Cyber-diplomatie : Chine, Etats-Unis mais pas seulement
Loïc Guezo, Cybersecurity Strategist – Trend Micro
L’Internet est-il devenu le nouvel espace de confrontation des pouvoirs ? Loïc Guezo rappelle que « Depuis sa création en 1998 l’ICANN était par construction sous dominance américaine. Mais les dernières années ont vu cette position très challengée, notamment par la Chine. En 2013 », poursuit-il, « suite aux premières révélations Snowden sur la surveillance de masse effectuée par la NSA, le monde entier, prenant conscience de sa dépendance d’un Internet gouverné de facto par les Etats-Unis, a exprimé sa perte de confiance dans les systèmes de gouvernance actuels et une volonté forte de les rééquilibrer, au profit de tous, dans le manifeste de Montevideo sur le futur de la coopération Internet ».
Concernant les rapports Etats-Unis/Chine, on doit noter la part grandissante des aspects cyber dans toutes les dernières réunions bilatérales diplomatiques de l’année 2015, mais aussi, multilatérale, comme en marge de la COP21 de Paris. Il précise que « si l’on parle désormais favorablement de cyber-diplomatie, il ne faut pas oublier que le cyber est désormais partie prenante de tous les conflits ou confrontation géopolitique, notamment des attaques ciblées gouvernementales ».
Le cas récent de piratage de l’Office de Gestion du Personnel américain (OPM), rendu public en juillet 2015 et attribué par les Etats-Unis à la Chine, a servi de fil rouge à cette démonstration. « Face à l’ampleur d’un piratage, qui concerne les données personnelles de plus de 20 millions d’agents du gouvernement américain, dont des entretiens classifiés pour l’obtention de postes sensibles liés à la sécurité nationale, ou des relevés d’empreintes digitales – ce qui est inédit – les Etats-Unis et la Chine se sont retrouvés autour d’une table pour négocier et sortir par le haut en annonçant avoir trouvé un terrain d’entente : arrestations de hackers en Chine, définition de lignes de bonne conduite sur le commerce… en termes très diplomatiques ».