La quatrième révolution industrielle révolutionne de plein fouet les entreprises. Apparu en 2011, le terme Industrie 4.0 s’ajoute à la longue liste des nouvelles évolutions technologiques dans lesquelles elles s’engagent. Elles espèrent ainsi optimiser leur productivité et leur chiffre d’affaires, sans savoir nécessairement comment apprivoiser ces évolutions. En voulant suivre pleinement cette révolution industrielle, elles en oublient souvent l’essentiel : savoir pourquoi elles ont besoin de l’industrie 4.0.
Diagnostiquer le retour sur investissements pour mesurer les besoins réels d’une entreprise
L’introduction de nouvelles technologies doit être faite avec beaucoup de lucidité. Avant d’investir des sommes conséquentes dans la digitalisation, l’entreprise doit s’assurer qu’elle lui apportera de véritables bénéfices commerciaux. Le frein majeur à l’implantation d’une nouvelle technologie réside dans le manque de formation des intervenants, notamment à l’industrie 4.0 qui transforme un business model déjà établi sur d’autres bases. Quelle partie de ces technologies vont influencer positivement le retour sur investissements ?
En prenant l’exemple de la production pétrolière, il suffit de calculer la durée d’exploitation d’un gisement de pétrole ainsi que son rendement sur une période de temps définie. Ces éléments vont définir les décisions stratégiques à prendre. Il n’y aurait donc, aucune logique à investir dans la création d’un nouveau puits, sans viser préalablement à améliorer la production existante. Ainsi, une bonne pratique consisterait plutôt à mettre en place une mise à niveau des puits de pétrole et de gaz existants, une surveillance à distance et l’acquisition de données en temps réel. Cela fournit à la fois plus de valeur à l’entreprise et soutient les processus décisionnels. Pour implémenter correctement le concept d’industrie 4.0 dans une entreprise, il faut analyser les besoins actuels, revoir les analyses antérieures, et déterminer étape par étape, les domaines à fort potentiel d’amélioration. Les entreprises ne doivent pas investir dans des technologies de l’industrie 4.0 avec comme seule motivation de vouloir bien faire.
De l’analyse à la formation, pour une implémentation couronnée de succès
Pour savoir si une entreprise doit se lancer dans l’industrie 4.0, la première étape consiste à procéder à une évaluation. L’Académie allemande des sciences et de technologies (acatech) a d’ailleurs mis en place un indice de maturité concernant l’Industrie 4.0[1]. Il s’agit d’un standard solide pour servir aux entreprises du monde entier. Il repose sur une approche systématique à appliquer en 6 étapes qui permettent de guider les entreprises dans leur adoption de l’industrie 4.0. Des exemples de bonnes pratiques sont proposés sur chaque aspect. Ces conseils en meilleures pratiques couvrent les domaines de l’informatisation à la connectivité, en passant par les capacités prédictives et l’adaptabilité de chaque entreprise.
Ce référentiel aide à mesurer la maturité d’une entreprise face à l’industrie 4.0, et à définir les périmètres où elle sera la plus utile. L’étape suivante, et clé dans toute démarche, consiste à fouiller dans l’écosystème de l’organisation pour trouver le sujet prioritaire qui rapportera le meilleur retour sur investissements.
Par ailleurs, une partie souvent négligée dans l’adoption de l’industrie 4.0 ou toute autre nouvelle technologie, concerne la formation des salariés. Ces derniers ont besoin d’être accompagnés pour intégrer la valeur ajoutée de ces technologies dans leur travail. Certaines tâches sont amenées à être automatisées, comme certaines décisions qui étaient avant effectuées par l’Homme. Les salariés devront alors apprendre à faire confiance à l’automatisation.
L’adoption de l’industrie 4.0 ne doit jamais être précipitée. Il est important d’analyser tous les aspects impactés avant de se jeter tête baissée dans une implémentation impulsive sans en prévoir la rentabilité. Les entreprises doivent aussi se positionner correctement face à leurs besoins et être capables d’intégrer leurs employés dans le processus d’exécution. La réussite d’une conversion vers l’industrie 4.0 repose avant tout sur la méthode, à défaut de quoi, elle pourrait devenir une perte de temps.
[1] Etude mise en place en partenariat avec l’Université technique de Rhénanie-Westphalie à Aix-la-Chapelle en Allemagne
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Sudip Singh est Senior Vice President & Global Head – Engineering Services chez Infosys