« La filière est bien au rendez-vous du plan France Très Haut Débit. Il a fallu quelques années pour qu’elle s’industrialise mais nous y sommes. En 2022, nous aurons collectivement atteint l’objectif de plus de 80% des locaux fibrés dans notre pays » commentait Etienne Dugas, Président d’InfraNum, fédération assurant le suivi de la filière œuvrant pour la réussite du plan France THD qui vient de présenter les résultats de l’édition 2019.
Côté construction, la filière a su accélérer puisque le cap des 4 millions de prises FTTH produites par an devrait être franchi cette année (progression de 2,6 à 4,3 millions en 2 ans).
Le spectre de la pénurie de fibre étant désormais écarté, les industriels concentrent également leurs efforts sur la montée en puissance de leurs équipes. Si 2019 doit être une année record en termes de recrutement pour tenir les engagements de déploiements (6400 nouveaux collaborateurs, soit 2,5 fois plus que l’an dernier), les prévisions sont optimistes avec des taux de remplissage dans les centres de formation encore jamais égalés.
Côté commercialisation des offres, le modèle des RIP a su créer les conditions favorables à l’exercice des opérateurs locaux, qui ont insufflé une véritable dynamique dans ces zones comparées aux zones privées. 2020 verra l’impact de l’arrivée progressive des OCEN sur l’année 2019.
Toutefois, à part sur les zones RIP, la digitalisation des PME est toujours à la peine avec seulement 16% des entreprises de moins de 50 salariés connectés à la fibre (sans progression notable au cours des années).
Quant aux collectivités, elles confirment adopter une vision de long terme dans leurs démarches de Smart territoires. Si des exemples remarquables sont déjà à l’œuvre et ont lancé les discussions de la table-ronde, InfraNum et l’Avicca insistent sur le besoin d’accompagnement, notamment sur les aspects de gouvernance de la donnée et de mutualisation des initiatives qui doivent être abordées à l’échelle minimale de l’intercommunalité.
Vigilance au-delà de 2022
« Compte-tenu des dernières signatures de RIP et dans l’hypothèse où toutes les demandes AMEL actuelles trouvent une issue favorable, le nombre de prises à connecter en THD au-delà de 2022 est estimé à 6,4 millions (dont 2,2 millions auront besoin de mix technologique – THD radio et satellite) » a estimé Pierre-Michel Attali, Vice-président d’InfraNum et dirigeant du cabinet Idate.
Parmi ces 6,4 millions de prises, au moins 3 n’ont pas encore trouvé de financement (chiffre en nette baisse puisqu’il était estimé à 6 millions l’an dernier). « Ces prises, les plus difficiles à raccorder, pourrait coûter 5,715 milliards d’euros, dont 800 millions de fonds d’Etat (soit nettement moins que les prévisions réalisées en 2017) » précise Etienne Dugas.
Sachant de surcroît que les déploiements ne s’arrêteront pas à cette date (une densification est à prévoir pour répondre aux nouvelles implantations), InfraNum et l’Avicca n’ont cessé d’appeler à une réouverture prioritaire du guichet de financement des RIP.
L’Observatoire conclut sur le rattrapage notable de la France en matière de THD. A l’horizon 2025, elle pourrait en devenir le leader européen. « L’expertise acquise doit être valorisée et servir au développement international de toute la filière pour en assurer sa pérennité et celle de ces nombreux collaborateurs » clame Etienne Dugas. Et il entend pour cela s’appuyer largement sur l’outil Comité Stratégique de Filière (CSF) et l’Etat.