L’adoption des conteneurs progresse mais « tant que leur utilisation reste l’apanage d’individus ou de petites équipes, les entreprises peinent à concrétiser les nombreux avantages potentiels de cette technologie. » C’est ce que révèle une étude publiée par Forrester Consulting en avril 2015 (Thought Leadership Paper, Maximize Container Benefits With A Top- Down Approach) et commandée par Red Hat, réalisée auprès des décideurs IT d’entreprises utilisatrices ou qui envisagent d’utiliser des conteneurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Inde et en Chine. Certains des résultats de cette étude ont de quoi nous interpeller :

82% des répondants ont constaté une fréquence accrue des nouvelles versions d’applications et 72% considèrent que la plus grande rapidité de développement et de déploiement des apps est importante (voire critique) pour la conduite de leurs opérations actuelles et futures. Ce n’est pas très difficile à comprendre étant donné que nous attendons tous de pouvoir nous connecter et interagir, via des apps web et mobiles, avec des start-ups spécialisées, mais aussi avec les banques, les compagnies aériennes, les pharmacies, jusqu’à l’épicerie du coin. Or il se trouve que les conteneurs, de même que les nouvelles architectures applicatives (par exemple les micro-services) et pratiques de développement (comme DevOps) sont une aide importante en ce sens par le déploiement accéléré d’applications.

La qualité supérieure des versions, l’évolutivité accrue des applications et la plus grande simplicité d’administration sont les trois arguments principaux en faveur de l’adoption des conteneurs. Forrester souligne que : « le fait que les mêmes avantages reçoivent autant de suffrages témoigne du succès des conteneurs auprès d’entreprises ayant des objectifs différents. »

A titre de comparaison, l’adoption des machines virtuelles s’expliquait surtout au départ par la promesse de meilleures conditions d’utilisation et donc d’économies financières. Les conteneurs arrivent eux dans un contexte marqué par la recherche d’infrastructures informatiques plus flexibles et agiles, et de moyens de déployer plus rapidement de nouveaux services en interne et à l’attention des clients.

Forrester a également pu constater que les conteneurs servent à une multitude de workloads. C’est le cas des toutes nouvelles applications Cloud, mobiles et sociales, dont on trouve légitime qu’elles soient programmées et conçues pour un environnement scale-out. Mais ce sont surtout les applications liées aux données qui dominent, avec 77% des répondants qui affirment qu’ils ont utilisé ou qu’ils utiliseraient volontiers des conteneurs pour cette workload. C’est probablement une indication du grand nombre de nouvelles workloads, dans le segment de l’Internet des objets par exemple, qui sont centrées sur la collecte de données, la recherche de réponses et l’analyse. Un même pourcentage de professionnels interrogés (62%) pense utiliser des conteneurs pour leurs applications d’archivage (systèmes de back-office typiques) et pour les applications de relation client et d’engagement.

« Les entreprises qui veulent exploiter pleinement le potentiel des conteneurs vont devoir les envisager dans le cadre d’une stratégie plus large d’administration des applications et de l’infrastructure », explique Forrester Consulting. La sécurité en est une des raisons. En effet, elle figure dans le top trois des préoccupations de 58% des répondants dans une configuration où les conteneurs sont utilisés isolément ; et de 47% des répondants (une part toujours importante) quand les conteneurs sont utilisés conjointement avec des outils Docker et d’administration des clusters/de la configuration. Forrester Consulting ajoute que « plus les utilisateurs de conteneurs seront nombreux, plus ils devront s’intéresser aux conditions de certification des conteneurs, aux signatures numériques par exemple. » C’est un moyen d’identifier le créateur du conteneur, de vérifier ce qu’il contient et donc de réduire les risques.

Il existe une forte corrélation entre l’utilisation d’outils de clustering et d’administration de plus haut niveau et la culture, le processus et les outils DevOps, qui visent à accroître la valeur ajoutée et la réactivité par la distribution plus rapide de services informatiques de meilleure qualité. Même si Forrester Consulting fait remarquer que DevOps n’est encore qu’une pratique naissante, il est dit que « les organisations équipées d’outils de gestion des clusters et des configurations sont en bonne voie pour faire tomber les silos du cycle de vie du développement de logiciels. » Près de trois fois plus (42% contre 15%) d’organisations utilisant ces outils se déclarent alignées sur les pratiques DevOps par rapport à celles qui utilisent les conteneurs seuls.

Ce qui surprend peut-être le plus dans cette étude, c’est la position centrale que les conteneurs sont en passe d’acquérir en si peu de temps. Pour les organisations qui les adoptent, c’est l’occasion d’accroître la qualité et la rapidité de livraison des logiciels. Ces organisations ne vont alors plus pouvoir traiter les conteneurs comme une aide informelle réservée à un ou plusieurs groupes isolés. Pour en tirer pleinement profit, elles vont devoir en formaliser l’utilisation, l’administration et la sécurité.

 

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Gordon Haff est expert en stratégies Cloud de Red Hat