A l’ouverture de Dell World, à Austin, hier matin,  Michael Dell est revenu sur sa décision d’il y a deux ans de rendre sa société privée. Selon lui, cette privatisation a permis à l’entreprise de prendre un engagement sur le long terme, avec une stratégie plus tournée vers l’avenir. Cette situation serait bien différente de celle d’une entreprise cotée en bourse. Rappelons que Michael Dell avait pu prendre le contrôle, à l’arraché, de sa propre entreprise en 2013, avec l’aide du fond Silverlake Partners. Cette opération avait eut lieu en réaction à une tentative de l’investisseur « activiste » Carl Icahn et ses alliés qui avaient même essayé de l’évincer précedemment. A l’occasion d’une réunion informelle, nous avons pu poser quelques questions, et émettre des commentaires, à Anwar Dahab, ( photo ci-dessous) le nouveau directeur général et vice-président de la filiale française de Dell. Il vient de succéder à Emmanuel Mouquet, devenu pour sa part directeur des comptes internationaux de Dell en Asie.

InformatiqueNews : « La manière dont votre firme va prendre la main sur EMC paraît un peu mystérieuse avec surtout la sortie de Bourse d’EMC qui sera la plus grande privatisation jamais réalisée. On se demande comment la firme va pouvoir financer un emprunt de 67 milliards de dollars .»

dell Anwar Dahab : « Le financement repose sur des emprunts à des taux exceptionnellement bas, la période étant très favorable, et le remboursement de cette dette et ses intérêts s’effectuera par la marge effectuée sur les ventes. Celle-ci s’avère dans notre cas supérieure en tant que société privée que publique. »

InformatiqueNews : « Comment la marge peut elle être supérieure dans une société privée ? »

Anwar Dahab : « D’une part, la firme n’a plus à rétribuer tous ses actionnaires, Michael ne souhaitant pas se rémunérer, mais en plus, le système de taxation est bien moins élevé. On avait déjà détaillé cela il y a deux ans lorsque HP avait déclaré que notre sortie de la bourse correspondrait à un arrêt pur et simple de notre R& D. On a démontré aux marchés financiers qu’au contraire, dans notre cas particulier, car on a un actionnaire important, Michael Dell lui-même, qui ne cherche pas à obtenir des dividendes, notre financement est plus simple et nous autorise une plus grande liberté de manœuvre. C’est d’ailleurs le bon fonctionnement de ce système qui a fait ses preuves depuis deux ans qui a permis de convaincre les investisseurs et nous ouvrir de nouvelles perspectives avec EMC. »

InformatiqueNews  : « Cela peut être perçu comme une condamnation du système boursier. On a d’ailleurs l’impression que Michael Dell est plus rayonnant maintenant qu’il y a cinq ans. »

Anwar Dahab : « Il est plus enthousiaste que jamais. Mais du côté financier, on ne veut pas du tout remettre au cause le système boursier, il est très utile pour faire croître de nouvelles firmes. On peut regretter, cependant, que les cotations soient souvent totalement décorrélées des revenus réels. C’est cela qui est perturbant. Lorsqu’on voit la cotation extraordinaire de certaines firmes, par exemple, dans les réseaux sociaux, on ne peut que se poser des questions. Michael, avant la privatisation, passait une partie de sa vie avec les analystes financiers et avec les actionnaires, désormais, il consacre tout ce temps à ses clients et partenaires et c’est ce qui lui plait le plus et cela se voit. Il aurait pu se désengager, mais il a préféré s’investir totalement. »

Pour Michael Dell, l’acquisition prochaine d’EMC tient au fait que Dell est devenue depuis deux ans une société privée. « La petite société que j’ai crée il y a 28 ans, à quelques blocs d’ici, est devenue le plus grande start-up du monde » et en plaisantant, il a ajouté « si l’on pouvait rendre EMC privé, alors qu’est ce que cela deviendrait ? ».

« Go Big ou Go Home » à t-il conclu lors de l’ouverture soulignant que seule la prise de risques permettait de faire évoluer les firmes.