Face à une perception relativement négative des directions générales sur la performance des DSI, ces derniers devraient être clairement impliqués dans la stratégie de l’entreprise.

Selon une enquête réalisée par le cabinet McKinsey (Why CIOs should be business strategy partners), peu de Directions générales indiquent que les DSI sont impliqués dans la définition de la stratégie de leur entreprise et l’idée qu’ils peuvent aider à favoriser le développement et la croissance et d’autres objectifs liés à l’activité de l’entreprise aurait tendance à se dissiper.

Globalement, les DSI s’acquittent de leurs tâches traditionnelles comme la gestion de l’infrastructure (ce qu’ils font plutôt bien selon l’enquête), la mise en place d’une gouvernance efficace ou la mise en œuvre d’une stratégie de sourcing efficace. Sur deux priorités importantes assignées traditionnellement à l’IT – Réduire les coûts et fournir les informations nécessaires à la prises de décision -, DSI et directions métiers ont un point de vue assez divergent.

Et cette enquête met en lumière un point majeur : la corrélation entre participation des DSI à la stratégie de l’entreprise et performance de l’infrastructure IT. Une des raisons que l’on pourrait invoquer pour expliquer ce phénomène est que des DSI qui comprennent mieux la stratégie et donc les besoins à moyen et long terme sont mieux à même d’aligner l’infrastructure. Mais malheureusement rappelle l’étude de McKinsey que ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut.

Parmi les freins à l’optimisation des performances de l’IT, les directions générales citent le besoin de rehausser les capacités de ressources humaines, soit en interne soit par le biais d’embauche là où les DSI pensent plutôt en termes de budget.

Une opportunité à saisir

Aujourd’hui, sur un marché numérisé, la réussite – ou tout simplement la survie – dépend des stratégies mises en œuvre par les entreprises pour tirer parti de la puissance transformationnelle des technologies de l’information. Et personne n’est mieux placé que le DSI pour aider les entreprises à le faire. C’est en tous ce que considèrent les DSI interrogés par le cabinet CSC dans le cadre du baromètre CIO 2015. Il existe un sentiment assez largement partagé que la période actuelle est particulièrement propice à ce que les DSI endossent un nouvel habit plus orientée vers la transformation en profondeur de leur entreprise et vers l’innovation.

Sur ce point les DSI expriment un accord assez large et font passer en priorité les initiatives qui jettent les bases d’une innovation de rupture. Car aujourd’hui, l’informatique ne permet pas seulement de faire mieux qu’avant – parfois faire plus avec moins de moyens mais surtout de faire différemment avec des produits et services innovants qui ne sont pas nécessairement des bijoux de technologies mais qui embarquent de nouveaux usages. Comme l’indique Jean-Paul Mazoyer, Directeur industriel et informatique du Crédit Agricole, « l’informatique est qu’il ne s’agit plus d’optimiser mais de reconcevoir avec l’informatique ».

Les promesses de l’analytics

Parmi les technologies qui permettraient de telle innovation de rupture, l’analytics et ce que l’on appelle aussi la science de la données est la plus pressante et aussi celle qui connaît l’évolution la plus rapide (citée par 51 % des décideurs interrogées contre 40 % en 2013) assez loin devant la double compétence (métier et informatique), les développements mobiles ou même le cloud. Ford Europe fait état d’un projet mettant en œuvre des jeux de données récemment acquises. L’entreprise a placé des capteurs dans plusieurs centaines de véhicules et opéré la collecte des données produits pendant plusieurs. Elle a ouvert l’accès à ces données à ces salariés – principalement les informaticiens – à l’échelle mondiale en leur donnant six semaines pour proposer des utilisations possibles. « Nous avons eu 50 équipes qui ont travaillé sur des idées, explique Roopak Verma, DSI Ford Europe. Elles nous ont montré des choses auxquelles nous n’avions jamais pensé avant ».

 

La parole est aux DSI

Jean-Paul Mazoyer
Directeur industriel et informatique du Crédit Agricole
18 Mazoyer
Un des spécificités propres à notre activité est la mutation radicale de notre métier, confronté à la désaffection des agences et à la montée en puissance des canaux à distance (…) Désormais, le message est qu’il ne s’agit plus d’optimiser, mais de reconcevoir avec l’informatique (…) Notre premier rôle est donc d’impulser l’innovation.
Liam Maxwell
Directeur de la technologie, Gouvernement du Royaume-Uni
18 Maxwell 
Le CTO gère l’infrastructure commune, le poste de travail courant et l’informatique de mission (…) le CDO quant à lui s’occupe des interactions entre l’Etat et les citoyens, de l’échange bilatéral d’informations et de la fourniture des services publics.
Michel Berret
DSI d’Aperam (1)
18 Berret 
Le rôle de la DSI est d’identifier des sujets d’innovation, de les partager au plus haut niveau, puis de réaliser des pilotes qui débouchent sur des déploiements opérationnels.
Peter Sany
DSI du Groupe Swiss Life, aujourd’hui President et CEO de TM Forum
18 Sany
Il ne s’agit pas tant de développer les technologies que les modèles opérationnels et économiques sous-jacents.
Ulrike Huemer
DSI de la Ville de Vienne
18 Huemer
Dans l’équipe informatique, nous considérons que notre travail permet de nouveaux moyens de fournir des services publics. Les technologies de dernière génération autorisent de nouveaux modes de création de la valeur publique. Notre rôle consiste à permettre aux décideurs, aux employés et aux citoyens d’exploiter pleinement le potentiel des technologies de mise en réseau numériques.

(1) Aperam est l’un des leaders mondiaux des aciers inoxydables et spéciaux issu d’ArcelorMittal.
[(Source : Baromètre CSC CIO 2015 : les DSI, des innovateurs de rupture]