Face à la domination des suites collaboratives américaines, un éditeur français une approche industrielle française mise sur l’architecture projet et l’autonomie numérique pour garantir sécurité, simplicité et contrôle des données sensibles.

Lancé en 2010 par une équipe française de développeurs qui n’ont pas froid aux yeux, Wimi s’est construit comme une alternative souveraine aux mastodontes américains de la collaboration en ligne. À une époque où Google Workspace et Microsoft 365 dominent le marché, cette solution tricolore offre aux entreprises européennes une option crédible pour garder le contrôle de leurs données tout en bénéficiant d’une plateforme collaborative performante.

Wimi est en effet un écosystème complet qui fusionne messagerie instantanée, visioconférence, gestion documentaire et suivi de projets dans une interface épurée. Cette approche tout-en-un répond à un besoin crucial : arrêter la dispersion des équipes entre multiples outils et centraliser l’activité dans un espace unique et sécurisé. Les secteurs sensibles comme le conseil, le juridique ou le BTP y trouvent leur compte, particulièrement grâce à la possibilité d’intégrer clients et partenaires externes sans compromettre la confidentialité des échanges. Le tout au sein d’une solution qui privilégie ouvertement la simplicité d’usage. Et son président, Antoine Duboscq, est notre invité de la semaine.

Avec lui, Guy Hervier revient l’histoire de l’éditeur et les enjeux de la souveraineté numérique et de l’autonomie numérique.

Antoine Duboscq définit Wimi comme le fruit d’une « approche industrielle du numérique », construite patiemment depuis décembre 2010. L’entreprise, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, a fait le pari audacieux de développer une suite collaborative intégrée face aux géants américains.

La stratégie de Wimi repose sur une architecture orientée projet, qui constitue sa principale différenciation. « Le cœur du système, ce sont des projets », précise Antoine Duboscq. Cette approche répond à une réalité : « Les entreprises, les organisations de manière générale ne sont pas structurées par type de données […] elles fonctionnent par projet. » Un choix qui facilite notamment la gestion des droits et la sécurité des données sensibles.

Alors que l’autonomie numérique n’a jamais été autant débattue, Antoine Duboscq observe que ce thème « fait vraiment irruption et aujourd’hui arrive sur le devant de la scène comme une sorte de nouveau mantra ». Il rappelle les chiffres vertigineux du CIGREF : 260 milliards d’euros de transferts financiers de l’Europe vers les États-Unis dans le domaine numérique. Mais au-delà de l’aspect économique, c’est la dimension stratégique qui préoccupe : « Le numérique ce n’est pas seulement des flux financiers, c’est la maîtrise du destin […] ça implique des sujets de défense, des sujets d’influence politique, ce sont des outils de projection d’influence, ce sont des sujets de dépendance ou d’indépendance stratégique. »

Cette prise de conscience s’accompagne d’une évolution des mentalités. Une étude Ipsos commandée par Wimi révèle que le degré de confiance des Français envers les logiciels américains n’est que de 50%, contre 80-90% pour les solutions françaises et européennes. « Ça, c’était une surprise pour nous », avoue notre invité.

Pour concrétiser ses ambitions, Wimi a noué deux partenariats majeurs. Avec Thalès pour le secteur de la défense, l’entreprise a développé Wimi Restricted, « la seule plateforme en Europe à avoir ce niveau d’homologation » pour la diffusion restreinte. Avec DocaPost pour le marché civil, elle cible les PME et collectivités territoriales, suivant les recommandations de l’ANSSI qui identifie les petites organisations comme maillons faibles de la cybersécurité.

L’objectif SecNumCloud, prévu pour fin 2025, représente « plusieurs millions d’euros d’investissement » mais ouvre des perspectives considérables auprès des grandes organisations publiques et privées. « Les très grandes organisations savent prendre leur téléphone, appeler la Direction Générale de l’ANSSI et se renseigner », note Antoine Duboscq avec pragmatisme.

Le président de Wimi revient aussi sur sa stratégie de conquête, la notion de « plateforme de secours », mais aussi sur les bouleversements de l’IA via son partenariat avec Mistral AI.

 

 

 

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