Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a visité vendredi dernier, en Californie, quatre firmes essentielles du Net : Apple, Google, Facebook et Twittter, pour qu’elles limitent au maximum, par leur biais, la publication de contenus incitant à la violence et au djidahisme.
Réduire les temps de procédures pour mettre hors service un site ou un document dangereux est l’objectif des autorités françaises et cela passe par une meilleure coopération avec les entreprises et les hébergeurs associés. C’était la nature de ce que le minsitre a demandé aux entreprises visitées. A titre d’exemple, Microsoft avait pu livrer en 45 minutes les contenus de messageries Hotmail en lien avec les attentats du 7 janvier. Le gouvernement français était passé à ce moment-là par le FBI qui s’était adressé directement à Microsoft.
La procédure officielle actuelle est beaucoup plus longue et passe théoriquement par une demande du Quai d’Orsay à Washington qui transmet la requête à la direction des services de police de l’état où se trouve l’entreprise aux USA ( San Francisco pour les firmes de la Silicon Valley) . Celle-ci ensuite la répercute à l’autorité de la firme et à l’hébergeur concerné. Avec le décalage horaire et selon l’humeur de l’administration américaine, l’opération peut durer une demi journée ou parfois deux jours ou plus encore, ce qui est beaucoup trop long pour une enquête de police ou souvent la garde à vue, de présumés coupables, ne peut dépasser les 48 heures.
Facebook à l’écoute
Le porte-parole de Facebook à précisé à la suite de la visite du ministre français :
« Nous organisons régulièrement des réunions avec des ministres et autres responsables gouvernementaux à travers le monde sur la politique de Facebook, et nous avons été heureux d’accueillir M. Bernard Cazeneuve aujourd’hui ». Nous travaillons activement pour nous assurer que nous n’avons pas de terroristes ou de groupes terroristes qui utilisent le site à notre insu, et nous enlevons également tout contenu qui fait l’apologie ou soutient le terrorisme. » Ci-joint une photo d’un djihadiste qui donne de ses nouvelles via Facebook.
Interrogé par la presse californienne, les porte-paroles de Twitter et Facebook ont simplement dit que leurs firmes font tout ce qu’elles peuvent pour arrêter tout contenu qui incite à la violence, mais n’ont pas précisé pour autant si elles allaient répondre a la demande de coopération directe avec les autorités françaises, la solution préconisée par le ministre français.
Précisément lorsqu’on a demandé à Twitter si la firme travaillerait en étroite collaboration avec les enquêteurs français, le porte-parole a répondu que : « leur site web décrivait déjà pour la demande d’ informations, les lignes directrices liées à l’application de la loi », une manière à peine déguisée pour préciser que toutes les procédures suivaient déjà une législation stricte. Les modes de fonctionnements sont surveillés depuis des années par les avocats de la firme pour échapper à tous risques de procès, très courants aux USA, qu’il s’agisse de diffamations, de menaces ou de tentatives d’extorsions de fonds.
Une Invitation a aller plus loin
Le ministre de l’Intérieur est parfaitement conscient de toutes ces difficultés, il l’a précisé à la presse locale : « Il y a des millions de tweets échangés sur Twitter, il y a des millions d’images diffusées sur YouTube, on ne va pas demander aux sociétés de mettre en place des équipes pléthoriques, chacun joue son rôle dans le cadre juridique qui lui est imposé», a expliqué Bernard Cazeneuve. Pour expliquer sa démarche à la presse locale, celui-ci a précisé qu’il appelait les entreprises de haute technologie à se joindre à la lutte contre la propagande terroriste diffusée sur l’Internet. « L’objectif est de bloquer la capacité des terroristes à utiliser des sites Web et des vidéos pour recruter et endoctriner de nouveaux adeptes. Je leur ai dit que nous pouvions travailler sur cela ensemble et bloquer ces sites qui peuvent amener les membres les plus vulnérables de notre société à commettre des actes terroristes. On est arrivé à éradiquer l’essentiel de la pédo-pornographie, il faut que l’on procède de la même manière », a t-il ajouté.
Une lutte qui passe par des opérations aux frontières
Le rythme de combattants étrangers rejoignant l’État islamique et d’autres groupes extrémistes n’a pas ralenti et au moins 3 400 proviennent de pays occidentaux ; entre 20 000 à travers le monde n’hésitaient pas à souligner les responsables du renseignement américain lors des échanges avec le ministre français. Cette semaine, plus de 40 candidats au » djihad » auraient été bloqués aux frontières françaises. 400 ressortissants français se trouveraient désormais en Irak et en Syrie et 1.400 au total seraient impliqués d’une manière ou d’une autre dans des réseaux de combattants étrangers. Bernard Cazeneuve a rappelé que le gouvernement avait déjà réalisé une première démarche dans ce sens en créant un site dédié, Stop-djihadisme.gouv.fr.
Le porte-parole de You tube dans un message a précisé : « Nous passons en revue tout le contenu signalé qui va à l’ encontre de nos règles, qui interdisent des menaces spécifiques directes ou l’appel à la violence . On a retiré prés de 14 millions de vidéos violentes sen 2014 ».
Bernard Cazeneuve a invité les responsables des majors de l’Internet à Paris, en avril, pour poursuivre la conversation. Ce sommet sur la question permettrait l’élaboration d’un « code de conduite » susceptible de faciliter les canaux de communication et les relations entre les autorités françaises et les compagnies impliquées dan l’Internet. Une démarche qui est comprise en particulier par les firmes qui sont sur la sellette pour leurs impôts en France mais qui intrigue la presse américaine.