C’est une enquête réalisée auprès d’un échantillon réduit, elle n’en révèle pas moins une préoccupation majeure pour les organisations : le manque de talents pour accompagner la transition numérique. Ce manque de talents constitue désormais le principal risque auquel sont confrontées les entreprises si l’on en croit une enquête réalisée par Gartner au quatrième trimestre auprès de 137 cadres supérieurs.

« Les entreprises sont confrontées à d’énormes défis liés au rythme de leurs changements, à l’accélération de la réglementation en matière de protection de la vie privée et à la numérisation de leurs industries », explique dans un communiqué Matt Shinkman, vice-président directeur et responsable de la gestion des risques chez Gartner. « Un dénominateur commun est que, pour relever ces défis majeurs, il faut recruter de nouveaux talents extrêmement rares. » 

Soixante-trois pour cent des répondants ont indiqué qu’une pénurie de talents était une préoccupation majeure pour leur organisation. Les secteurs des services financiers, de l’industrie et de la fabrication, des services à la consommation, des organismes gouvernementaux et à but non lucratif, de la vente au détail et de l’hôtellerie sont particulièrement inquiets puisque plus des deux tiers des entreprises interrogées dans chaque secteur ont déclaré que cela faisait partie des cinq principaux risques auxquelles elles sont confrontées.

Selon Gartner, les entreprises doivent abandonner les stratégies de recrutement externes pour se consacrer à la formation de leurs effectifs actuels et mettre en œuvre des stratégies de réduction des risques pour faire face aux pénuries critiques de talents. « Les organisations font face à cette pénurie de talents à un moment où elles sont déjà confrontées à des risques exacerbés par un manque d’expertise appropriée », constate Matt Shinkman. « Les stratégies de recrutement précédentes sont insuffisantes dans cet environnement et les gestionnaires de risques ont un rôle clé à jouer dans la collaboration avec les ressources humaines pour développer de nouvelles approches. »

Principale préoccupation des entreprises lors de la précédente enquête trimestrielle, l’accélération de la réglementation en matière de protection de la vie privée demeure une préoccupation majeure. Le rythme trop rapide du changement, le retard pris par la numérisation et les méconnaissances en matière de digitalisation complètent le top 5 des principales inquiétudes.

Or, comme le constate le cabinet d’analyse, les stratégies visant à traiter cet ensemble de risques reposent souvent, du moins en partie, sur la gestion du talent. Ainsi, une recommandation clé de Gartner pour mieux gérer la réglementation en matière de confidentialité des données est la nomination d’un responsable de la protection des données.

« Malheureusement pour la plupart des organisations, les besoins en talents les plus critiques sont également les plus rares et les plus coûteux à recruter », déplore Matt Shinkman. « Le fait que des perturbations permanentes maintiennent des stratégies commerciales particulièrement dynamiques, ajoutent à la complexité des besoins en talents actuels. La plupart des entreprises gagneraient à investir dans la vitesse de qualification et l’employabilité de leurs effectifs actuels tout en développant activement des plans de réduction des risques pour leurs domaines les plus critiques. »


Les « Tops » et les « Flops » des métiers de l’IT et du numérique en 2018

Le cabinet de recrutement spécialisé Clémentine, a compilé l’ensemble des postes pour lesquels ses consultants ont été sollicités tout au long des 12 derniers mois afin de dresser un panorama des profils les plus recherchés aujourd’hui et, à leur opposé, des postes en perte de vitesse.

Les « tops » de l’emploi de l’IT et du digital en 2018

Chief Product Officer (CPO)
Dans un contexte extrêmement concurrentiel, le CPO est devenu un acteur essentiel de la rentabilité des offres et produits digitaux ; ce profil est, en conséquence, très recherché par les entreprises (grands groupes et scale-up).

