Souvent évoqué avec l’affaire Snowden, l’espionnage d’état est une réalité. Les accusations réciproques d’espionnage entre les deux leaders mondiaux ont pris une nouvelle dimension depuis la fin mai, une escalade verbale qui risque de paralyser les marchés financiers.
Si le Secrétaire à la Défense américain, Chuck Hagel a, ce week end, soutenu son homologue japonais dans le conflit territorial qui l’oppose à la Chine sur les iles Senkaku, à 200 km au nord-est de Taïwan, fin mai, le FBI s’en est, lui, pris directement à cinq militaires chinois. Une attaque ciblée qui a fait l’objet d’une riposte immédiate de la part du gouvernement chinois. Le FBI a inculpé le 19 mai cinq militaires chinois pour piratage informatique et espionnage économique à l’encontre de six entreprises dans le secteur nucléaire, les métaux et la recherche sur le solaire. C’est la première fois que des accusations « criminelles » mettent en cause directement des agents d’états pour du piratage. Selon le FBI, entre 2006 et 2014 , les officiers Wang Dong, Sun Kailiang, Wen Xinyu, Huang Zhenyu, et Gu Chunhui, ( photos ci dessous), employés dans l’unité 61398 du troisième département de l’Armée chinoise, auraient été directement impliqués dans d’importantes opérations de piratage. Les firmes visées étaient Westinghouse Electric Co. ; les filiales américaines de SolarWorld AG ; la firme United States Steel Corp ; Allegheny Technologies Inc. et Alcoa, Inc. » Le nombre de secrets commerciaux et d’informations sensibles volés à ces entreprises est important et exige une réponse agressive « , avait déclaré le procureur général Eric Holder lors d’une conférence de presse organisé à cet effet à Washington.« Le succès dans le marché mondial devrait être fondé uniquement sur la capacité d’une entreprise à innover et à concurrencer ses homologues, et pas sur la capacité d’un gouvernement à l’aider à espionner. Les employés d’états engagés dans le cyber espionnage ne sont pas à l’abri de la loi simplement parce qu’ils opèrent dans l’ombre du drapeau de leur pays », a ajouté le procureur général adjoint pour la sécurité nationale, John Carlin. » Le Cyber vol est un vol réel, et nous tiendrons les cybercriminels parrainés par les États responsables, comme on le ferait, avec toute autre organisation criminelle internationale « .
Les chinois n’ont pas tardé à répondre
« Les Etats-Unis est le plus grand agresseur du cyber espace chinois, à rétorqué le porte-parole de l’agence media Xinhua,une structure liée au ministère des affaires étrangères, ajoutant que les accusations américaines de piratage contre cinq officiers militaires chinois lundi étaient » sans fondement « . En contre feu, le porte-parole soulignait l’importance du cyber espionnage américain. « Les dernières données de l’équipe technique de coordination du Centre National Computer Emergency Response de la Chine ( NCNERTTCC ) ont montré que du 19 Mars au 18 mai de cette année, un total de 2 077 chevaux de Troie provenant de serveurs de « réseaux de zombies » aux États-Unis avaient directement contrôlé 1,18 million d’ordinateurs hôtes en Chine ». Le NCNERTTCC aurait trouvé que 135 ordinateurs aux États-Unis abriteraient prés de 563 pages de phishing ciblant les sites chinois. Ces ordinateurs auraient effectués 14 000 opérations de phishing. Dans la même période, le centre a identifié 2016 adresses IP aux États-Unis qui auraient implanté des backdoors dans 1754 sites chinois, impliquant prés de 57 000 attaques secrètes. « Les attaques américaines visent les réseaux chinois appartenant au gouvernement, à des institutions, des entreprises, des universités et les grands réseaux de communication. Ces activités visent les dirigeants chinois, mais aussi des citoyens ordinaires, n’importe qui disposant d’un téléphone mobile. » Dans le même temps, les États-Unis ont accusé à plusieurs reprises la Chine d’espionnage et de piratage.
Après le programme Prism révélé par Edward Snowden ( photo), les États-Unis ont été accusés par le monde entier. Cependant, ils n’ont jamais fait d’excuses, au contraire, le gouvernement américain accuse les autres.
« Si les Etats-Unis suivent leur propre voie, la Chine va prendre des contre-mesures » concluait le porte-parole chinois. Après une semaine où l’aviation chinoise à tenté d’intimider les responsables japonais, la tension du coté US est cependant retombée.