« Le rapprochement de Dell et d’EMC crée un géant des solutions informatiques pour les entreprises », a déclaré Michael Dell, qui sera le président-directeur général du nouveau groupe Dell –EMC. Avec 180 000 employés et un chiffre d’affaire de 80 milliards de dollars, elle devrait être aussi la première entreprise privée au monde dans ce secteur. Une situation qui intervient au moment où HP, la référence, se divise en deux pour « mieux appréhender ses différents marchés ».
Dell, qui d’un seul coup se retrouvera dans la foulée d’IBM et Cisco, a donc proposé 24,05 dollars en numéraire par action, ainsi qu’un « tracker », un titre « flottant » qui répliquera l’évolution du cours de Bourse de VMware, qui restera pour sa part une entité indépendante et cotée.
Cela n’a pas empêché l’action VMware de perdre près de 10% à 70,85 dollars » en raison des perspectives de dilution du titre« . Pour le directeur avant vente Stéphane Croix de VMware France (photo), la situation vis-à-vis de l’actionnaire principal et des clients de VMware ne changera pas. « En 2004, lorsque nous avons été racheté par EMC, on nous prédisait le pire, dans la mesure où nos clients étaient souvent des concurrents d’EMC. Mais cela a bien marché, on est toujours restés indépendants. Je pense que cela va booster l’action VMware, car à l’annonce cela nous a fait une publicité incroyable.»
Encore 60 jours pour changer d’avis
Le conseil d’administration d’EMC, en approuvant l’accord de fusion, a précisé qu’il recommanderait aux actionnaires du groupe de valider l’opération pour lesquels 60 jours sont encore donnés pour trouver une meilleure offre. Seuls Cisco, Hitachi, Lenovo ou Huawei pourraient proposer une meilleure somme, mais cela parait fort improbable.
Michael Dell s’est associé à MSD Partners et Silverlake Lead Transaction pour finalement proposer une valeur supérieure à la cotation actuelle d’EMC. Outre l’émission de « trackers », l’opération sera aussi financée grâce aux fonds souverains du Singapourien Temasek, ainsi que par de la trésorerie disponible chez Dell et EMC.
Alors que le titre cotait 27,72 dollars lundi en fin de matinée, chaque action devrait être rachetée au moyen de 24,05 $ en cash complétés par le fameux tracker, un supplément sous la forme de titres indexés sur la participation d’EMC au sein de VMware, sa filiale à 80 %. Cela porterait le prix d’achat à 33,15 dollars par action, soit une prime de 19% comparé au cours de clôture vendredi du titre EMC. Le fonds spéculatif Elliott Management, qui possède 2,2% du capital d’EMC et qui réclamait une scission de la société faisait depuis longtemps campagne pour booster l’action et forcer à des changements de cap chez EMC. Alors que le modèle ‘fédéré’ décrié par Elliott car il lie des actions entre elles va rester en place avec l’accord Dell, il est clair que ce sont, pour les actionnaires, les réclamations de Elliott qui ont été motrices pour la fusion.
« Après des années d’un quasi-statu quo, avec une stratégie archaïque (80% de la propriété de VMware) et le relâchement des perspectives de croissance, c’est avec un véritable soulagement que le Conseil d’administration d’EMC a suivi les conseils d’Elliott » relatait un communiqué louant la perspicacité de Michael Dell et des fonds Silver Lake pour reconnaître la « valeur non réalisée » d’EMC.
Lors de la scission eBay-PayPal, c’est le fond de Carl Icahn qui avait fait office de catalyseur. Les fonds « agressifs » devraient se sentir pousser des ailes après cette opération.