Quand le cloud computing est apparu, beaucoup d’entreprises l’ont d’abord considéré comme un simple petit plus, un outil intéressant mais non essentiel. Moins de dix ans plus tard, le cloud est devenu l’ossature du business digital. D’ici 2030, il en ira de même pour la convergence entre opérations IT (ITOps) et de sécurité (SecOps). Ce qui apparaît aujourd’hui comme une tendance émergente deviendra bientôt un standard incontournable.

Pendant longtemps, les équipes IT et sécurité ont évolué sur des pistes parallèles. Les premières visaient la disponibilité, les déploiements et la productivité des utilisateurs. Les secondes se concentraient sur la gestion des risques, la conformité et la défense contre les menaces. Chacune avec ses propres outils, ses processus, ses priorités. Le résultat est connu : du travail en doublon, des angles morts en termes de visibilité globale et, surtout, des délais critiques dans la gestion des incidents.

Or, dans un monde où les terminaux se multiplient, où les cyberattaques se professionnalisent et où la réglementation se durcit, ce cloisonnement n’est plus viable. La convergence entre SecOps et ITOps n’est pas un mot à la mode : la fin des silos constitue désormais une condition de survie.

Trois forces qui accélèrent le mouvement

Plusieurs dynamiques rendent cette transformation inévitable. L’automatisation et l’intelligence artificielle, d’abord, qui permettent déjà de détecter des anomalies, de signaler des risques et de corriger certains incidents sans intervention humaine. Mais cette automatisation n’a de sens que si IT et sécurité partagent les mêmes données et le un cadre opérationnel commun.

La pression réglementaire ensuite, avec des textes comme le RGPD, NIS2 ou DORA, qui exigent une gouvernance intégrée. Les régulateurs n’attendent plus seulement de la conformité formelle, mais des preuves tangibles que la résilience IT et la cybersécurité sont gérées ensemble.

Enfin, l’explosion des terminaux et du travail hybride, avec le BYOD («Bring Your Own Device » en situation de télétravail) désormais généralisé. L’IT ne peut pas sécuriser ce qu’il ne voit pas, et la sécurité ne peut pas protéger ce qui n’est pas correctement configuré. Seule une approche unifiée, reposant sur une source unique de vérité, peut relever ce défi.

Et c’est là que les plateformes de gestion unifiée des terminaux (UEM) apportent une brique essentielle car elles réunissent visibilité IT et contrôle sécurité dans un même tableau de bord.

Les organisations qui amorcent dès aujourd’hui la convergence constatent déjà des résultats concrets. Les temps de réponse aux incidents se réduisent considérablement, passant de plusieurs heures à quelques minutes. Les coûts baissent grâce à l’élimination des redondances et des outils doublons. La conformité gagne en solidité, puisque l’ensemble des politiques est appliqué de manière homogène. Enfin, la résilience n’est plus une réaction a posteriori : elle est intégrée dans les processus, permettant d’anticiper et de neutraliser les menaces avant qu’elles n’aient un impact.

Chez plusieurs de nos clients, nous observons que la mise en œuvre de stratégies Zero Trust couplées à un UEM accélère la convergence. Les accès conditionnels sont appliqués de façon transparente, seuls les terminaux conformes sont autorisés, et les politiques de sécurité sont centralisées. Résultat : une expérience fluide pour les utilisateurs, sans compromis sur la protection des données.

Des signaux visibles sur le terrain

Dans de nombreux secteurs, cette évolution est déjà à l’œuvre. Les distributeurs pilotent d’immenses flottes de terminaux mobiles via des tableaux de bord qui combinent à la fois gestion des correctifs et contrôle des accès. Les hôpitaux intègrent la protection des données patients avec la surveillance des performances des équipements. Les services publics s’appuient sur l’automatisation pour garantir simultanément disponibilité et sécurité.

Un exemple récurrent : le « Zero-touch provisioning », qui permet de déployer et de sécuriser automatiquement des milliers de terminaux expédiés directement aux utilisateurs, sans qu’un technicien n’ait à intervenir. Là encore, seule la convergence IT/sécurité rend possible ce type d’automatisation à grande échelle.

Autrement dit, la convergence n’est plus une idée théorique : elle est déjà mesurable, concrète et en marche.

2030 : une nouvelle norme

En 2030, maintenir séparées les fonctions IT et sécurité semblera donc anachronique. Les organisations qui persisteront dans ce modèle seront confrontées à des coûts plus élevés, des délais de réaction plus longs et une vulnérabilité accrue.

À l’inverse, celles qui prennent dès maintenant le virage disposeront d’un avantage décisif : des systèmes capables de s’auto-sécuriser, des opérations capables de s’auto-réparer, et une gouvernance intégrée répondant à la fois aux attentes des régulateurs et aux menaces des cybercriminels.

Tout comme plus personne ne discute aujourd’hui la pertinence du cloud, plus personne ne remettra en cause la convergence SecOps–ITOps d’ici 2030. Les entreprises qui prennent de l’avance ne se contenteront pas de mieux protéger leurs systèmes : elles établiront le nouveau modèle de référence en matière de performance et de résilience numériques.
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Par Philippe Ortodoro, Head of Channel EMEA, Scalefusion

 

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