IBM a profité de sa conférence TechXchange 2025 pour dévoiler « Project Bob », une plateforme qui ambitionne de réinventer la manière dont les entreprises modernisent leurs applications. Ce nouvel environnement de développement intégré (IDE) repose sur une orchestration intelligente de plusieurs modèles de langage (LLM), dont Claude d’Anthropic, Llama de Meta, Mistral et Granite 4 d’IBM. L’objectif : automatiser les tâches complexes de refonte logicielle tout en respectant les standards de sécurité et de conformité.
Comment moderniser et automatiser le cycle de vie complet du développement logiciel grâce à l’IA ? C’est à cette question que tente de répondre aujourd’hui nombre de solutions de « Vibe Coding ». Et IBM a une idée un peu différente des stars du Vibe Coding que sont Cursor, GitHub Copilot Workspace, Replit, Windsurf/Codeium, Cocoding ou Qodo. Plutôt que de se focaliser sur l’écriture du code et la création de nouvelles applications, son Project BOB se focalise sur l’ensemble du cycle de vie logiciel en priorisant la modernisation des applications existantes et la gouvernance d’entreprise.
Un IDE multi-modèle pour industrialiser la modernisation logicielle
Project BOB se distingue ainsi par sa capacité à conserver le contexte complet d’un dépôt de code sur toute la durée d’un cycle de développement. Il ne s’agit pas simplement d’assister les développeurs dans l’écriture de code, mais de leur permettre de refactoriser, tester, documenter et sécuriser leurs applications sans rupture de flux. Comme le résume Bruno Aziza, vice-président de la stratégie Data, IA et analytique chez IBM : « BOB va au-delà de l’assistance au code — il orchestre l’intelligence sur l’ensemble du cycle de vie du développement logiciel, pour aider les équipes à livrer plus vite des logiciels modernes et sécurisés ».
Et quand on parle de refactorisation de logiciels, on ne parle pas que d’anciennes applications Java ou autres. On parle aussi de moderniser les applications des mainframes Z/OS et celles de l’ancestrale plateforme IBM i (AS/400).
L’un des piliers de Project BOB est sa capacité à sélectionner dynamiquement le modèle de langage le plus adapté à chaque tâche, en fonction de critères comme la précision, la latence, la conformité et le coût. Cette approche permet à l’IDE de gérer des migrations complexes, comme le passage de Java 8 à des versions plus modernes, ou la transition de frameworks obsolètes vers React, Angular ou Liberty.
IBM a également intégré des pratiques DevSecOps directement dans l’IDE, avec des fonctions de détection de vulnérabilités et de vérification de conformité. Selon Bruno Aziza, « BOB comprend l’ensemble du dépôt, l’intention du développement et les standards de sécurité ».
Ce positionnement résolument tourné vers l’entreprise se traduit par des gains de productivité significatifs : les 6 000 développeurs internes qui ont testé BOB ont constaté une amélioration moyenne de 45 % de leur productivité, et une hausse de 22 à 43 % du nombre de commits.
Modernisation, sécurité, observabilité : l’équation d’IBM pour l’ère IA
En parallèle, IBM a noué un partenariat stratégique avec Anthropic pour intégrer les modèles Claude dans sa suite watsonx. Ensemble, ils ont co-écrit un guide inédit sur l’architecture sécurisée des agents IA en entreprise, basé sur le protocole MCP (Model Context Protocol). Ce cadre, baptisé ADLC (Agent Development Lifecycle), vise à structurer la conception, le déploiement et la gestion des agents IA dans des environnements critiques.
Enfin, Project BOB s’inscrit dans une stratégie plus large d’IBM visant à rendre l’IA bien plus opérationnelle dans les environnements hybrides et multicloud. Il est pensé comme un maillon d’un écosystème qui inclut Watsonx Orchestrate et son nouveau module AgentOps mais aussi Project Infragraph. Dans cet écosystème, BOB contribue notamment à combler le fossé entre les prototypes open source et les systèmes de production. L’intégration de Langflow, un outil visuel de création d’agents, dans watsonx Orchestrate, permet notamment de passer d’un agent « low-code » à une orchestration robuste, sécurisée et conforme. IBM y ajoute des fonctions de gouvernance, de monitoring en temps réel et de coordination multi-agents, avec des outils comme AgentOps et Agentic Workflows pour garantir la fiabilité des processus automatisés. Parallèlement InfraGraph, né du rachat d’HashiCorp, est une plateforme qui cartographie en temps réel toutes les relations entre applications, services et infrastructures pour offrir une visibilité unifiée et intelligente sur les environnements hybrides.
Toutes ces solutions sont ouvertement orientées vers la gouvernance, l’observabilité et l’automatisation des infrastructures. En ce sens, BOB est à la fois un levier de modernisation des applications existantes et un accélérateur pour les entreprises qui veulent industrialiser l’usage de l’IA dans leurs systèmes.