A la suite d’une concertation qui a mobilisé 50 000 personnes et suscité des milliers de contributions, le Gouvernement annonce un plan pour le numérique allant de l’école primaire au secondaire mais concentré sur le collège.

Le numérique n’est-il pas la nouvelle poudre de perlimpinpin ou la recette miracle grâce à laquelle l’école retrouvera la performance qu’elle a perdue (cf les classements PISA) et réduira les inégalités qui ne font que se creuser depuis de longues années ? En tous cas, c’est un 1 milliard d’euros – dont le tiers proviendra des programme d’investissements d’avenir et 650 millions d’euros de l’Etat – qui seront consacrés pour l’équipement en matériels, la fourniture de services et de contenus et la formation des enseignants sur les trois ans à venir. De telle sorte que tous les collégiens devront être équipés et disposeront d’un outil numérique en 2018. C’est François Hollande, depuis le collège Jules Verne des Mureaux, qui a fait l’annonce de ce plan rappelant que la Jeunesse était l’une des priorités de son quinquennat.

« Il ne s’agit pas d’une réforme de plus mais d’une mutation profonde de notre système éducatif », a tenu à expliquer le président de la République qui rappelait les expériences plutôt malheureuses des précédents plans dont le plus cuisant et le plus symptomatique baptisé Plan informatique pour tous, (Plan lancé par Laurent Fabius en 1985 avec la gabegie des dépenses du Centre mondial informatique et ressource humaine qui l’avait précédé – NDLR). « A l’époque, j’avais pu constater lors de mes déplacements dans les établissements scolaires que les placards étaient remplis de matériels sophistiqués », a témoigné Français Hollande lors de son discours. A la décharge des responsables politiques de l’époque, les matériels informatiques étaient extrêmement limités, ils n’étaient pas fiables, personne n’était capable d’en assurer la maintenance et les enseignants n’étaient absolument pas préparés.

8 plan numérique 2Trente ans plus tard, les possibilités du numérique sont beaucoup plus riches et étendus. Toutefois, la question n’est pas trop de savoir si « l’école change avec le numérique » comme l’indique le slogan martelé sur les documents du Ministère de l’Education nationale mais si le numérique améliore l’école et les résultats des élèves. Pour y parvenir un certain nombre de conditions ont été rappelées par le Président de la République :

– D’abord, la diffusion du numérique nécessite la formation du personnel enseignant qui, selon les idées couramment répandues, est en général moins à l’aise avec les outils du numérique que leurs élèves. Ces derniers sont nés avec le numérique et n’imaginent même pas qu’il y ait eu une vie avant Internet et les mobiles. Mais il ne faut pas non plus exagérer la fracture numérique selon laquelle on aurait d’un côté des enfants aguerris à ces technologies et des adultes qui leur seraient étrangers. D’autant que les outils de plus en plus simples à utiliser ;

– Ensuite, il faut garantir des accès simplifiés à une offre de contenus et de services complètes. Sur ce point, une logithèque existe déjà et des appels d’offre sur les 5 disciplines (français, maths, histoire et géographie, sciences, langues…) seront lancés pour l’enrichir ;

– Troisième élément important, il faut apprendre à utiliser l’outil non pas sur le plan technique mais sur celui de l’usage. « Il faut diffuser une culture digitale » car comme dans le monde physique il y a des règles et un comportement à adopter ;

– Dernier point, la question des moyens mais là c’est le discours habituel des moyens techniques et que donc toutes les écoles aient un accès à Internet de qualité.

N’est-il pas étonnant en 2015 de lancer un plan numérique comme si rien n’avait été fait avant alors que les technologies sont disponibles depuis de longues années. Autant le gouvernement communique sur les moyens mis en œuvre, autant il donne peu d’informations sur les expérimentations déjà réalisées. Il donne beaucoup d’informations sur ce qui a été fait du point de vue quantitatif dans la préparation (nombre de participants à la concertation, nombre d’équipements, logithèque…) mais assez peu sur les résultats. Et c’est pourtant un domaine où la notion d’expérimentations est facilement possible avec des comparaisons de résultats et de performances entre des classes utilisant le numérique et des classes ne faisant appel qu’aux moyens traditionnels.

Chronologie du plan numérique

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Dans le discours de François Hollande, on n’a pas échappé aux poncifs habituels selon lesquels c’est un « plan pour l’égalité », que la « France doit être en avance » et qu’il agit là « d’un projet pour la jeunesse qui est une chance pour la France ». Le président de la République a néanmoins rappelé que le « numérique ne dispensera pas de l’effort ».