Faut-il y voir les prémices d’une nouvelle bulle dans le secteur technologique, 15 ans après celle des valeurs internet ? Difficile de l’affirmer. Toujours est-il que de plus en plus d’investisseurs de la Silicon Valley réduisent la valeur de leurs investissements dans les fameuses licornes (sociétés de moins de 10 ans valorisées un milliard de dollars ou plus).
Il y a quelques mois déjà, Bill Gurley du fonds californien Benchmark tirait la sonnette d’alarme, expliquant dans un tweet que le temps des vaches maigres était arrivé pour les startups « gorgées d’argent facile ». « Nous arrivons à la fin d’un cycle où la croissance est plus valorisée que la profitabilité », expliquait-il. » On est peut-être à un point d’inflexion. Les investisseurs sont occupés semble-t-il à se repositionner sur un business model basé sur la viabilité et sur la voie de la profitabilité. Il s’agira probablement d’un changement abrupt pour beaucoup. »
Aujourd’hui le mouvement se poursuit. On apprend ainsi que Fidelity a réduit d’environ 25% la valeur de sa participation dans Snapchat entre fin août et fin septembre. Le succès de la société sera-t-il aussi éphémère que les messages de son application ?
Pour Kathleen Smith de Renaissance Capital, la plupart des licornes n’ont pas prouvé leur viabilité. « Le vrai risque est que certaines de ces licornes n’entreront jamais en bourse », a-t-elle expliqué au Silicon Valley Business Journal.
Elle cite notamment l’exemple du spécialiste de la sécurité des terminaux mobiles Good Technology qui, après avoir été valorisé plus d’un milliard de dollars en 2014 a été cédée à BlackBerry cet automne pour 425 millions de dollars. Il est vrai qu’au cours des trois dernières années la société a accumulé pour 300 millions de dollars de pertes.
Or le destin des licornes est d’entrer en bourse. A moins de trouver un acquéreur parmi leurs pairs, les investisseurs n’ont que ce moyen de récupérer leur mise avec si possible une jolie plus-value.
Beaucoup de ces startups à la croissance fulgurante n’osent pas franchir l’étape boursière de peur d’y perdre des plumes. Les plus téméraires, qui se lancent dans l’aventure, doivent bien souvent réduire leurs ambitions. Où voient leurs actions chuter rapidement sous leur prix d’introduction.
Selon Kathleen Smith; depuis janvier 2014 le gain moyen le soir du premier jour de cotation d’une entreprise technologique américaine est de 23,6%. Mais le retour sur investissement pour ceux qui détiennent leurs actions depuis le début est de 1,8%. « Cela signifie que ceux qui ont acheté des actions après le premier jour ont perdu de l’argent », explique-t-elle, estimant cette perte à 16,2% en moyenne. Cela donne à réfléchir.
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