En 2003, alors que l’industrie informatique se remettait de la Bulle Internet, l’éditorialiste indépendant de la Harvard Business Review, Nicholas Carr, a publié un article intitulé « L’informatique ne compte plus » (« IT doesn’t Matter »), développant l’idée que « l’essor et l’omniprésence du secteur informatique ont diminué son importance stratégique ».
En 2004, Thomas Friedman, du New York Times, publiait un best-seller sur la mondialisation, « The World is Flat », une métaphore signifiant que le monde serait devenu, principalement, grâce à Internet, un terrain neutre et équitable sur le plan commercial, où tous les acteurs bénéficieraient d’opportunités égales face à la concurrence.
Depuis la publication de ces thèses, il y a 10 ans, le monde des technologies de l’information a connu des transformations radicales. Le monde du commerce n’est plus une « terre plate », et le secteur informatique est plus stratégique que jamais pour les entreprises qui veulent consolider leur croissance et devancer la concurrence. Les grandes tendances qui ont dominé ces changements sont le cloud, la mobilité, le big data et les réseaux sociaux. Et, ce n’est pas fini… Un bouleversement encore plus grand approche à grand pas avec l’Internet des Objets, qui étendra les technologies de l’information à tous les aspects de notre vie.
Nicholas Carr recommandait aux entreprises de se méfier des technologies de pointe et d’attendre, avant d’investir dans une technologie informatique que ses normes et meilleures pratiques se soient consolidées. La clé du succès en informatique était selon lui, « non pas de rechercher un avantage à tout prix, mais de gérer scrupuleusement les coûts et les risques». Pour illustrer ses propos, il prenait le gâchis du stockage de données pour exemple. Computerworld estimait, à la même époque, que 70 % de la capacité de stockage de la plupart des réseaux Windows était gaspillée, et que la majorité des informations stockées ne concernait pas suffisamment la production ou le service du consommateur. Il y avait une part de vérité dans ce jugement de la situation il y a 10 ans.
Toutefois, en investissant dans des technologies comme la virtualisation, le Thin Provisioning (« allocation fine et dynamique »), le stockage objet, et les modules flash, pour réduire les besoins excessifs d’allocation de ressources tout en maintenant les performances, l’informatique est devenue plus flexible et plus réactive face aux besoins des entreprises. Il y a quelques années, le cloud semblait être un gadget à la mode alors qu’aujourd’hui, le cloud, sous toutes ses formes (privé, public, hybride), engendre un tout nouveau modèle de service informatique. Les responsables informatiques qui ont su s’impliquer dans cette transformation ont gagné la capacité de faire plus avec moins et de démontrer leur valeur stratégique.
Les grandes tendances évoquées plus haut ont également transformé les différents secteurs d’activité, et celles-ci s’adaptent de plus en plus à la nouvelle place que tient l’informatique. Adrian De Luca, notre directeur technologique en Asie Pacifique, observait que les entreprises sont aujourd’hui, après des décennies d’exposition à la mise en œuvre de systèmes comme l’ERP (Enterprise Resource Planning ou planification des ressources de l’entreprise), à la consumérisation de l’informatique par le biais d’Internet et des appareils portables, et à l’impact des réseaux sociaux, non seulement mieux informées sur l’informatique mais aussi plus autonomes pour en imaginer les possibilités. Redéfinir ses processus d’entreprise, toucher de nouveaux consommateurs ou encore mettre en commun les informations des différents services, est devenu plus facile que jamais auparavant. Les responsables métier contribuent désormais à former la stratégie technologique, et l’informatique est redevenue une source d’innovation pour l’entreprise, et non plus une simple fonction pratique.
Le cloud et le big data sont des moteurs de flexibilité d’entreprise très importants. La mobilité est le principal facteur déterminant de la productivité économique et ne correspond pas seulement à la capacité des employés à accéder aux applications et aux données sur leurs appareils portables. Elle implique aussi la mobilité des données, qui permet d’accéder à ses données où et quand on en a besoin, sur n’importe quelle application, et avec une qualité de service défini. Elle implique encore la mobilité du cloud, qui permet d’équilibrer l’allocation des ressources entre ressources virtuelles privées et publiques, pour optimiser la flexibilité et les coûts. Quel que soit l’endroit où les contenus sont créés, conservés ou utilisés, que ce soit dans ou à l’extérieur d’un datacenter traditionnel, sur un appareil mobile, une unité distante, ou un cloud public, l’informatique a la responsabilité de gérer, protéger, sécuriser et superviser ces contenus. La capacité d’un service informatique à assurer la mobilité du personnel, des données et du réseau virtuel, permettra de faire la différence et d’assurer à une entreprise un avantage compétitif.
On peut toujours considérer que le monde est « plat », dans le sens où chacun peut avoir accès à l’information par le biais d’Internet et des téléphones portables, néanmoins en réalité le monde est devenu multidimensionnel, plus encore qu’il ne l’a jamais été. Les points de contact permettant d’accéder à des informations sont très nombreux, et la valeur commerciale de ces informations dépend des capacités de l’entreprise à y accéder, à les stocker, à les analyser et à les utiliser pour générer la valeur commerciale. Si l’on prend en compte toutes ces dimensions, la mobilité devient un facteur stratégique clé pour l’informatique définie entreprise.
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Bertrand Le Quellec est responsable marketing produit chez Hitachi Data Systems