Les grandes SSII françaises ont été à la peine en 2013. En témoigne la stagnation, voire le recul de leurs facturations. Néanmoins, leurs valorisations repartent à la hausse. Décryptage du consultant Claude Gourlaouen.
Les trois premières SSII françaises (Capgemini, Atos et Steria) sont en décroissance de plus de 2% en 2013 alors qu’elles affichaient une croissance de 13% en 2012, relève le consultant en stratégie Claude Gourlaouen dans sa dernière chronique « Un cru 2013 très médiocre ». Mais cette croissance était essentiellement externe (et presque entièrement le fait d’Atos). Si l’on considère uniquement la croissance organique, le top 3 enregistre un recul plus mesuré de seulement -0,1% (grâce à Capgemini qui a réalisé +0,9% en organique alors qu’Atos reculait de 0,9% et Steria de 1,8%). Pour comparaison, les trente-trois SSII cotées avaient enregistré une croissance organique cumulée de 1,9% en 2012, avait calculé Claude Gourlaouen dans une de ses précédentes chroniques.
Quant au top 10, il progresse de 0,1% en organique (-0,1% avec la croissance externe), toujours selon Claude Gourlaouen. La progression est similaire pour le top 20. Les principales SSII cotées font donc moins bien en 2013 qu’en 2012 mais limitent les dégâts en stabilisant leur chiffre d’affaires dans un contexte économique qui s’est avéré plus difficile que prévu, estime-t-il.
Les SSII les plus performantes du top 10 sont Altran (qui affiche +12% de croissance dont +1,7% d’organique), Sopra (+11% dont +4,3% d’organique) et GFI (+11% dont +0,4% d’organique). À l’inverse Atos (-2,6% dont -,9% d’organique), Steria (-3,9% dont -1,8% d’organique) et Bull (-1,8% uniquement en organique) sont lanterne rouge. Plus bas dans le classement, Devoteam (-12% dont -3,5% d’organique), Business & Decision (-9,9% dont -5,2% d’organique), CS (-6,3% dont -5,2%) et SQLI (-2,5% uniquement en externe) affichent également des sous-performances notables.
Comme en 2012, les SSII enregistrent de moins bons résultats en France que sur les autres marchés. « Ceci est particulièrement vrai pour le trio de tête qui enregistre une décroissance de 3% sur le marché Français alors qu’en 2012 l’activité France avait légèrement progressé », note Claude Gourlaouen. « Contrairement à ce qu’on avait observé en 2012, l’activité à l’international ne compense plus la faiblesse du marché intérieur », ajoute-t-il. Là encore Atos (-8,4% en organique) et Steria (-5,6%) se signalent. Le second a sans doute subit le contrecoup de l’abandon de Louvois et du gel de l’écotaxe, décrypte le consultant spécialisé.
Comme en 2013, les SSII ont annoncé qu’elles allaient faire mieux en 2014. Mais cette fois, le marché semble y croire si l’on en juge par le frémissement des valorisations relevé notamment par la financière Cambon. Le cabinet de conseil en fusions-acquisitions a ainsi constaté un rebond de 5,1 à 7,1 du ratio valeur de l’entreprise sur EBIT de son échantillon de SSII cotée entre mi-2013 et janvier 2014. Une remontée des valorisations qui touche tout autant les SSII qui affichent de bons résultats que celles qui sous-performent.
« Il est encore un peu tôt pour dire s’il s’agit d’une amélioration durable dans le temps et pour échafauder des explications, déclare Claude Gourlaouen. L’activité des SSII étant une activité de sous-traitance, peut-être que le marché prend tout simplement en compte que l’entreprise France se porte mieux. Peut-être que cela signifie également que le marché considère que les SSII sont passées par leur plus bas. Mais attention, les multiples de valorisation ne sont pas basés sur le chiffre d’affaires mais sur les bénéfices attendus. Cela signifie que le marché s’attend à une appréciation des bénéfices des SSII mais pas forcément des chiffres d’affaires, qui restent un indicateur clé de l’évolution de leur activité. Attendons également de voir ce que va décider le gouvernement sur le CIR, qui pèse à mon avis beaucoup sur le bénéfice des SSII. »