L’indépendance passe par le multilinguisme, le problème du net et sa dépendance au monde anglo-saxon reste entier. Le rapport Mondial 2014 sur le déploiement des noms de domaine internationalisés est édifiant
C’est seulement en poursuivant une stratégie axée sur le multilinguisme, au niveau de l’accès à la Toile, que nous donnerons effet à notre politique visant à promouvoir un Internet réellement global, et véritablement accessible à tous » affirme Neelie Kroes, Vice-présidente de la Commission européenne, dans l’avant-propos du Rapport Mondial 2014 sur le déploiement des noms de domaine internationalisés. Ce rapport est produit par EURid et l’UNESCO, en coopération avec Verisign et les organisations régionales responsables des noms de domaine de premier niveau géographiques (CENTR, LACTLD, APTLD et AFTLD).
Prendre de la distance vis à vis des Etats-Unis
Les noms de domaine internationalisés (IDN) ont été lancés pour la première fois au deuxième niveau en 2000. Dès 2009, il est devenu possible d’enregistrer des noms de domaine entièrement dans des écritures non-latines. Fin 2013, on dénombrait 6 millions d’IDN (noms de deuxième niveau et IDN TLD compris). Il s’agit certes d’un nombre important, mais il ne représente toutefois que 2% des noms de domaine enregistrés dans le monde (270 millions).
EURid, le registre qui gère le domaine de premier niveau .eu, soutient les IDN de deuxième niveau depuis fin 2009 et a aussi demandé l’autorisation des versions cyrilliques et grecques du TLD .eu pour que les citoyens de l’UE puissent bénéficier pleinement des IDN lorsqu’ils écrivent dans des langues qui ne sont pas basées sur l’alphabet latin. « Nous sommes fiers d’avoir soutenu le multilinguisme au travers des IDN depuis le tout début et d’offrir une assistance étendue aux utilisateurs dans l’ensemble des 24 langues officielles de l’UE et, espérons-le, dans un proche avenir, le TLD .eu en caractères grecs et cyrilliques, » commente pour sa part Giovanni Seppia, Responsable des Relations extérieures d’EURid.
Les noms de domaine internationalisés (IDN) ne fleurissent qu’à L’Ouest
Le rapport contient des éléments qui tendent à prouver que, loin d’être « internationalisés », les IDN sont au contraire intensément localisés. En fait, ils sont fortement liés aux contenus rédigés dans les langues locales, et bien qu’ils existent dans divers systèmes d’écriture, leur localisation est étroitement associée aux pays et régions où les langues en question sont parlées.
Les nouveaux domaines génériques de premier niveau (gTLD) promettaient de répondre aux besoins non rencontrés dans le système de noms de domaine. Au nombre de ceux-ci figure la nécessité évidente d’une plus grande diversité linguistique. Or, quand on constate que 90% des nouvelles chaînes gTLD (par exemple .photography) sont en langue anglaise, ou compréhensibles en anglais, on peut en conclure aisément que cette occasion a été manquée – jusqu’ici du moins.
« En matière de pénétration d’Internet, le potentiel de croissance se situe en effet dans la zone Asie-Pacifique, en Afrique et en Amérique latine, où l’anglais n’est pas la première langue usitée. Pour que les IDN atteignent leur plein potentiel, de nombreux acteurs doivent opérer des changements afin d’en accélérer l’acceptation universelle, afin que les IDN puissent être utilisés de manière transparente dans n’importe quel environnement, » conclut Emily Taylor, principal auteur du rapport.