore un bel avenir tant que les alternatives envisagées (sauvegarde ADN, 5D Data Storage, Skyrmions, etc.) ne viennent pas lui faire concurrence, des technologies encore très loin de sortir des labos de R&D. La bande est donc très loin de tirer sa révérence…