Trois jours que cela dure en Californie. Qui va racheter les Clippers, l’équipe vedette de basket Ball de Los Angeles ? Deux kings du Soft sont sur le ring pour s’en emparer.

Après la coupe de l’America, le championnat de basket US, la fameuse NBA, Larry Ellison, le PDG d’Oracle, cherche de nouveaux challenges et l’équipe des « Los Angeles Clippers « est devenue depuis dimanche un enjeu majeur pour le milliardaire américain, cinquième fortune mondiale avec 48 milliards de dollars en poche. Depuis ce week-end, c’est un véritable bombardement d’infos sur le sujet, sur toutes les chaines sportives et mêmes boursières.  Impossible d’y échapper, journaux, radios, tout le monde en parle, on n’en sort plus. Donald Sterling, l’actuel propriétaire des Clippers est au centre d’un scandale qui a pris des proportions inimaginables. Au pays d’Obama, premier président noir, ses propos racistes sur les afro américains ont déclenché une véritable hystérie collective, et toutes les vedettes américaines se sont succédé sans relâches pour dénoncer les propos infamants et l’attitude scandaleuse de Sterling. Celui-ci avait été enregistré « à l’insu de son plein gré » dans une réunion publique assez arrosée. Il recommandait à sa jeune maitresse, d’une manière assez vulgaire, de « surtout ne pas se faire prendre en photo avec ses petits amis afro-américains« .

La punition sans précédent du commissaire principal de la NBA est tombée mardi, elle sera sans appel. Sterling est banni à jamais du championnat NBA, un championnat suivi par plus de 200 millions d’américains. Sterling doit payer  une amende 2,5 millions de dollars et promettre de vendre les Clippers. C’est là qu’intervient Larry Ellison, président d’Oracle.

Larry en pole Position
Passionné de basket, il est prêt à s’engager dans les Clippers avec son ami David Geffen, un producteur vedette de musique et Oprah Winfrey, la star de la télévision américaine depuis plus de 20 ans. Elle n’a pas hésité à dire que « participer au rachat de cette  « franchise » serait un très bonne chose pour la communauté noire américaine ». Ce n’est pas la première fois qu’Ellison et Geffen, deux  multimilliardaires, amateurs de basket, tentent de s’infiltrer dans le championnat vedette de NBA. En 2010, les deux compères avaient déjà envisagé d’acheter les Lakers de Los Angeles.

L’affaire est loin d’être conclue car la décision nécessite le vote de trois quarts des propriétaires de clubs de NBA pour forcer Sterling à quitter la NBA. D’un point de vue juridique, l’entreprise des Clippers se présente comme une société assez classique avec un conseil d’administration et des actionnaires décisionnaires. Toutes les questions juridiques et fiscales sont donc loin d’être résolues, même si l’organisation de NBA est décisionnaire. Donald Sterling a d’ailleurs précisé que le club n’était pas à vendre. Mais vu le tollé général, on voit mal comment le conseil d’administration pourrait reculer devant la tentation de réinjecter quelques centaines millions de dollars dans son portefeuille tout en se débarrassant d’un épouvantail raciste, alors que l’équipe est à 90% composée d’afro-américains. L’équipe des Clippers est évaluée à environ 600 millions de dollars mais le journal Forbes estime que les enchères pourraient monter à plus d’un milliard de dollars. Pour Donald Sterling qui avait investit 12,5 millions de dollars en 1981 dans ce club, le chèque représenterait une bonne consolation avec une somme à priori largement au dessus de sa mise de départ et de l’inflation depuis les années 80.alg-resize-larry-ellison-jpg

Il n’y aura pas  en tout cas pas de pénurie de candidats si la NBA et  Donald Sterling arrivent à se mettre d’accord. Au-delà d’Ellison, c’est un club de milliardaires de Seattle qui commence à ruer dans les brancards. Parmi eux, Steve Balmer dont on n’avait plus entendu parler depuis deux mois, lors de son départ à la retraite. Le challenge avec son principal ancien concurrent sur les bases de données a l’air de bien l’amuser. Parmi les autres candidats  qui se bousculent au portillon d’une nouvelle notoriété, on retiendra l’ex joueur vedette Magic Johnson avec les investisseurs Guggenheim, l’acteur Billy Joel, le boxeur De la Hoya et l’ex-patron et fondateur de Broadcom Henry Samuelli. Autres vedettes en pistes : Rick Caruso, le promoteur et  investisseur dans les biotechnologies, l’acteur Matt Damon, le producteur de musique Sean Combs, le promoteur immobilier Patrick Soon- Shiong qui possède déjà 4% des Clippers.

Le trio de Los Angeles mené par Ellison tient largement la corde.

En se référant à Ellison, David Geffen a déclaré sur NBC :  » Larry préférerait mieux mourir que de manquer cette opportunité. Moi aussi. Nous en avons parlé pendant une longue soirée. A nous trois, avec OPrah nous avons un bon coup à jouer et on a la meilleure équipe « . La firme d’Ellison avait déjà signé un contrat de 10 ans en 2006 avec le club des Golden State Warriors à Oakland pour que le nom du stade porte son nom, Oracle. Ellison avait essayé sans succès d’acheter les Warriors en 2010 et les Hornets de la Nouvelle-Orléans en 2011. De plus, il s’était fait doubler par Vivek Ranadive, l’ancien PDG de Tibco Software, pour le rachat des Sacramento Kings, une frustration de plus face à un partenaire de longue date. De son coté David Geffen aurait déjà proposé, seul, 700 millions de dollars pour racheter les Clippers en 2011. Comme on le dit souvent dans la Valley,  là où il y a de la frustration il a toujours un business potentiel. Sexe, violence verbale, argent, milliardaires et basket ont fait d’une seule misérable phrase, un cocktail détonnant. Selon pas mal d’observateurs, il devrait sombrer dans une bataille d’avocats sans fin. Même les milliardaires ne font pas toujours ce qu’ils veulent.