À la tête du département Product Management, et en charge de la stratégie du produit, le Chief Product Officer ou CPO, accompagne, structure et accélère la croissance économique de l’entreprise. Il supervise tous les aspects du développement d’un produit (ou d’une offre), de sa conceptualisation à ses performances de lancement et ce, tout en tenant compte des délais et contraintes budgétaires, des besoins marketing et des objectifs de l’entreprise. En étroite collaboration avec l’équipe Recherche et Développement (R&D), le CPO s’assure que toutes les ressources sont utilisées de manière optimale afin de garantir un travail de qualité et accompli dans les délais. Il veille également à l’amélioration d’un portefeuille de produits évolutif. Enfin, il appartient au CPO d’effectuer des tests et d’analyser les résultats obtenus afin de réexaminer et affiner, si besoin, la conformité du produit aux attentes du marché.
Son salaire : de 60 à 70 K€ pour un profil junior et jusqu’à 100 K€ selon l’expérience, avec également des variables complémentaires

Customer Success Manager (CSM)
Dans un écosystème où les solutions SaaS prennent le pas peu à peu sur les solutions On-Premise, les Customer Success Manager ont le vent en poupe et sont des profils de plus en plus recherchés.

Dans l’écosystème digital, le Customer Success Manager (CSM) est en charge d’accompagner les clients sur l’ensemble des aspects suivants : l’installation, l’utilisation, la personnalisation, la formation et l’optimisation d’un SaaS. Le CSM s’impose comme un acteur central dans les start-ups mais aussi dans les grands groupes sur un éventail de secteurs assez variés (SaaS de marketing prédictif, SaaS de génération de lead Drive to store, SaaS en E-Learning…). Son rôle est de mobiliser les énergies et expertises des équipes métiers internes (éditorial, technique, recherche & développement) afin de les fédérer autour du projet du client, de le mettre en succès dans l’utilisation de son SaaS et in-fine, de le fidéliser. La fiche de poste varie d’une organisation à l’autre avec un rôle parfois plus technique ; certains étant focalisés sur l’aide technique, le support à l’intégration de la solution tandis que d’autres ont un rôle plus proche de celui d’un Chef de projet et/ou d’Account manager (upsell/Cross sell). Tous ont cependant le même objectif : établir et maintenir un relationnel d’exception avec leurs clients afin de les fidéliser et les accompagner de façon optimale dans l’utilisation de leur SaaS.
Son salaire : de 40 à 55 K€ pour un profil entre 1 et 4 années d’expériences et jusqu’à 85 K€ selon l’expérience et la taille de la société, avec également des variables complémentaires allant de 10 % à 30 % du fixe.

Architecte Cloud
Le Cloud poursuit sa phase de fort développement et continue à convaincre de plus en plus de clients en raison des nombreux avantages qu’il offre (coûts, facilité d’utilisation, prise en charge externe, sécurité…). Les acteurs proposant un service Cloud se multiplient et la concurrence est de plus en plus forte ; pour cette raison, il est impératif, pour les entreprises du secteur de recruter des profils capables de prendre le sujet en main afin de proposer des solutions à la fois adaptées et concurrentielles.
Son salaire : 80 à 90 K€, pour un profil junior ; 130 à 150 K€ pour un profil confirmé ; variable pouvant aller jusqu’à 20 K€.

Les « flops » de l’emploi de l’IT et du digital en 2018

Directeur production
Le profil dénommé Directeur production (ou exploitation) perd de son influence en raison de la virtualisation croissante du SI ainsi que du succès du Cloud. Il est appelé à disparaître ou bien à évoluer afin de devenir le référent infrastructure de l’entreprise (englobant à la fois le Cloud et l’ensemble des équipes infrastructures). Son rôle est ainsi amené à devenir de plus en plus celui d’un Directeur technique.
Son salaire : 60 à 80 K€ selon profil

Community Manager (CM)
Star du début des années 2010, le Community manager a vu son étoile pâlir depuis. La stratégie d’acquisition sur les réseaux sociaux est devenue trop importante pour être confiée à une seule personne. Ses missions se trouvent désormais diluées au sein de différentes fonctions du marketing (inbound marketing, CRM…) et de l’e-commerce. La fonction tend vers la spécialisation sur des aspects distincts (auparavant englobés sous l’appellation unique de Community management).
Son salaire : 40 à 60 K€ selon profil

Enfin, il est à noter que l’emploi du digital enregistre en 2018 moins de véritables « flops » que d’évolutions (ou transformations) de certaines fonctions.

Pour rappel, les tops et les flops de l’année 2017 :
En hausse : Biz Dev digital, Product Owner, SEO Manager
En baisse : CDO, BI, Responsable data center