Quand on parle de « prédiction de l’avenir », beaucoup pensent souvent à la voyante penchée sur sa boule de cristal. Mais dans le monde visionnaire implique d’autres exigences qui reposent sur trois dynamiques particulières. De leur adoption dépend le succès des entreprises.

Besoin de rapidité (et de pertinence)

Être visionnaire aujourd’hui, c’est être davantage rapide pour concrétiser des idées plus audacieuses et plus nombreuses. Au rythme actuel des changements technologiques, une bonne idée, à la fois originale et innovante, ne le reste jamais très longtemps. L’élément de surprise n’est plus le même qu’auparavant, de sorte que la rapidité d’exécution est devenue un différenciateur majeur. Chaque entreprise doit se préparer, non seulement à s’adapter promptement, mais également à se transformer pour rester dans la course. Souvenez-vous de Nokia, Blackberry ou encore Yahoo!, trois dinosaures qui encore récemment occupaient le devant de la scène. Ils n’ont tout simplement pas su capter les tendances et les changements. Le monde a évolué, mais sans eux.

Dans le domaine de la tech, être visionnaire, c’est savoir trouver l’équilibre entre planifier à court et long terme, et agir dans le présent. Il faut une bonne dose de confiance et de détermination, mais également être prêt à subir des échecs.

La mise au point de multiples « échecs contrôlés » – des tests qui justifient l’orientation et, en fonction des résultats enregistrés, permettent de redresser rapidement le tir – peut faire toute la différence. Nous vivons dans un monde capricieux et n’avons guère de pitié envers les visions novatrices qui tardent à prendre forme. Les consommateurs sont sévères à l’égard de ces arlésiennes informatiques appelées « vapourware », comme la suite bureautique Ovation ou la console de jeux Phantom. Il est impératif de travailler d’arrache-pied pour créer les outils et les processus qui viennent valider une orientation, pour ensuite venir l’intégrer dans un modèle métier blindé. Plusieurs tentatives seront bien sûr nécessaires pour développer la prochaine application à succès. Il ne faut pas craindre d’explorer plusieurs voies.

Une vision d’ensemble

Aujourd’hui, les opportunités et menaces viennent de toutes parts. Une entreprise à laquelle vous ne prêtiez aucune attention pourrait bientôt être au coude à coude avec la vôtre. Votre voisin est peut-être en train de développer le prochain Uber ou le nouvel iPhone dans son garage. Malheureusement, la « rupture » n’est pas un projet qui se mène de front, et c’est pourquoi il est essentiel de prendre du recul et d’évaluer la situation dans son ensemble.

Cette démarche requiert une vision dite « adaptative », c’est-à-dire suffisamment flexible pour évoluer en fonction du contexte et des dernières tendances de consommation des technologies. La peur du changement et l’écart entre une vision et la réalité du moment ont un seul et même résultat : l’échec.

Une vision adaptative doit s’appuyer sur la culture de la collaboration et l’agilité de l’entreprise ; le rôle d’un visionnaire est de montrer la voie. L’avenir appartient aux entreprises agiles qui travaillent en équipe. Dans la réalité, cette approche correspond à la volonté et à la capacité de votre entreprise à décloisonner et à nourrir une culture collaborative en s’alignant sur un unique objectif, le client.

Dans le cadre de ce processus, tirer pleinement parti de vos compétences — et pas uniquement du savoir-faire associé aux technologies — peut non seulement susciter de nouvelles idées, mais également jouer un rôle différenciateur qui vous aidera à vous élever au-dessus de la mêlée. Rappelez-vous de la place qu’a occupée la passion de Steve Jobs pour l’art et le design dans la conception des produits d’Apple. De même, s’appuyer sur des partenaires et des tiers comme moteur de l’innovation donnera naissance à un écosystème dynamique qui se distinguera par un rayon d’actions étendu, des idées nouvelles, un retour d’information grandeur nature immédiat et la possibilité d’apporter des modifications au fur et à mesure.

Un mouvement vers le haut

Les grandes heures du one man show – une époque marquée par d’étonnantes visions exécutées « du haut vers le bas » par de charismatiques leaders, semblent bel et bien révolues. Pourtant, alors que le monde de de la tech est très dense et que la concurrence y fait rage, des personnalités d’exception continuent d’éclore et des innovateurs en série de façonner l’industrie. Elon Musk, par exemple, mène de front plusieurs projets révolutionnaires, des systèmes de paiement aux transports publics. Les visionnaires ont encore un rôle important à jouer, mais ils doivent s’entourer des meilleurs talents.

Un modèle pyramidal de type bottom-up, au sein duquel les employés et l’écosystème piloteront la vision, va prendre le relais. Ce qui, en fin de compte, signifie que l’innovation aura lieu autour du processus, au-delà du rôle de chacun, telle la boule de cristal prédisant l’avenir du marché. Il importe en outre d’insuffler un état d’esprit différent parmi les effectifs. Qu’elle compte 5 ou 500 personnes, votre équipe reste votre équipe, et elle doit être préparée et motivée pour s’ouvrir davantage et être prête à évoluer.

Le paysage technologique ne cessera jamais de nous surprendre et de nous tenir en alerte. Un visionnaire high-tech ne doit pas craindre les nuits blanches. Mais c’est précisément la remise en question, l’inspiration et la soif de découverte permanentes qui font avancer le monde de la technologie. À vous de jouer !

 

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Vassil Terziev est Chief Innovation Officer chez Progress