Pour se différencier, les différents fournisseurs de datacenters argumentent pour la plupart autour de la sécurité, mais derrière les cages qui protègent les serveurs les modes de fonctionnement diffèrent parfois totalement. Certains ne font que de l’hébergement sans fournir de serveurs ni d’applications mais d’autres comme OBS fournissent tout, de l’électricité aux logiciels. Mais ce qui fonctionne le mieux, du point de vue investissements, c’est la complète séparation entre l’infrastructure immobilière avec les fournitures de services informatiques de base, logiciel et hardware. C’est ainsi qu’Equinix travaille en parfaite harmonie avec IBM-Softlayer ou que Digital Realty supporte Rackspace ou Amazon Web service. L’intérêt pour les fournisseurs « immobiliers » de plate-forme est de bénéficier de la législation de REIT (FCPI en France) qui réduit les impôts au maximum dans leurs pays d’origine, une force des investisseurs US depuis les années 60 car elle attire un nombre d’investisseurs important.

Sécurité d’accès, sources d’électricité redondantes et refroidissements exemplaires sont les 3 arguments

Pour ne pas se présenter comme de simples loueurs immobiliers les fournisseurs de datacenter mettent en avant la disponibilité de leurs services. Au niveau le plus simple, il s’agit de proposer des espaces de collocations sécurisés, d’une alimentation électrique régulée et des systèmes de refroidissement adaptés.

Les normes requises pour les centres de données existent aux USA comme la nom Ansi TIAA-942 qui sous-tend quatre niveaux de qualité. Le plus simple est un centre de données Tier 1, qui est essentiellement une salle de serveur, qui suit les instructions minimales pour l’installation de systèmes informatiques. Le niveau le plus rigoureux est un centre de données  dit Tier 4, qui sera conçu pour accueillir des systèmes informatiques dits de « mission critique », avec des sous-systèmes entièrement redondants et des zones de sécurité compartimentées . dacen_indonetLes contrôles d’accès utiliseront des méthodes biométriques. Chez les allemands, la normalisation comporte même cinq niveaux. Le plus complexe est la mise en place du centre de données dans un contexte souterrain. D’autres paramètres sont pris en compte pour la sécurité des données ainsi et les considérations d’environnement telles que les exigences de refroidissements.

Contrairement aux grands fournisseurs de réseau, qui ont construit des centres de données principalement pour favoriser leur vente de bande passante de vente. Les datacenters de firmes dites neutres comme Equinix ou Digital Realty regroupent plusieurs réseaux dans des endroits centralisés, là où l’électricité n’est pas chère. En Seine Saint-Denis, on dénombre près de 140 fermes de données qui représenteraient 80 % du chiffre d’affaire du secteur selon une étude récente de l’institut d’urbanisme de l’Ile de France. Tous veulent offrir une diversité supérieure, une plus grande bande passante. Les centres de données de manière générale fournissent un choix limité d’opérateurs et ciblent des gammes de « services  managés » à des tarifs assez élevés. Pour des fournisseurs comme Equinix et Digital Realty,  la centralisation extrême permet aux clients de négocier aux tarifs les plus intéressants.

L’exemple de Digital Realty

Installé en France à la Plaine Saint-Denis, l’américain Digital Realty occupe prés  de 20 000 mètres carrés. Dans le monde, la firme est répartie sur plus de 131 sites et gère de nombreux sites pour le compte d’Amazon Web Services, Microsoft Azure, VMware. C’est un des spécialistes mondiaux de la colocation. Interrogé durant la conférence Datacloud 2015, Mohamed El Barkani, l’ingénieur commercial rattaché au centre de Saint Denis, nous expliquait le choix des multiples opérateurs et la proximité des nœuds d’échange Internet.

« Chez nous, changer d’opérateurs n’est pas un souci, on propose même des raccordements à plusieurs sources afin de garantir une continuité de service maximale. Lorsque vous êtes à Val de Rueil (le centre de données d’Orange) le choix est limité ». Bien que la firme ne prétende pas atteindre le niveau Tier 4, elle serait parvenue au taux record de disponibilité de 99,999% (« les cinq 9 ») au cours des 7 dernières années, pour ses opérations de data center. Pour y parvenir la firme  précise qu’elle utilise des systèmes pleinement redondants et les meilleurs onduleurs de l’industrie. Tous les dispositifs de commutation et autres équipements électriques sont soutenus par des générateurs redondants. Les systèmes de refroidissement sont équipés d’éléments pleinement redondants de manière à garantir des disponibilités en air filtré maximales, afin de respecter les spécifications de température et d’humidité.

Interrogé sur le rachat de Telecity par Equinix, le directeur des opérations Robert Bath, lors du salon Datacloud à Monaco, n’a pas voulu commenter les opérations de fusions-acquisitions, étant sur le grill, la firme ayant elle-même prévu, selon la presse boursière anglaise, un budget d’investissement de 450 à 800 millions de dollars. Les annonces de rachats de datacenters ou de firmes qui les possèdent ne devraient pas s’arrêter.