Selon de multiples sources, Microsoft aurait à nouveau revu ses objectifs et redéfini les contours de Windows 10X en l’orientant vers les machines les moins puissantes du marché.
Certes les incertitudes et la crise économique qui accompagnent la crise pandémique actuelle se prêtent aux changements de stratégie. Mais Microsoft semble de plus en plus naviguer à vue avec le futur Windows 10X. Annoncé en Octobre dernier, le système se voulait spécialement pensé pour animer une nouvelle génération de PC ultra-nomades à doubles écrans, nouvelle génération qui devait être inaugurée par la tablette pliable Surface Neo.
Windows 10X était alors présenté comme une version repensée en profondeur de Windows 10 et 100% containerisée. Notamment, toutes les applications historiques et classiques de Windows allaient désormais s’exécuter dans un « Container Win32 » qui ne serait chargé qu’à l’usage. La plupart des applications mobiles et modernes n’ayant pas besoin des couches ancestrales de Windows, les appareils sous Windows 10 se seraient révélés plus économes et plus agiles.
Encore un changement de plan
Mais depuis Octobre 2019, bien des événements sont venus bouleversés cette feuille de route. Le projet Surface Neo a été repoussé aux calendes grecques, Microsoft préférant focaliser ses efforts sur le smartphone Surface Duo sous Android.
Dans le même temps, on apprenait que Windows 10X ne serait plus dédié aux machines à double écran mais que l’objectif de Microsoft était d’abord de le finaliser pour des tablettes et ordinateurs à simple écran.
Selon plusieurs sources, Microsoft aurait encore fait évoluer sa stratégie concernant Windows 10X. Le problème se focaliserait autour du fameux « Container Win32 » destiné à assurer la compatibilité avec l’existant. Celui-ci se révèlerait tout simplement trop gourmand et réellement applicable qu’aux configurations relativement musclées.
Désormais, Microsoft aurait donc l’intention de lancer Windows 10X en 2021 sans le container Win32 ! L’idée désormais est de faire de Windows 10X un véritable concurrent de Chrome OS et de destiner le système à des machines minimalistes, connectées et économiques. C’est en réalité un retour à la case départ, puisque les premières réflexions autour de Windows 10X sont justement parties de ce besoin et des errements autour du bien triste « Mode S » de Windows 10.
Un Windows 10X recentré sur les PC pas chers mais peu performants
Après les relatifs échecs de Windows 10 « S Mode » (cette version de Windows qui n’autorise que les applications provenant du Windows Store) et de Windows on ARM, Microsoft semble avoir fini par comprendre qu’une machine Windows incompatible avec l’historique applicatif Windows ne séduit personne et n’a pas de place sur le marché.
Avec Windows 10X, dans sa conception d’origine, l’idée était d’avoir un nouveau Windows 10 allégé, moderne et facile à faire évoluer, en reportant tout l’historique « Win32 » dans une bulle containerisée. Mais l’éditeur semble s’être rendu compte que cette approche ne pouvait aujourd’hui se concrétiser que sur des machines Premium, qui n’auront probablement pas le vent en poupe dans les prochains mois avec la crise économique.
D’où le changement stratégique. Garder cette base moderne Windows 10X adaptée aux applications containerisées du Windows Store et aux applications Web (PWA) qui sont clairement une voie d’avenir et trouver une autre façon de délivrer la compatibilité… grâce au Cloud.
Vers un Windows hybride à moitié dans le cloud ?
Microsoft maîtrise largement la livraison en streaming des applications. Actuellement en bêta, le « Project xCloud » devrait être lancé à la rentrée pour permettre de jouer aux jeux Xbox sur n’importe quel appareil tout le rendu étant réalisé dans le cloud. Il pourrait sans doute être étendu aux jeux PC s’il le fallait.
Par ailleurs, Microsoft propose déjà aux entreprises d’héberger des PC dans le cloud via Azure Windows Virtual Desktop. Et cette solution est souvent perçue par les DSI comme une bonne approche aux problèmes de compatibilité et aux problèmes de performances des postes.
Toujours très bien informée, notre consoeur américaine Mary Jo Foley, en partie à l’origine des rumeurs sur les changements de stratégie autour de Windows 10X, a également dévoilé hier que Microsoft travaille sur un projet « Cloud PC », un nouveau service qui pourrait être rattaché à Microsoft 365, pour délivrer Office et les autres applications Windows via le cloud. C’est plutôt bien vu puisqu’un tel service permettrait de résoudre une bonne partie des problèmes de compatibilité et de performance de Windows 10X et de Windows on ARM sur les applications historiques Windows. À condition de disposer d’une connectivité satisfaisante, bien évidemment.
Windows 10X deviendrait ainsi un système bien plus orienté Web App et Cloud que le Windows 10 traditionnel des PC et pourrait mené à l’avènement de PC connectés, plus nomades, peu puissants mais très économes, et accessibles au plus grand nombre. Une machine finalement dans la droite ligne des Chromebooks, ciblant en priorité les usages occasionnels, les étudiants, etc.
Ces réflexions mouvantes autour de Windows 10X n’impactent pas directement Windows 10 qui continuera d’exister et d’évoluer dans les années à venir. Mais elles vont néanmoins avoir des effets de bord car les ressources de la division Windows ne sont pas illimitées. L’idée de Microsoft serait désormais de faire une mise à jour de Windows 10 (au lieu de deux) et une de Windows 10X par an. Et d’insuffler dans Windows 10 certaines innovations ergonomiques développées pour Windows 10X.
Selon les rumeurs, Windows 10X et le service « Cloud PC » sont désormais prévus pour une sortie en 2021. Et les plans pourraient encore évoluer en fonction de l’évolution de la pandémie et de ces impacts organisationnels et économiques.