Toshiba, à la fin de l’année 2015, paraissait abandonner la fabrication de portables pour se concentrer sur des secteurs avec des marges moins étroites. Le PDG, Mavashi Muromachi, qui sortait la firme d’une extrême crise de confiance, à la suite de malversations comptables, avait voulu extraire les PC du cœur de son activité principale pour les placer dans une filiale, prête à être revendue. La firme japonaise, un des symboles de l’industrie mondiale des portables, aurait même discuté du rapprochement de ses PC avec ceux de Fujitsu et la firme VAIO (créée à partir de la division PC de Sony). « Toshiba ne souhaite pas prendre la majorité des sociétés conjointes qui seront établies pour regrouper ces activités », avait même précisé, lors d’un interview, Masashi Muromachi, fin décembre. Mais hier à Paris, William Biotteau, directeur de la division channel PC BtoB de Toshiba, a complètement renversé la vapeur. « On ne va pas s’arrêter, l’activité BtoB des portables est rentable, mais le grand public n’est plus notre objectif ». La firme a cessé effectivement ses activités TV, domotiques et PC grand public.

Une nouvelle génération et un premier « deux en un »

Selon IDC, la croissance des livraisons mondiales de 2-en-1 a été en 2015 de 86,5 % à 14,7 millions, soit juste 7 % du marché total des tablettes alors que le marché des PC classiques dégringolait de 9 %. On comprend mieux la remarque de Vincet Leroy, le chef de marché BtoB sur le nouveau produit phare la tablette Z20 (photo d’ouverture et ci-dessous). »C’est un produit stratégique, car le « deux en un » est le seul segment en croissance ».

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Au-delà d’un démenti formel de tout arrêt de fabrication, la conférence du 21 janvier avait surtout pour objectif de marquer le lancement d’une nouvelle génération d’ordinateurs qui correspond à la 6ème « nouvelle » génération de processeurs Intel Silverlake Core-I3, I5 et I7, lancée au début de cette année. L’offre de Toshiba se divise principalement en trois parties : Les Satellite Pro en entrée de gamme, les Portégé en milieu de gamme et les Tecra en haut de gamme. L’offre couvre des tailles d’écrans de 12, 13,14, 15 et 17 pouces, ce dernier format devant être à terme abandonné. Interrogé sur les formats les plus achetés, Vincent Leroy, chef de produit BtoB, précisait : « En Europe c’est le 15,6 et aux États-Unis, le 14 Pouces. Le 15,6, c’est le problème des accents, cela tient essentiellement à la simplicité procurée pour la saisie par le pavé numérique ». Du côté du stockage, on retrouve des SSD dans les capacités de 128, 256 et 512 Go qui sont protégés par un système de chiffrements automatiques. Toujours dans le domaine sécuritaire la fonction Sure Start au niveau du BIOS, permet d’éviter les virus (Toshiba serait l’un des trois éditeurs de BIOS dans le monde) et enfin un slot sur certains appareils donne la possibilité d’exploiter une carte à puce.

La sécurité un argument décisif pour les entreprises

Il faut souligner que tous les portables sont dotés d’un module de reconnaissance digitale TPM et d’une attache Kensington pour accrocher son pc au bureau. Même le tout nouveau Z20T, une tablette avec clavier dans le style des tablettes Microsoft dispose d’un système de verrouillage pour ne pas se faire voler un des deux modules. Le Protégé Z20 qui va concurrencer la surface de Microsoft et les Elite X2 de HP vise le haut de gamme (entre 1100 et 1600 euros).

le Z20T le choix de l’autonomie au dépens de la puissance

Mais ce 2 en 1 doté d’un petit écran multitouch mat full HD (1920x1380pp) de 12,5 pouces n’est malheureusement équipé que d’un processeur Core M, alors que ses concurrents sont dotés des puissants nouveaux Core I de 6eme génération. À la décharge du Z20T, il ne pèse que 720 grammes du côté tablette et est doté d’une connectique très complète (VGA, Ethernet HDMI, RJ45, USB 3.0 qui permet la recharge).

Le seul élément différenciateur sera la 4G en option et une autonomie annoncée de 18 heures (c’est tout l’atout du Core-M qui ne consommerait presque rien) selon le benchmark 2012 de Mobilemark, la tablette et le clavier disposant chacun d’une batterie, le poids total s’élevant à 1,48 kilo.

Vis-à-vis de la concurrence bien mieux dotée, on se demande ce qui peut sauver cette tablette Toshiba. La réponse de Vincent Leroy est simplement « une fiabilité à toute épreuve », un argument récurrent depuis des années. « D’ailleurs on répare et on rembourse au prix d’achat tous les portables qui sont en panne. Cela fait partie de la garantie standard 1 an enlèvement et retour sur site, mais cela s’étend aussi aux “dommages accidentels”, c’est-à-dire qu’on peut le laisser tomber, l’écran cassé sera changé. C’est remboursé. C’est contractuel.

Vous pensez bien que si l’on n’était pas absolument sûr de la fiabilité et la solidité de nos portables, on ne se lancerait pas dans ce genre de deal. On a le record du plus faible retour. » Il se situerait à moins de 1 %, mais « l’on ne peut communiquer là-dessus ».

Un autre argument ?

« On est le seul constructeur à vraiment fabriquer nos appareils dans nos usines avec nos composants selon nos dessins et à garantir un renouvellement constant de nos portables tous les 18 mois depuis 30 ans. » 

Secouée par la crise de 2015, la firme parait se développer aussi dans un autre segment encore embryonnaire, celui des Chromebook. Selon William Biotteau : « On a fait une dizaine de POC (des proof of concept), des tests dans de très grandes entreprises du CAC 40 et dans la grande distribution. L’objectif pour ces clients est d’utiliser à moindre coût la bureautique en ligne des Google Apps à la place des logiciels de Microsoft. Si cela fonctionne comme prévu, cela fera plusieurs milliers d’appareils, mais cela restera encore anecdotique par rapport au marché Windows. » 

De cette réunion, on retiendra le « contrat de confiance » qui existe depuis des années entre Toshiba et certaines firmes du CAC 40, la réparation gratuite si l’on jette son portable par terre et la montée des Chromebook, un sujet qui paraissait enterré, faute de combattants.