Le 10 août 2015 coup de théâtre, les dirigeants de Google annoncent que Google Inc devient Alphabet Inc (Holding) et que Google va devenir une filiale de cette nouvelle entité qui sera dirigée par Larry Page, co-fondateur et ancien DG de Google Inc. Cette déclaration a été très bien accueillie par le marché financier avec une augmentation de 3,8% de la valeur de l’action à Wall Street. Cet effet positif est bien parti pour durer puisqu’environ trois mois après, les profits d’Alphabet holding ont fait un bond de 45% frôlant les 4 milliards de dollars et le chiffre d’affaires a augmenté de 13% par rapport à l’année passée à 18,7 milliards de dollars (généré à 90% par la publicité). Ces résultats augurent de bonnes affaires pour la nouvelle entité.

Pour le 4ème trimestre 2015, Alphabet fait une autre annonce fracassante : le lancement d’un programme de rachat d’actions de 5,1 milliards de dollars. Encore une fois, cette décision a été très bien perçue par le marché, dans la mesure où elle a eu pour conséquence une augmentation de 10% du cours de la société au Nasdaq à l’ouverture de Wall Street (le 06 novembre dernier).

Cette décision a été prise par la nouvelle Directrice financière du groupe, Ruth Porat, ancienne Directrice financière et vice-présidente exécutif chez Morgan Stanley. La nomination de Ruth Porat à ce poste démontre une volonté clairement affichée de la part d’Alphabet d’accorder une place essentielle aux questions financières et de valorisation.

En effet, ce rachat d’actions s’inscrit dans une stratégie de valorisation maximum du groupe qui possède actuellement une trésorerie lui permettant un rendement important en cas de placement de ses titres. Le groupe possède donc une capacité d’investissement importante en plus d’une trésorerie disponible ce qui lui donne accès à un champ quasi infini de possibilités pour l’avenir.

Enfin, en changeant de nom le groupe a également choisi de séparer son « cœur de métier et ses métiers annexes ». Ainsi, Alphabet possède désormais 8 filiales : Google, Google X, Calico, Sidewalks labs, Nest, Fiber, Google venture et Google Capital. La filiale Google quant à elle, garde le contrôle sur : Search, Ads, Youtube, Android, Maps et Apps. Ce faisant, le groupe démontre que le montage ne relève pas seulement d’une stratégie financière mais affiche également sa volonté de préparer Google à l’après moteur de recherche.

Il y a là un but prospectif clair. En effet, l’époque de Google moteur de recherche est bien loin, à présent Google est un groupe aux multiples activités ce qui justifiait la création d’une holding avec un nom différent pour les regrouper: Alphabet !

 

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Frédéric Ichay est avocat associé du cabinet Pinsent Masons