Réunissant 140 chefs de grandes entreprises dans les fastes de Versailles, Emmanuel Macron a lancé son initiative « Choose France » avec des annonces à la clé entre chez SAP, Google et Facebook.

« Choose France », est présenté par l’Elysées comme « le développement d’une économie de la compétence, du savoir et de l’innovation ». A cette occasion, Emmanuel Macron a réuni 140 chefs de grandes entreprises avec à la clé des annonces d’entreprises du secteur numérique au premier rang desquels SAP, Google et Facebook. Tous secteurs confondus, l’ensemble des initiatives représenterait un total de 3,5 milliards d’euros. Une bonne opération pour le président de la république. Cette opération intervient à un moment favorable où 72 % des investisseurs prévoient une évolution positive de la France contre 30 % en 2016 selon un baromètre réalisé en novembre par la Chambre de commerce américaine et le cabinet Bain.

SAP, par l’intermédiaire de son PDG de SAP Bill McDermott, a annoncé qu’il va investir 750 millions d’euros : 150 M€ en R&D par an sur 5 ans pour « accélérer la croissance de l’entreprise dans le cloud ainsi que le machine learning, la blockchain, l’Internet des objets et le SaaS ».

Parmi les autres annonces :

– L’ouverture d’un second fonds SAP.iO Foundry en Europe qui devrait offrir à plus de 50 start-ups de bénéficier de mentorat, de technologies, et de l’accès à l’écosystème dynamique de SAP,
– L’investissement du fonds SAP.iO dans des start-ups françaises aux stades de l’amorçage (Seed) ou Série A,
– Des dépenses de plus de 150 millions d’euros par an en recherche et développement au cours des cinq prochaines années,
– L’acquisition de Recast.AI, afin d’accélérer le développement des capacités de SAP Leonardo Machine Learning.

SAP estime que l’ensemble de ces annonces représentent une dépense de plus de 2 milliards d’euros au cours de cinq prochaines années. Ces annonces sont à l’image de la stratégie globale de SAP – alimentée par son système d’innovation numérique SAP Leonardo.

« Il y a un réel sentiment d’élan économique en France, a déclaré Bill McDermott, PDG de SAP, après une rencontre avec le Président de la République française Emmanuel Macron. L’adhésion audacieuse du Président Macron au monde numérique aidera la France à se hisser au rang de leader mondial de l’innovation. Nous voyons dans l’esprit d’entreprise de la France un immense potentiel pour révolutionner les business models, créer les emplois de demain et libérer les opportunités qui aident le monde à mieux fonctionner. »

Pour la première fois, les activités d’incubation et d’innovation de SAP en France incluent l’investissement dans des start-ups ayant un focus sur l’impact global, comme le développement durable ou le changement climatique, Ce nouveau focus fait sur l’impact social s’inscrit en complément des investissements stratégiques du programme SAP.iO, alignés sur les métiers et les technologies de SAP.

L’acquisition de Recast.AI permettra de développer ses capacités en traitement du langage naturel. Recast.AI fournit un environnement de développement (logiciel, technologie et applications) utilisant le langage naturel, comme par exemple les chatbots. La technologie de Recast.AI permet un traitement du langage naturel dans plus de 20 langues. SAP a pour objectif de simplifier les interactions et les processus métier complexes en utilisant des technologies d’expérience utilisateur conversationnelles. Le principe est que les applications s’adressent aux utilisateurs SAP en langage naturel. SAP a créé son assistant numérique SAP CoPilot, une application web, et une plate-forme interne pour la création d’applications conversationnelles. La société a l’intention d’utiliser cette plate-forme sur une grande partie de son portefeuille.

Recast.AI a été fondée en 2015, au sein de l’école de programmation française 42, et se trouve actuellement à l’incubateur Station F. La société a connu une croissance rapide et sert aujourd’hui de nombreux clients internationaux en France, parmi lesquels de grandes banques, des compagnies d’assurances et des entreprises technologiques. Recast.AI fournit une architecture technique riche basée sur le machine learning et possède des algorithmes propriétaires de compréhension du langage naturel. Son équipe de data scientists et d’ingénieurs hautement qualifiés renforcera le développement du machine learning chez SAP.

Google et Facebook cap sur l’IA

Google va ouvrir à son siège parisien un centre de recherche fondamentale consacré à l’IA, le troisième du géant américain du numérique après ceux de Mountain View, en Californie, et Zurich, en Suisse. Parallèlement, le nombre de salariés de Google à Paris passera de 700 à 1.000. Google, qui a déjà 120 personnes en France travaillant sur l’intelligence artificielle, a aussi annoncé ouvrir dans l’Hexagone son deuxième centre de recherche européen sur le domaine et augmenter ses effectifs

De son côté, Facebook va lancer en France deux programmes pour former au numérique 65.000 personnes d’ici à la fin de l’année prochaine et investir 10 millions d’euros dans l’intelligence artificielle. Dans le détail, le réseau social va mettre en place, en partenariat avec Pôle emploi, un programme pour former 50.000 personnes sans emploi au numérique d’ici à la fin 2019.

Facebook investit 10 millions d’euros supplémentaires et double l’équipe de Facebook AI Research Paris pour accélérer l’intelligence artificielle en France d’ici 2022. Ce centre élargi accueillera 40 doctorants au sein de Facebook AI Research (FAIR) Paris. Il financera l’acquisition de 10 serveurs de dernière génération dotés de 8 GPU, auprès d’un organisme central chargé d’en accorder l’accès à plusieurs organismes de recherche et startups. Ces 10 serveurs s’ajoutent aux 5 serveurs donnés en 2015 à des instituts de recherche français.

Après avoir choisi Paris pour y installer le hub européen de Facebook AI Research (FAIR) en 2015, Facebook annonce le triplement de son investissement en IA en France d’ici 2022, ainsi que le doublement des effectifs de chercheurs et ingénieurs à Paris. En renforçant ses équipes, en soutenant les talents et en développant la collaboration avec les institutions de recherche et les startups, Facebook souhaite contribuer activement à l’ambition de la France de devenir la figure de proue européenne de l’IA.

FAIR Paris et INRIA renforceront leur partenariat conclu dès l’ouverture de FAIR Paris en 2015. Ce partenariat recouvre de nombreuses dimensions, dont l’accueil à FAIR Paris de doctorants et post-doctorants de INRIA.

Les deux annonces faites par Google et Facebook sont certes positives mais qui sont bien modestes lorsqu’on les compare au manque à gagner des impôts sur les bénéfices que devraient payer ces entreprises pour leur activité sur le territoire français.