La qualité de réception des téléphones cellulaire à l’intérieur des bâtiments a toujours été un souci. Une étude menée en 2012 par la filiale hollandaise de Vodafone montrait que 55 % des entreprises interrogées seraient prêts à changer d’opérateurs si un nouvel intervenant leur proposait une excellente couverture « interne » pour les mobiles
Au lancement des mini-stations de base 3 G, lancées en fanfare, en 2008, au Mobile World Congress de Barcelone, tout le monde imaginait que l’industrie avait enfin trouvé la solution miracle pour raccorder les mobiles de toutes sortes au central téléphonique de l’entreprise ou à son poste fixe chez soi. Chez NEC, Cisco, Huawei, ZTE, Thomson, Netgear, par exemple, on retrouvait ces mini bornes 3G pour améliorer la couverture indoor des réseaux de téléphonie mobile. Appelées aussi Femtocell (pour petite cellule), celles-ci permettent donc d’obtenir une bonne qualité de signal radio sur un téléphone cellulaire à l’intérieur d’un bâtiment. L’argument décisif est de profiter, là où se trouve le Femtocell, des tarifs d’une ligne fixe. De plus, cela évite l’acquisition de téléphones Dect ou wifi particuliers et de se lier à un fournisseur unique. puisqu’on garde chez soi ou au bureau le même mobile ! Toutes les fonctionnalités usuelles des mobiles sont ainsi conservées : émission/réception, double appel, navigation, SMS/MMS.
Le prix n’est pas tout
Chacun s‘imaginait que leur progression serait fulgurante d’autant que les utilisateurs de Smartphones et tablettes personnels n’auraient plus besoin de paramétrer le raccordement au réseau wifi. Ceux ci seraient identifiés automatiquement et pourraient continuer à utiliser le réseau de leur choix, selon les opérateurs, au plus bas prix. Mais ce n’est pas encore le cas.
D’un point de vue pratique
Pour fournir le service « Femto », certains fabricants ont proposé des adaptateurs Femtocell en tant que module additionnel intégré dans les routeurs xDSL (les fameuses box) ou plus simplement des clés USB « femto » connectées à ces mêmes routeurs. Des modèles existent qui établissent la liaison Internet via le réseau Wifi local, mais les solutions les plus simples utilisent un boitier antenne séparé qui se relie à la box par un câble Ethernet. Deux ans après leur introduction en masse avec la 3G en particulier chez SFR et Orange, le constat est simple, le marché du Femtocell végète en France. Les offres étant largement liées à des ventes de contrats mobiles en entreprises, la mise en route est assez contraignante.
Des solutions privées, « hors opérateurs » existent
Pour le californien Art King, directeur de la division entreprise de Spidercloud, qui propose des solutions de mini bornes concurrentes de celles installées par les opérateurs avec un centrex ip et des logiciels de routages associés, les raisons de ce manque d’engouement sont multiples : l’inertie des habitudes pour les services généraux et les intégrateurs et une inquiétude financière dans les entreprises qui risque à terme de devoir fournir des mobiles à tous les employés. Pour les utilisateurs, le mobile personnel et les logiciels liés appartenant dorénavant à priori à son employeur, l’impression d’avoir un fil à la patte n’a pas du créer d’engouement particulier. Le sentiment parfois de pouvoir être plus facilement être suivi ; les systèmes les plus élaborés intégrant un système de géolocalisation liés aux GPS des mobiles, n’a rien, non plus, de très rassurant.
« J’étais responsable de systèmes de communication chez l’un des très grands fabricants de chaussures de sports (ndlr : un mot en quatre lettres) », en Californie nous a expliqué Art King « et j’essayais d’installer un système cellulaire indoor comme celui que je propose désormais aux entreprises. J’avais découvert ces systèmes en tentant de réduire les coûts de communications dans les entrepôts de stockage avec les systèmes d’identification des codes barres. Mais la direction ne voulait pas, à l’époque mélanger les genres, il fallait bien garder d’un côté la téléphonie et de l’autre l’informatique. Alors que cela marchait parfaitement indépendamment ou conjointement. Et ces équipements permettaient de réduire les factures assez rapidement, des tarifications spéciales étant appliquées pour les appels effectués via le réseau Femtocell. Le refus de cette évidence m’a tellement contrarié que j’ai fini par démissionner et je me suis mis à travailler pour Spider Cloud qui propose ce que je pense être actuellement le système le plus avancé . D’ailleurs on a convaincu Vodafone dans certzins pays, en particulier par ce que l’on intègre bien le wifi et la3G ».
Si la perspective d’économie est séduisante, la législation française est contraignante car il faut, si l’on ne prend pas une solution d’opérateur, déclarer ces systèmes dans le cas de réseaux privés. La déclaration et l’association avec un PABX IP requièrent en effet une déclaration préalable des mobiles autorisés (identifiés par les clés contenues dans les cartes Sim tel que le code IMSI). Mais ce n’est pas le cas des opérateurs car selon l’ANFR, l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) « les Femtocell d’opérateurs ne font pas l’objet d’une réglementation spécifique car elles utilisent les fréquences qui sont dans leurs autorisations ».
Des antennes relais à moindre frais ?
Cette liberté est importante car lorsque Free a été mis en cause pour le retard de son réseau cellulaire, beaucoup d’observateurs des télécoms pensaient que chaque Freebox servirait d’antenne relais pour les autres freenautes. De plus selon l’ANFR « il n’y a pas pas de limites de puissance spécifiques ». Mais les appels effectués, via le réseau Femtocell, auraient nécessité un routage assez complexe au niveau des serveurs internet . De plus, dans le cas de Free, la partie Femtocell de la Freebox exploite en l’occurrence la bande de fréquence des 2 100 MHz, et non celle des 900 MHz pour laquelle le quatrième opérateur mobile français dispose d’une licence. Cela nécessite un portable très récent. Bref, le petit miracle technique et économique n’a pas encore eut lieu! Par ailleurs les écologistes ont milité pour réduire ces nouvelles émissions radio magnétiques à domicile ; ce qui a eu pour effet de limiter la promotion de ces systèmes. Aucun opérateur ne voulant passer pour un pollueur.
Un manque à gagner
Par ailleurs, pour comprendre le peu d’enthousiasme des acteurs impliqués, avec ces boîtiers, les opérateurs espéraient séduire les PME, d’ailleurs des offres actuelles visent ce créneau mais, pour l’instant ,sans beaucoup de succès. Les connexions centralisées à des tarifs réduits diminuant finalement leurs revenus, la seule perspective intéressante des opérateurs était de séduire les clients de ses concurrents en transformant des contrats individuels en contrat d’entreprise. Un risque accru et dans un sens pourquoi donc se tirer une balle dans le pied en diminuant ses marges? De plus, les risques d’interférence avec les réseaux publics nécessitent de paramétrer au mieux à l’intérieur des bâtiments la puissance du rayonnement. Le hang over, le fait d’être pris en charge par différentes cellules sans perdre la connexion nécessite aussi un réglage particulier comme dans les grands réseaux wifi. Bref le démarrage de la 3g « indoor » est encore lent, mais l’arrivée de la 4G pourrait relancer l’intérêt d’une meilleure couverture car la différence de qualité de signal sera encore plus flagrante. Affaire à suivre.