Au-delà du spectaculaire Tianhe-2 qui détient la première place du Top500, la Chine place 76 machines du classement des 500 supercalculateurs les plus performants de la planète.

Pour la troisième fois consécutive, le Tianhe-2, supercalculateur développé par la National University of Defense Technology, détient la première place du Top500 avec près de 34 Pflops deux fois plus puissant que le Titan, la machine du DOE/SC/Oak Ridge National Laboratory, et représentant plus de 12 % de la puissance totale cumulé du classement. Dans ce classement de juin 2014, la Chine détient 76 machines dans le Top500, soit plus que l’Angleterre (30), la France (27) et l’Allemagne (23) réunies. Le Japon qui a longtemps été un solide second est désormais loin de son rival asiatique. Il y a seulement 10 ans, la Chine n’avait que 14 systèmes et l’ordinateur chinois le plus puissant de l’époque n’était qu’à la dixième place. En pourcentage de la puissance cumulée, la Chine est passée du néant en 1993 à 19 % en 2014.

Inversement les Etats-Unis ont perdu leur avantage comparatif. En 1993, les Etats-Unis représentaient 62 % de la puissance globale. Lors de ce dernier classement, ils n’en représentent plus que 45 %.

Le TOP est réalisé 2 fois par an depuis 1993 par les trois chercheurs des universités de Leipzig, Berkeley et Knoxville à partir du même benchmark[1], ce qui permet d’établir des comparaisons depuis le premier classement.

Les auteurs du classement notent un certain ralentissement de la progression des performances des super-ordinateurs. La puissance cumulée du Top500 a atteint 274 PFlops contre 233 un an plus tôt, soit une progression de 18 %. On était habitué à des taux significativement supérieurs.

Malgré ce ralentissement, l’évolution de la puissance des super-ordinateurs depuis 20 est spectaculaire. La puissance cumulée du Top500 a été multipliée par un facteur 244 000. Cette évolution s’est faite différemment en fonction de la position dans ce classement. La puissance des supercalculateurs du haut du tableau a progressé encore de manière plus rapide. Celle du premier du tableau a été multipliée par un facteur 567 000, c’est-à-dire plus de deux fois plus rapidement.

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En nombre de systèmes, c’est HP qui est en première position (182 sur 500) devant IBM (176) et Cray qui maintient sa troisième place (51). En 1993, Cray Research était numéro 1 avec 41 % des systèmes. Dix ans plus tard, Il avait complètement disparu des écrans radars avec seulement 3 % des systèmes. Aujourd’hui, Cray sous l’appellation Cray Inc a réussi à revenir sur ce difficile marché pour être un sérieux outsider. Bull tire son épingle du jeu et se situe à la 5e place devant Dell qui ne semble plus trop s’intéresser à ce marché avec 17 systèmes et 2,6 % de la puissance installée. Le constructeur national vient d’installer un supercalculateur au CINES, le Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur, l’un des trois centres nationaux de calcul (Bull installe un supercalculateur au CINES). Avec ses 2,1 Pflop/s, ce système se situerait aux alentours de la 17e place du Top500.

Côté microprocesseur, Intel est le grand gagnant et dispose aujourd’hui d’un quasi monopole en étant présent dans plus de 85 % des systèmes. Les microprocesseurs multi-cœurs sont devenus la norme et plus de 96 % des systèmes du Top500 utilisent des puces dotées de 6 cœurs ou plus. IBM qui nourrissait d’importants espoirs pour ses microprocesseurs Power doit se contenter de la portion congrue en étant présent sur seulement 8 % des machines du classement. Ils sont même largement minoritaires au sein des machines estampillées Big Blue (40 sur 176). A l’heure où IBM réfléchit à la vente de l’activité de fabrication des composants Power, on peut s’interroger sur la pérennité de cette filière. Autre tendance à signaler, l’utilisation plus importante de technologies d’accélération grâce à l’adjonction d’un coprocesseur. Sur les 62 supercalculateurs qui sont dans ce cas, c’est NVIDIA qui vient en tête (44), devant Intel avec son Xeon Phi et ATI Radeon (2).

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[1] Le Linpack est un programme écrit en Fortran