En début d’année, le Syntec Numérique a évoqué le paradoxe qui frappe le marché de l’emploi dans le secteur informatique, entre chômage et manque de profils qualifiés — et ce, bien que la coexistence du chômage et de la pénurie de main-d’œuvre semble contradictoire. Nous savons qu’environ 10 % des informaticiens sont à la recherche d’un emploi en France, et tous les dirigeants ou responsables RH confirmeront que certains profils sont aujourd’hui de véritables perles rares. C’est le cas des développeurs d’applis mobiles et pour le Web.

Les changements permanents et l’émergence de nouvelles technologies ont toujours représenté un problème pour les compétences recherchées par ce secteur, et sont souvent la cause des pénuries ressenties, si bien qu’il est parfois difficile de définir quelles compétences fondamentales sont effectivement attendues de la part des développeurs. Le buzz tourne systématiquement autour du dernier langage de programmation, du dernier système d’exploitation ou de la dernière technologie de base de données, de préférence aux compétences sous-jacentes qui font qu’un programmeur est réellement performant. Bref, une situation qui n’a rien de nouveau en soi mais dont les conséquences seraient dramatiques si elle devait retarder cette numérisation dont les entreprises en quête de nouvelles sources de recettes ont tant besoin.

Pour redonner de l’élan au marché des développeurs d’applis Web mobiles, il est nécessaire de revoir radicalement la façon dont nous enseignons la technologie aux étudiants et dont nous recrutons les informaticiens. Ces deux étapes sont essentielles pour assainir le marché de l’emploi dans le secteur informatique, même si leur mise en œuvre devrait prendre des années. En attendant, est-il réaliste de demander aux entreprises à la recherche de nouvelles sources de revenus mobiles d’attendre avant de développer leurs propres applications orienté-données ou de créer des applications offrant une grande expérience aux utilisateurs ? Non, bien sûr.

Ouvrir la porte à l’innovation… et aux nouveaux talents

Depuis des années, les applications et leurs données sous-jacentes jouent un rôle-clé dans le succès des entreprises. Cependant, elles ont trop souvent constitué la chasse gardée des DSI. Avec le développement du big data et du cloud, tous les utilisateurs en entreprise souhaitent accéder à ces données et applications pour étayer leurs propres objectifs métiers. Cette transformation alimente la nouvelle « économie des API » où les entreprises exposent certains de leurs actifs sous la forme d’interfaces de programmation d’applications (API) pour qu’ils puissent être partagés, consommés et améliorés par un écosystème large et ouvert.

Toute entreprise confrontée à une pénurie de talents informatiques devrait considérer l’économie des API comme une formidable opportunité de libérer son potentiel de créativité et d’innovation avec rapidité et efficacité. En acceptant que leurs partenaires, mais aussi des développeurs tiers, puissent utiliser leurs données — jusqu’à un certain niveau de confidentialité — par le biais d’API, les entreprises augmenteront leur capacité à proposer des applications à fort impact. Bien sûr, ce modèle ne pourra s’imposer que s’il repose sur des outils adaptés, à savoir des plateformes et des environnements de développement ouverts qui favorisent la création rapide d’applis.

L’avènement des développeurs

Il existe un grand nombre de produits et services à base d’API qui fournissent aux développeurs les outils nécessaires pour se concentrer sur la création de produits originaux, innovants et utiles — et ce, sans qu’ils aient à se soucier des tâches administratives côté serveur et en back-end.

Les plateformes en tant que service (PaaS), les logiciels en tant que service (SaaS) et autres infrastructures en tant que service (IaaS) permettent aux développeurs de consacrer moins de temps aux tâches de configuration et de mise en œuvre, et davantage à l’écriture de code selon des approches plus intelligentes.

Le nombre élevé de services et la haute disponibilité des plateformes de développement donnent aux développeurs les moyens de se concentrer sur leur propre propriété intellectuelle au lieu de réinventer la roue, c’est à dire les services et les fonctionnalités qui forment le socle de leur application, tels que l’accès aux données et l’intégration, les notifications, etc.

Alors qu’elles se démènent pour renforcer leurs effectifs avec de nouveaux profils et de nouvelles capacités, les entreprises qui souhaitent innover devront emprunter une nouvelle voie en abandonnant les modèles traditionnels de travail au profit d’une économie plus ouverte. Les changements organisationnels et culturels ne se font pas du jour au lendemain, et la plupart des entreprises ne peuvent se permettre d’attendre, coincées entre le sentiment d’être à la traîne et la tentation d’accélérer leur transformation sans posséder les ressources appropriées. En donnant à leurs développeurs les outils adaptés et en adoptant l’approche « en tant que service », les entreprises peuvent se donner les moyens de rester agiles et en avance sur leurs concurrents tout en conservant leur capacité d’innovation.

 

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Olf Jännsch est
Vice-président régional Europe du Sud chez Progress