Tester vite, mesurer juste et déployer large : voilà la nouvelle règle du jeu à l’ère de l’IA générative. Les géants de la tech misent désormais sur l’expérimentation produit comme arme stratégique pour mieux imposer leurs innovations. Preuve en est, OpenAI vient d’annoncer l’acquisition du pionnier de l’A/B Testing, Statsig, pour plus d’un milliard de dollars.
Dans un monde où la rapidité d’exécution et la précision des décisions technologiques sont devenues vitales, les DSI ont pris conscience que l’expérimentation produit n’est plus un luxe, mais un levier stratégique. La capacité à tester, mesurer et déployer des fonctionnalités à grande échelle conditionne la compétitivité des entreprises. C’est encore plus vrai à l’aire de l’IA générative où générer du contenu (code, texte, image, musique, etc.) est facile, mais déterminer ce qui fonctionne réellement est difficile.
Un sujet sur lequel la startup Statsig (crée par des anciens de Meta dont Vijaye Raji) s’est rapidement imposée comme pionnier avec sa plateforme de tests rigoureux qui permet d’évaluer l’efficacité des produits générés par l’IA.
Depuis quelques mois OpenAI multiplie les investissements pour transformer ses avancées de R&D en applications concrètes, fiables et adoptées par des centaines de millions d’utilisateurs. L’éditeur de ChatGPT a même créé une nouvelle division « Applications » sous la houlette de la française Fidji Simo qui n’a donc pas tardé à mettre en branle sa stratégie. Moins de deux semaines seulement après son arrivée, elle orchestre l’acquisition de Satsig par OpenAI pour la jolie somme de 1,1 milliard de dollars. Un rachat qui illustre la convergence entre intelligence artificielle et ingénierie produit de pointe. « Vijaye a un parcours remarquable dans la création de produits et systèmes B2B et grand public à grande échelle », souligne-t’elle dans un communiqué.
OpenAI insiste sur le fait que Statsig continuera à opérer de manière indépendante depuis Seattle, tout en intégrant ses équipes et son savoir-faire pour accélérer l’expérimentation au sein de ses produits phares comme ChatGPT et Codex.
Cette acquisition a du sens pour OpenAI à plusieurs niveaux. D’abord, elle internalise un outil déjà central dans ses processus de développement (OpenAI comptait dans les clients de Statsig), renforçant ainsi sa capacité à itérer rapidement et à fiabiliser ses déploiements. Ensuite, elle s’assure les services d’un leader technique reconnu, capable de piloter l’ingénierie produit à l’échelle mondiale. Enfin, elle s’inscrit dans une stratégie plus large de consolidation de l’écosystème applicatif autour de ses modèles, après des acquisitions comme Rockset ou IO.
Le montant de cette acquisition démontre s’il en était encore nécessaire que l’expérimentation produit est devenue un champ de bataille stratégique, où se croisent désormais acteurs de l’IA et spécialistes de l’analytics. Les concurrents de Statsig – tels qu’Optimizely, LaunchDarkly, Split.io ou encore Google Optimize (dans sa version entreprise) – voient certes arriver un géant de l’IA sur leur terrain, avec des moyens financiers et technologiques considérables, mais peuvent aussi se réjouir de voir revenir sur le marché de gros clients comme Atlassian, Notion, Figma, Microsoft, qui pourraient désormais abandonner Statsig au profit d’un concurrent histoire de maintenir leur distance avec OpenAI.
En définitive, cette acquisition illustre une tendance de fond : l’IA ne se contente plus de générer du contenu ou du code, elle s’attaque désormais au cœur des processus de décision produit. Pour les décideurs IT, cela signifie que la frontière entre innovation et exploitation se réduit, et que la maîtrise des outils d’expérimentation devient un facteur clé de résilience et de performance. OpenAI, en s’alliant à Statsig, ne se contente pas d’acheter une technologie : elle investit dans une capacité stratégique qui pourrait bien redéfinir la manière dont les produits numériques sont conçus, testés et adoptés à l’ère de l’IA.