Copilot prend vie avec Mico, le nouvel avatar capable de réagir, d’apprendre et de dialoguer comme un compagnon numérique. Entre prouesse technique et vertige émotionnel, Microsoft joue la carte de l’empathie artificielle. Et enrichit au passage Copilot de nouvelles fonctionnalités sociales…
Semaine après semaine, Microsoft continue de peaufiner l’expérience utilisateur de son IA Copilot. Après avoir introduit le mode Smart (très pertinent), le mode « Copilot Mode » dans Edge (également très réussi, qui le métamorphose en navigateur intelligent et agentique, capable de comparer des informations ou de réserver un service en ligne), et des fonctions comme Copilot Vision (qui voit l’écran en même temps que vous pour vous apporter une aide contextualisée) ou encore les Copilot Actions, Microsoft lance son avatar Mico, pensé pour rendre l’assistant plus humain, plus expressif et plus engageant.
Le fils caché de Clippy
Présenté comme une présence visuelle optionnelle, Mico réagit aux interactions, change de couleur selon le ton de la conversation et accompagne les échanges vocaux par des animations et des expressions. Mustafa Suleyman, directeur de Microsoft AI, résume cette ambition en une formule simple : « La technologie doit être au service des gens, jamais l’inverse »… Ce qui évidemment fera sourire tous ceux qui ont vécu les différentes évolutions de Windows avec des fonctionnalités pas toujours pensées pour l’utilisateur. Mais bon…
Les anciens de la micro ne manqueront pas de voir en Mico, le fils spirituel du célébrissime Clippy, le trombone animé des années 1990 qui accompagnait l’utilisateur d’Office 97. L’ombre de cette ébauche d’assistant (sans intelligence) plane encore sur l’imaginaire collectif. Et Microsoft assume d’ailleurs cette filiation avec humour : « Clippy a marché pour que nous puissions courir », plaisante ainsi l’un des VP de la firme. Mais là où Clippy se contentait de suggérer une aide technique, Mico se veut un compagnon plus chaleureux, capable d’« écouter, apprendre et gagner votre confiance ».
Un Copilot toujours plus utile
Cette volonté d’humaniser l’IA s’inscrit dans une stratégie plus large. La « Fall Release » (version d’automne) de Copilot Fall introduit en effet une série de nouveautés qui transforment l’assistant en véritable plateforme collaborative et personnalisée. Les Copilot Groups permettent désormais à trente-deux personnes de travailler ensemble dans une même session, avec un suivi automatique des discussions, des propositions de synthèse et même des votes intégrés.
La mémoire à long terme fait aussi son apparition : Copilot peut se souvenir d’informations importantes, comme un anniversaire ou un projet en cours, et les réutiliser lors de futures conversations.
Microsoft insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de capter toujours plus d’attention, mais de libérer du temps. « Nous ne construisons pas une IA qui optimise le temps d’écran, mais une IA qui vous ramène à votre vie », affirme Mustafa Suleyman. Cette philosophie se traduit aussi par des fonctions éducatives et de santé : avec Learn Live, Copilot devient un tuteur interactif qui guide pas à pas grâce à des questions et des tableaux blancs virtuels ; avec Copilot for Health, il oriente vers des sources médicales fiables et aide à trouver un professionnel adapté.
L’expérience s’étend également à Windows. L’activation vocale « Hey Copilot » permet de lancer une conversation à tout moment et préfigure un futur où l’on passera plus de temps à parler à son PC qu’à déplacer la souris.
Si certaines fonctionnalités sont déjà disponibles en Europe comme « Copilot Vision » ou encore « Copilot Mode for Edge », les autres fonctionnalités – dont Mico – ne sont pour l’instant déployées qu’aux USA et au Royaume-Uni. Microsoft promet un déploiement en France et en Europe dans les prochaines semaines.
Reste une interrogation : jusqu’où un avatar comme Mico peut-il renforcer le lien entre l’utilisateur et l’IA ? Certains observateurs soulignent le risque de relations parasociales, ces liens unilatéraux où l’on croit interagir avec un ami alors qu’il ne s’agit que d’une figure médiatique ou, ici, d’un programme. Car Mico vise à personnifier l’IA. Le risque est que l’utilisateur n’appelle plus l’IA pour l’aider à écrire une lettre ou pondre quelques lignes de programmation mais plutôt pour lui dire « j’ai besoin d’un ami, parle-moi ». Avec à la clé d’inquiétants phénomènes de dépendance à l’IA et d’addiction.
Entre promesse d’un compagnon numérique plus humain et crainte d’une dépendance affective, Mico incarne à la fois l’audace et l’ambiguïté de cette nouvelle génération d’assistants IA qui s’ancrent toujours un peu plus dans notre quotidien. Avec Copilot, Microsoft ne veut plus se contenter de proposer un outil IA, mais cherche à installer une véritable présence, capable de transformer la manière dont nous interagissons avec nos ordinateurs. Avec à la clé une nouvelle expérience informatique… et de nouveaux risques.





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