Le docteur Laurent Alexandre, chirurgien urologue connu pour avoir lancé le site Doctissimo, a marqué les esprits lors d’une conférence intitulée  » hacker le cerveau » à Monaco en mettant en avant les progrès des neurosciences.

Lors des Assises de la Sécurité qui se déroulent cette semaine à Monaco, plus de 1200 personnes ont suivi la conférence sur les perspectives de dépendance à l’informatique de « l’homme augmenté ». L’ hybridation qui s’appuiera sur des prothèses en tous genres et des logiciels pour améliorer les performances de l’homme ou du moins les préserver, va devenir un vrai sujet de société. Au-delà des prouesses techniques, le docteur Laurent Alexandre soulignait qu’au cours du 21 ème siècle l’espérance de vie pourrait s’allonger d’au moins 20 ans, ce que ne manquera pas de soulever d’autres problèmes, comme ceux du financement des retraites et de la Sécurité sociale. On risque, selon lui, de passer « directement à une guerre politique entre bio-conservateurs et bio-progressistes, une sorte de prolongation du duel entre droite et gauche qui dure déjà depuis deux siècles. » Les progrès génétiques, les nanotechnologies et l’explosion de la robotique sont en train de remodeler l’humanité et l’accélération sera flagrante dans les années qui viennent. Appelées globalement NBIC pour Nanotechnologie, Biologie, informatique et sciences cognitives (Intelligence artificielle et science du cerveau), ces recherches tendent finalement à repousser l’inévitable mort.

Laurent-Alexandre

Preuve que le mouvement est bien lancé depuis la fin du 20 ème siècle, le séquençage de l’ADN, la capacité d’analyser les milliards d’informations contenues dans le patrimoine génétique, a permis déjà de cataloguer de nombreuses maladies et d’éviter des erreurs de diagnostic. Le prix d’un séquençage ADN personnel a été diminué de 30 000 fois ce qui ouvre des perspectives incroyables pour le futur. Le budget des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) dans ce domaine est important et rejoint le budget annuel du centre de recherche sur le génome US qui dépasse les 30 milliards de dollars annuels attribués à plus de 6 000 scientifiques en interne et concerne indirectement plus de 325 000 personnes qui travaillent dans les laboratoires et universités. Ces chiffres américains pour la recherche sont dépassés par l’ensemble des investissements réalisés par la recherche médicale et pharmaceutique dans le reste du monde avec les autres pays occidentaux suivis par la Russie, le Japon et la Chine.

Le danger de la pensée « hybride »

Dans le domaine de l’intelligence artificielle et celui de la recherche informatique, c’est Google qui mène le bal avec le rachat des différents laboratoires, une évolution souvent soulignée par InformatiqueNews.

Le directeur du développement de Google, Raymond Kurzweil, a déjà déclaré froidement dans une conférence sur les neurosciences : « Préparez-vous à la pensée hybride », une pensée basée sur le cerveau biologique aidée de prothèse google ; une démarche que l’on a déjà lorsqu’on va chercher des références en permanence sur Google.

Le risque d’une industrie privée trop en avance par rapport à la recherche publique est celle de la multiplication des brevets sur certains composants humains, un problème qui existe déjà avec les OGM dans l’agriculture mais qui ne va que s’amplifier sur d’autres domaines.