La création graphique entre dans une ère où l’intelligence artificielle devient opérateur à part entière. Adobe fait dialoguer l’humain et la machine, ou plus exactement l’humain et le logiciel, en fusionnant automatisation, réalisme et compréhension contextuelle dans l’ensemble de sa suite Creative Cloud et en commençant par Photoshop.

L’air de rien, Adobe vient de concrétiser, à l’occasion de sa conférence MAX qui se tient cette semaine, ce que tout le monde dit depuis des mois : l’IA agentique va totalement bouleverser notre usage des logiciels. Grâce à l’IA vous avez juste à exprimer ce que vous voulez faire, vous n’avez plus à savoir le faire ni même à connaître les fonctions du logiciel pour le faire.

Désormais Photoshop discute avec son utilisateur

C’est exactement ce qu’Adobe a démontré avec sa nouvelle version de Photoshop. Le célèbre outil de création graphique, véritable usine à gaz qu’aucun béotien ne peut aisément maîtriser même pour simplement recadrer une photo, accueille désormais un assistant IA agentique dans la barre latérale. Il suffit alors de lui demander ce que vous voulez faire, ce que vous voulez accomplir ou à quoi vous voulez aboutir. L’IA se charge de concrétiser votre pensée en manipulant les calques et les différentes fonctionnalités de Photoshop avec un savoir d’expert.

« Ce nouvel assistant IA offre encore plus de puissance, de contrôle et de gain de temps, permettant aux professionnels de la création de discuter avec l’assistant et de lui demander d’entreprendre une série de tâches créatives, de fournir des recommandations personnalisées et de proposer des tutoriels pour accomplir un travail créatif complexe » explique l’éditeur

Car la vocation de ces assistants IA intégrés au cœur de la suite Creative Cloud n’est pas uniquement de simplifier l’accès aux outils. Bien au-delà, la vocation de ces assistants est aussi de permettre aux créatifs d’automatiser les tâches répétitives et fastidieuses en utilisant toute la puissance de l’IA.

Parallèlement, Adobe annonce une pléthore de nouvelles fonctionnalités IA au cœur de Photoshop (notamment de sa version Web bien plus accessible que la version desktop).
Ainsi, une nouvelle fonction de « Mise à l’échelle générative » permet d’améliorer instantanément la résolution d’une photo ou d’une image en s’appuyant sur l’IA de Topaz Labs. Les images de petite taille, recadrées ou en basse résolution se transforment en fichiers 4K dotés de détails d’un réalisme étonnant. Cette technologie s’avère particulièrement utile pour redonner vie à de vieux clichés basse définition ou traiter des contenus créés par des modèles d’IA qui ne produisent pas directement des images haute résolution.
De même une nouvelle fonction « Harmonisation » exploite le potentiel génératif de l’IA pour faire en sorte de parfaitement intégrer une photo de personnes ou d’objets dans de nouvelles scènes. La fonction ajuste automatiquement lumière, couleurs et tonalités pour obtenir des résultats naturels et réalistes.
Autre nouveauté très appréciable, Adobe ouvre son « Generative Fill » aux autres IA que son Firefly. La fonction permet de recadrer une image en inventant les zones inexistantes, d’ajouter du contenu ou de modifier le contenu d’une zone de l’image. Elle existait déjà mais utilisait les modèles d’Adobe qui ne sont pas aussi pertinents que les derniers modèles des spécialistes du genre. Désormais la fonction peut exploiter les modèles génératifs de partenaires, à commencer par Google Gemini 2.5 Flash Image, Black Forest Labs, FLUX.1 Kontext .

Parallèlement, Adobe a profité de MAX 2025 pour introduire une nouvelle version de son modèle « Firefly Image Model » utilisé par Photoshop mais aussi par le site Firefly et par Adobe Express. Sa version « 5 », encore en béta publique, est désormais capable de produire des visuels en résolution native 4MP sans recourir à l’upscaling. Il se distingue aussi par son rendu photoréaliste, sa maîtrise des textures et de la lumière, ainsi que par la précision anatomique de ses portraits. Ce modèle combine génération et édition d’images, notamment grâce à l’outil « Prompt to Edit » qui permet aux professionnels de décrire leurs retouches en langage naturel. Firefly Image Model 5 prépare également l’arrivée d’un système d’édition par calques, conçu pour garantir une cohérence visuelle optimale lors de compositions complexes.

Firefly devient un vrai studio multimédia

Parallèlement, Adobe lance une totale refonte de son outil en ligne « Firefly » qui réinvente les outils graphiques pour et par l’IA. Celui devient désormais un véritable studio graphique « tout en un » perdant par la même occasion le côté « tout en un clic » des versions précédentes. Idéation, création et production sont ici pilotées avec l’IA pour produire des images mais aussi de l’audio, du design et même des vidéos. Car la plateforme s’enrichit désormais d’outils de production vidéo complets, avec notamment Generate Soundtrack pour composer des bandes-son originales de qualité studio, Generate Speech pour créer des voix off claires et naturelles, et un nouvel éditeur vidéo basé sur une timeline et propulsé par l’IA.
Autre nouveauté, « Firefly Boards » offre des espaces collaboratifs de réflexion, ainsi que des fonctions de publication instantanée permettant de diffuser du contenu simultanément sur plusieurs canaux.
Enfin, Firefly Creative Production offre aux professionnels la possibilité de traiter des milliers d’images en masse, en automatisant le remplacement d’arrière-plans, l’harmonisation des couleurs ou encore le recadrage, le tout dans une interface simple et sans code.

Adobe Express se professionnalise

Autre annonce phare, Adobe Express, la plateforme de création simplifiée d’Adobe, accueille elle aussi un assistant IA à la fois conversationnel et agentique. Ce dernier permet de passer d’une idée à un visuel abouti en quelques minutes, grâce à une compréhension contextuelle des éléments graphiques et à une intégration fluide avec les outils d’édition d’Express. Les utilisateurs peuvent décrire ce qu’ils souhaitent et obtenir des recommandations personnalisées, puis affiner chaque détail — couleurs, polices, images ou arrière-plans — sans altérer le reste de la composition. Selon l’IA peut interpréter même des demandes vagues, proposer des ajustements pertinents et accélérer les workflows. L’assistant transforme les modèles en véritables toiles conversationnelles, où l’on peut générer, remplacer ou modifier des éléments avec une liberté inédite et simplement en interagissant en langage naturel. Connecté à des plateformes de chatbot et ouvert aux extensions via le Dev MCP Server, il prépare aussi l’arrivée de fonctionnalités de niveau entreprise, destinées à offrir aux organisations une création de contenu autonome, cohérente avec leur identité et optimisée pour la productivité.

« Nous pensons que chaque créateur devrait être en mesure d’exploiter les opportunités économiques et artistiques découlant de l’IA générative, de l’IA conversationnelle et de l’explosion de la demande mondiale de contenu créatif », explique David Wadhwani, président des médias numériques chez Adobe. « L’IA d’Adobe est conçue pour créer et pour les créateurs qui peignent le monde avec leur imagination. »

Une autre façon de voir le logiciel, de voir la création graphique, de voir le monde numérique…