L’innovation est-elle l’apanage des startups ? Depuis l’explosion de la bulle Internet, les grandes entreprises se sont lancées dans une course effrénée aux acquisitions.

S’il est assez difficile de définir ce qu’est l’innovation, il est peut-être plus difficile à une entreprise établie de créer les conditions pour être innovante. A l’inverse, une startup n’est pas nécessairement innovante. Toutefois, si l’on regarde ce qui se passe dans le secteur high tech depuis une quinzaine d’années, force est de constater que l’innovation se trouve plus chez les startups que dans les grands groupes. C’est ce paradoxe que met en lumière l’article Why Companies stop innovating selon lequel, malgré des ressources importantes, les grandes entreprises seraient moins innovantes que les startups.

Une entreprise est une entreprise stable conçue pour exécuter un business model répétable et pouvant être multiplié (A company is a permanent organization designed to execute a repeatable and scalable business model). Une startup est une organisation à la recherche d’un business model.

On peut trouver un produit ou service innovant mais ce n’est pas suffisant pour réussir. Il faut savoir le vendre. Ce fut le cas de Google qui une fois après avoir mis son fameux moteur d recherche, elle a eu un moment d’interrogation pour savoir comment le commercialiser ? Elle avait pendant un temps pensé le commercialiser comme une licence de logiciels. Et c’est ensuite que l’idée de vendre des mots clés est apparu et a fait la fortune de la firme de Mountain View que l’on sait.

Le rachat à cadence renforcée d’entreprises auxquelles se sont livrés les géants du secteur depuis une quinzaine d’années pourrait laisser à penser que l’innovation a déserté leurs laboratoires.  Mais, Google qui est sans doute une des entreprises les plus innovantes et qui a été créée il y a moins de 16 ans est la société qui a fait le plus d’acquisitions depuis l’an 2000 : 146. Google a procédé à sa première acquisition en 2001, moins de trois ans après sa création. Il s’agissait de « Déjà », une société spécialisée dans les groupes de discussions dont le produit a été intégré aux Google Groups. La première transaction dont le montant a été connu est celle d’Applied Semantics en 2003 pour un montant de 102 M$, une somme importante à l’époque pour Google dont le chiffre d’affaires en 2002 avait atteint 439 M$. Applied Semantics était spécialisée dans la publicité en ligne et ses technologies ont été intégrées à AdSense et AdWords.

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Mais les acquisitions peuvent avoir des objectifs très différents. Le rachat de l’activité conseil de PwC en 2002 pour 3,5 milliards de dollars permettait à IBM d’accélérer son développement dans le domaine des services. Tout comme celui de Perot System par Dell en 2009. Le rachat de PeopleSoft par Oracle en 2005 pour 10,5 milliards de dollars permettait à la firme de Larry Ellison de « tuer » un concurrent et d’acquérir un parc de clients d’un seul coup. L’absorption de Nokia par Microsoft ou celle de l’activité mobile de Motorola par Google permettait aux deux acteurs d’entrer sur un marché en forte croissance : le mobile. Sauf que développer et commercialiser du matériel et du logiciel sont deux activités bien différentes. Google l’a d’ailleurs compris en revendant Motorola à Lenovo seulement deux ans après le rachat. L’acquisition de Sun Microsystems par Oracle en 2007 n’a pas été un succès.  Evidemment, on peut se demander ce que Sun serait devenu si elle était restée indépendante alors qu’elle était en perte de vitesse.

Le développement rapide des technologies et l’intense compétition poussent, voire obligent, les grands du secteur à accélérer les acquisitions faute de ne pas être dépassé par les concurrents. L’acquisition de la société SoftLayer Technologies pour 2 mds$ en 2013 par IBM est significative et n’est pas sans poser de question. Pourquoi Big Blue n’a pas été en mesure de développer ses propres technologies pour un pilier essentiel de sa stratégie : le cloud computing.