L’IA n’est plus un gadget, mais un partenaire de sens. Elle réinvente la façon dont les employés accèdent, comprennent et utilisent l’information, pour des décisions plus rapides et une communication réellement connectée.
Au cours des 25 dernières années, nous avons tout optimisé pour la recherche : architecture de l’information, chemins de clics, contenus de navigation, pages, portails et onglets/volets. L’espace de travail moderne est devenu un réseau de systèmes, chacun reposant sur l’idée que les personnes trouveront ce dont elles ont besoin, à condition que tout soit suffisamment bien organisé. Mais, cette époque touche à sa fin. L’intelligence artificielle a créé une nouvelle attente : ne pas rechercher, mais obtenir une réponse. Ne pas naviguer, mais demander. Ne pas se frayer un chemin à travers une interface, mais avoir une conversation qui fournit ce dont nous avons besoin, instantanément, de manière personnalisée et contextualisée. L’interface n’est plus le produit. C’est la conversation qui l’est.
De plus en plus, nous attendons de la technologie qu’elle réponde à nos besoins immédiats. Ce même changement touche désormais la communication interne des entreprises. Et cela va tout changer. Car il ne s’agit pas seulement d’un accès plus rapide. Il s’agit d’une relation différente entre les personnes et l’information. Une relation où la confiance est intégrée, et non acquise par la répétition. Une relation où les réponses trouvent l’employé, et non l’inverse. Une relation où les systèmes intelligents donnent un sens à la complexité, afin que les collaborateurs puissent prendre de meilleures décisions, plus rapidement. L’ère de la recherche était axée sur la structure ; l’ère de l’IA est quant à elle axée sur la création de sens (sense-making).
L’éléphant dans la pièce : la fin des interfaces traditionnelles
Tout le monde parle d’IA mais la vérité que peu de gens veulent admettre est la suivante : les interfaces classiques disparaissent. Pas parce qu’elles sont mauvaises, mais parce qu’elles ne suffisent plus. S’il faut compter encore sur l’initiative des employés pour cliquer sur des onglets, parcourir des catégories ou fouiller une base de connaissances, l’entreprise est déjà en retard. C’est une mentalité héritée de l’ère de la recherche, où chacun s’adaptait au système au lieu de l’inverse.
Cependant, la structure ne disparaît pas, elle devient cruciale. L’IA est désormais un utilisateur à part entière de l’intranet d’une organisation. Et comme tout utilisateur, elle a besoin de clarté. Dix articles contradictoires sur le même événement ? L’IA ne saura pas lequel croire et cela aura comme résultat des réponses confuses.
La solution donc n’est pas “plus de contenu”, mais du contenu mieux organisé. Passer d’un flux de mises à jour dispersées à des pages piliers : des sources uniques, fiables et mises à jour, sur lesquelles employés — et IA — peuvent compter. C’est ce basculement silencieux qui redéfinit l’expérience collaborateur. Plus qu’une recherche plus rapide, c’est un changement complet d’attentes qui s’impose : poser une question et obtenir instantanément une réponse précise, contextuelle et fiable. C’est exactement ce que l’IA rend possible. Il ne s’agit pas seulement d’accéder à l’information. Il s’agit de faire en sorte que les bonnes informations comptent, au bon moment.
Il est primordial de donner un cadre pour assurer la pertinence de l’IA
Faire fonctionner l’IA ne se limite pas à ses performances techniques. C’est avant tout créer les conditions de la confiance. Cela suppose de repenser la manière dont l’information circule, est adaptée et perçue. Et, en ce sens, trois piliers guident cette approche : confiance, contrôle et portée.
La donnée
La confiance ne repose pas uniquement sur le contenu mais sur le contexte : la bonne information, transmise à la bonne personne, au bon moment. Une notification d’un manager n’a pas le même impact qu’une annonce générale. L’IA doit être capable de faire la différence. Mais cette compréhension exige une base solide. L’IA dépend de la qualité des données sur lesquelles elle s’appuie. Des informations fiables, structurées et pertinentes sont essentielles. Elle ne traite pas tout le monde de la même façon : elle prend en compte les rôles, les lieux, les préférences et l’historique, pour fournir une expérience adaptée. La personnalisation à grande échelle repose ainsi sur des données spécifiques et sécurisées. Parce que ce qui compte, ce n’est pas seulement ce qui est dit mais qui le dit, où cela apparaît, et comment cela s’inscrit dans l’ensemble.
Le contrôle
L’IA n’est utile que si elle reste alignée avec l’organisation. Ce sont les entreprises – pas les algorithmes – qui doivent fixer la direction. Cela implique de définir clairement les règles : ton, sources fiables, limites à respecter. Ce ne sont pas des détails techniques mais des choix stratégiques qui influencent directement l’expérience employé. Le contrôle garantit une IA qui ne se contente pas de générer du contenu, mais qui communique de manière responsable et cohérente avec les valeurs de l’organisation.
La portée
On ne peut pas créer d’alignement sans toucher tout le monde. Un vrai impact suppose d’atteindre les employés partout : au bureau, sur le terrain, en déplacement ou sur leur téléphone. L’IA doit être présente dans les outils déjà utilisés au quotidien, pour faciliter l’accès à l’information là où elle est nécessaire. Elle peut prendre la forme d’un assistant conversationnel, accessible sur le web, le mobile ou même par la voix, et offrir des réponses simples et immédiates. Parce que pour être entendue, la communication ne doit pas seulement être intelligente. Elle doit aussi être présente.
Ce qui est en jeu : ne pas manquer le virage
Aujourd’hui, la plus grande interrogation des organisations est simple : par où commencer avec l’IA ? Comment démarrer concrètement ? Les faits sont clairs : les déploiements larges et génériques échouent. On ne peut pas “donner l’IA à tout le monde” et attendre des résultats. Ce qui marche, ce sont des cas d’usage ciblés, des problèmes précis, une mise en œuvre progressive. Car l’enjeu n’est pas d’avoir plus d’IA que les autres. C’est d’utiliser la bonne IA, là où elle crée de la valeur rapidement. Les gagnants seront ceux qui sauront commencer petit à petit, rester concentrés et inclure toutes les équipes. À l’inverse, s’accrocher aux anciens modèles – interfaces, barres de recherche, intranets statiques – c’est miser sur des systèmes qui ne répondent plus aux attentes. Les collaborateurs n’attendront pas : ils iront chercher ailleurs, au risque de créer de la confusion et des failles de sécurité.
L’IA appliquée à la communication n’est donc pas un simple outil. C’est un levier stratégique permettant des résolutions plus rapides pour les questions et les processus critiques, offrant de meilleures expériences qui comprennent les besoins de chaque employé et favorisant une communication révolutionnaire qui renforce la confiance, accélère les décisions et aide chacun à se concentrer sur ce qui compte. Les outils que nous utilisons sont peut-être artificiels mais l’expérience qu’ils créent peut, elle, être profondément humaine.
Quand nous les utilisons avec intention – dans le bon contexte, avec le bon objectif – ils aident les gens à se concentrer, à comprendre et à se connecter. Là est la puissance du sens. Parce qu’avec le bon contexte, la communication devient du sens et le sens devient action. Voilà l’opportunité qui s’offre à nous : non pas seulement utiliser une nouvelle génération d’outils mais assumer une nouvelle forme de responsabilité. Créer des expériences qui se ressentent, et pas seulement qui se livrent. Aider les gens à voir clairement pour en somme, les guider vers ce qui compte.
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Par Frank Wolf, co-fondateur de Staffbase & Chief Strategy Officer