La pression des volumes d’images et de vidéos fait évoluer le DAM au-delà du stockage. Avec l’IA agentique, il devient une plateforme active capable d’orchestrer ingestion, métadonnées, droits et conformité, sous supervision humaine. Dit autrement, un DAM qui ne fait “que” stocker, c’est terminé. Des agents IA désormais renomment, taguent, recadrent, vérifient les droits et poussent les bons visuels au bon endroit instantanément et selon vos règles.
Pendant longtemps, les plateformes DAM (Digital Asset Management) ont été perçues comme des outils de structuration et de stockage. Elles organisaient, centralisaient, diffusaient : un rôle essentiel mais majoritairement passif. Or, le marché connaît aujourd’hui une transformation majeure que Gartner identifie dans son analyse du marché : l’arrivée de l’IA agentique, qui fait passer le DAM d’un référentiel documentaire à une plateforme active, capable d’exécuter des tâches, de prendre des décisions contextualisées et d’opérer de manière autonome au sein de l’écosystème digital d’une entreprise.
Les entreprises produisent aujourd’hui des volumes d’images, de vidéos et de déclinaisons visuelles qu’aucune équipe ne peut gérer manuellement. Le DAM joue déjà le rôle de colonne vertébrale créative et opérationnelle. L’IA agentique vient enrichir cette colonne vertébrale en lui donnant la capacité de travailler sans intervention humaine continue. Là où un utilisateur devait autrefois renommer un fichier, recadrer une image, appliquer des métadonnées ou vérifier des droits, un agent peut désormais interpréter la situation, déclencher une action et la mener à bien en respectant les règles métier.
Ainsi, on ne parle plus de simples modèles de reconnaissance d’images ou d’automatisations ponctuelles. Les agents combinent des capacités d’analyse, de planification et d’auto-exécution. Ils sont capables d’identifier un besoin, de sélectionner les outils nécessaires, de suivre un workflow complet et d’ajuster leurs actions selon le contexte. L’agentification transforme le DAM en un intermédiaire intelligent entre les équipes marketing, les studios créatifs, les plateformes e-commerce et les systèmes IT.
L’impact de cette évolution est immense. L’une des limites du DAM réside dans la complexité des opérations annexes : ingestion des contenus, alignement sur les guidelines de marque, déclinaisons multipays, contraintes marketplace, conformité réglementaire, suivi des droits. L’IA agentique permet aux plateformes de prendre en charge l’ensemble du cycle de vie du visuel.
Ce changement améliore aussi considérablement l’expérience utilisateur. Les équipes ne sont plus dépendantes de processus manuels longs ou de circuits de validation fragmentés. Elles délèguent une partie du travail opérationnel à des agents qui exécutent silencieusement en arrière-plan. L’objectif n’est pas de remplacer l’humain mais de lui redonner du temps, de réduire les frictions et de lui permettre d’intervenir uniquement dans les moments où une interprétation experte est nécessaire. L’agentification renforce d’ailleurs la logique “Human in the Loop”, car le rôle des équipes devient davantage un rôle de supervision, d’orientation et d’amélioration continue plutôt qu’un enchaînement de tâches répétitives.
Sur le plan stratégique, cette mutation repositionne le DAM dans l’architecture technologique de l’entreprise. Alors qu’il était historiquement cantonné à la gestion des fichiers, il devient une plateforme de pilotage des opérations visuelles, connectée aux autres systèmes via des API et des workflows automatisés. Les organisations peuvent ainsi aligner leurs besoins créatifs, commerciaux et techniques sans multiplier les outils ou les couches de traitement. Le DAM agentifié devient une interface intelligente entre les données, les contenus et l’expérience digitale.
Si le mouvement est déjà engagé, les entreprises doivent mener des réflexions pour l’optimiser : quels niveaux d’autonomie, quelles règles de gouvernance, quelle transparence et quelles garanties de sécurité pour les données et les workflows. L’agentification ouvre la voie à un modèle où le DAM est capable d’orchestrer, d’optimiser et d’exécuter. Pour les entreprises qui vivent au rythme des volumes croissants d’assets, des exigences omnicanales et de la pression du time-to-market, cette évolution n’est pas seulement bienvenue : elle est indispensable.
_____________________________
Par Emil Novakov, cofondateur de Scaleflex





puis