Le rachat de SFR est un enjeu industriel et politique qui devrait modifier la planète mobile.

Selon l’agence Reuters, le conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de l’opérateur SFR, se réunit aujourd’hui et devrait décider de l’offre à retenir. Ce vendredi 14 Mars, les 14 membres du conseil vont devoir résoudre l’équation à multiples inconnues qu’est devenue la vente de SFR. Pour vendre sa filiale, Vivendi aura à convaincre non seulement l’autorité de la concurrence (l’ADIC) et son président Bruno Lasserre, mais aussi l’autorité de régulation, l’Arcep. Cette dernière, selon le journal Les Echos, est particulièrement « remontée ». Selon les observateurs, le directoire de l’Arcep n’aurait pas apprécié de voir certains membres du gouvernement comme Arnaud Montebourg marcher sur ses plates-bandes et même remettre en cause ses prérogatives.

Sur le site de l’Arcep, la revue de presse reprend même un article sanglant de Jean-Marc Sylvestre du site Atlantico et le met en bonne place. « Les ministres du gouvernement ont tous un avis sur la recomposition du secteur de la téléphonie mobile et, bien sûr, les avis diffèrent. Une cacophonie politique qui montre qu’une fois de plus, les hommes politiques veulent se mêler de tout pour finalement ne rien faire d’utile ».

 Au delà du milliard d’euros, les sentiments n’ont plus beaucoup de prise.

Si le Groupe Bouygues a relevé son offre à plus de 11 milliards d’euros, Numéricâble, de son coté, a contre-attaqué avec un argument de choc, l’emploi, face au gouvernement socialiste qui doit montrer des preuves de sa détermination.

Dans une interview faite au quotidien le Parisien et reprise par l’AFP, Eric Denoyer, le PDG de Numéricâble, tire à boulets rouges sur l’offre de Bouygues en affirmant qu' »au moins 3.000 emplois seront affectés » si celui-ci est choisi pour racheter la filiale télécoms de Vivendi. Le directeur de Numéricâble a d’ailleurs écrit au ministre du Redressement productif pour confirmer ses engagements sur l’emploi, le déploiement du très haut débit, de la 4G, et des prix inchangés. Le câblo-opérateur, qui n’a conquis que 81 000 abonnés en 2013, croît toujours à ses chances de racheter SFR, mais pour la plupart des observateurs, la partie serait déjà jouée.

Rien ne va plus, les jeux sont faits ?

Bouygues, qui n’est pas endetté jusqu’au cou comme Numéricâble, deviendra surement le premier opérateur mobile Français, laissant à Orange celui de premier opérateur fixe et mobile.

Free, par la voix de son PDG, Xavier Niel, après avoir vilipendé pendant des années l’opérateur Bouygues, le trouve désormais extrêmement sympathique. La firme de Martin Bouygues va en effet lui revendre une partie de ses antennes de réseau mobile, lui permettant d’obtenir l’infrastructure nécessaire et réglementaire pour valider son statut d’opérateur mobile. Free, le quatrième larron du secteur, en minant les marges de ses concurrents aura indirectement participé à la restructuration du marché des télécoms mobiles. Il reste à savoir si cette concentration profitera aux actionnaires, au gouvernement ou aux clients. A priori, cela ne fera pas l’affaire des consommateurs que nous sommes car seule la concurrence effrénée nous est favorable.