Commvault dévoile deux briques complémentaires : une interface d’IA conversationnelle pour piloter la protection des données à la voix ou au chat, et des Data Rooms pour exposer, de façon gouvernée, des jeux de données fiables aux plateformes d’IA. L’ambition : simplifier les opérations, rapprocher sauvegarde et usages analytiques, sans rogner sur la conformité. Pour les DSI, l’annonce dessine une trajectoire où la résilience devient actionnable et mesurable dans le même plan que l’activation des données.

Acteur historique de la protection des données en environnements hybrides, Commvault cherche à résoudre deux blocages récurrents côté IT : la complexité opérationnelle des tâches de sauvegarde et la difficulté à exposer des données secondaires « propres » aux projets IA sans recréer des pipelines à risques. Pour cela, l’éditeur lance deux nouvelles briques pour enrichir sa solution Commvault Cloud.

Deux briques au service de l’IA

La première dénommée « résilience conversationnelle » se veut plus qu’un chatbot : la solution IA orchestre des tâches autorisées au sein de Commvault Cloud. En pratique, elle repose sur un serveur MCP (Model Context Protocol) qui fait l’interface sécurisée entre Commvault Cloud et des assistants comme ChatGPT Enterprise ou Claude, afin que des actions effectives (vérifications, configurations, exécutions) puissent être lancées par requête en langage naturel, dans le périmètre des politiques internes. L’éditeur promet traçabilité, contrôle d’accès et absence d’entraînement des modèles tiers sur les données clients. Pour les DSI et RSSI, la solution promet un MTTD/MTTR réduit sur les opérations récurrentes, sans multiplier les consoles et en s’appuyant sur des outils conversationnels déjà maîtrisés des utilisateurs. Dans ses démonstrations, l’éditeur montre comment configurer la sauvegarde d’une instance DocuSign via un échange bref avec ChatGPT ce qui évite un long processus manuel enchaînant de multiples écrans. Un moyen finalement de remplacer les parcours manuels d’administration de la résilience par une interaction agentique, contrôlée et auditable où l’IA conseille et réalise. Le serveur MCP assure l’authentification, le chiffrement et l’application des politiques. Et chaque action est bien évidemment journalisée. Côté calendrier, l’accès privé anticipé débute en novembre à l’occasion de la conférence SHIFT 2025, et sera suivi d’un accès public en preview  début 2026 avant une disponibilité générale au printemps 2026.

La seconde innovation n’est autre que l’introduction de Data Rooms pour adresser l’autre versant de la résilience : transformer des sauvegardes en actifs « prêts pour l’IA » sans extraire anarchiquement des copies.
Depuis les référentiels on-prem ou cloud, des utilisateurs habilités peuvent aisément découvrir, classer et préparer des ensembles de données conformes, exportables vers des formats analytiques (Apache Iceberg, Parquet) et des plateformes comme Snowflake ou Azure, tout en conservant RBAC, chiffrement et pistes d’audit. Dit autrement, on peut exploiter l’immense richesse informationnelle des sauvergardes sans risque de réintroduire dans le SI des menaces pré-existantes. L’objectif est de raccourcir la distance entre protection, gouvernance et entraînement de modèles, sans créer de nouveaux silos. La fonctionnalité est en accès anticipé dès maintenant, la GA étant annoncée pour début 2026.

Des promesses… et des questions

Côté bénéfices, Commvault veut réduire la friction entre équipes backup, sécurité et data, en encadrant l’automatisation par des politiques et des contrôles audités. Pour les DSI, le gain potentiel est double : moins d’opérations manuelles et une meilleure qualité/traçabilité des ensembles de données exposés aux initiatives IA.
On peut ici saluer l’approche pragmatique de Commvault pour rendre l’interface plus efficace aujourd’hui tout en préparant une forme « d’agentic resilience » demain, c’est-à-dire des actions autonomes sous contrôle.
Toutefois plusieurs points resteront à éprouver : le périmètre réel des actions conversationnelles au lancement, la granularité des garde-fous, et l’effort d’intégration avec les écosystèmes IA existants dans chaque entreprise.

Reste que ces nouveautés s’inscrivent dans des tendances générales vers des couches d’automatisation et des connecteurs IA que l’on retrouve désormais chez tous les grands noms de la sauvegarde et de la cyber-résilience. La différence ici se joue sur l’industrialisation du contrôle : amener l’IA au plus près des opérations de backup/restauration tout en garantissant une gouvernance forte lorsque les données sortent vers l’analytique. Si Commvault parvient à tenir ses jalons et à prouver la robustesse du MCP et des Data Rooms en production, la frontière entre « data protection » et « data activation » pourrait s’estomper au sein des runbooks IT avec, à la clé, un nouveau terrain de comparaison pour les offres concurrentes sur la traçabilité, les formats ouverts et la simplicité d’usage.

« Chez Commvault, nous allons au-delà des simples interfaces conversationnelles pour activer ce que nous appelons la « résilience agentique » : l’IA peut agir de manière autonome au nom des équipes, en toute sécurité et transparence. En adoptant le Model Context Protocol, nous offrons aux entreprises l’infrastructure nécessaire pour automatiser les workflows de récupération et de protection dans le cadre du NIST Risk Management Framework : auditable, basé sur des politiques et contrôlé par les droits d’accès. C’est notre façon de concilier simplicité et confiance à l’ère de l’AI-Ops », conclut Pranay Ahlawat, directeur de la technologie et de l’IA chez Commvault.

 

À lire également :

Commvault renforce sa gamme HyperScale avec ‘Edge’ et ‘Flex’ pour doper la cyber-résilience

Naviguer entre les complexités du cloud et l’énigme de la cyber-résilience…

La stratégie de cybersécurité axée sur la résilience, un gage de réussite…

DORA, catalyseur d’une résilience “augmentée” par l’IA et l’automatisation… Lamine Bensaid, Appian

Cybersécurité et résilience : IA et tensions géopolitiques rebattent les cartes