L’intelligence artificielle accélère tout : données, calculs, innovations. Pour suivre le rythme, il faut repenser les architectures IT pour les rendre plus flexibles. L’une des pistes essentielles réside aujourd’hui dans le « stockage désagrégé ».
L’essor de l’intelligence artificielle transforme radicalement les infrastructures IT. Les charges de travail explosent, les modèles se multiplient, les besoins en calcul et en stockage atteignent un nouveau seuil critique. Face à ces défis, les entreprises doivent repenser leur socle technologique. L’une des réponses les plus pertinentes aujourd’hui : l’infrastructure désagrégée.
En séparant les briques fondamentales – calcul, stockage, réseau – ce modèle offre performance, agilité et maîtrise des coûts. Mais il reste entouré de nombreuses idées reçues.
Un modèle déjà éprouvé à grande échelle
Contrairement aux apparences, le stockage désagrégé n’est pas une nouveauté. Il s’inscrit dans une évolution structurelle amorcée dès l’ère des mainframes, puis industrialisée par les hyperscalers. Ces derniers ont adopté cette logique pour mieux exploiter les ressources, faire évoluer leurs architectures plus vite et plus efficacement, et réduire leur TCO. Aujourd’hui, cette approche, d’abord popularisée par les hyperscalers, gagne du terrain dans l’ensemble des environnements cloud et des entreprises de toutes tailles.
Dans les infrastructures traditionnelles, le moindre besoin d’évolution impliquait souvent de remplacer ou d’ajouter un serveur complet, même si seule une ressource – comme le calcul ou le stockage – devait être mise à l’échelle. En découpant les composants, l’infrastructure désagrégée permet de mieux dimensionner chaque brique en fonction des besoins, évitant ainsi la sur-provision et maximisant l’efficacité globale.
Une technologie déjà mature
La technologie NVMe over Fabrics (NVMe-oF) est aujourd’hui au cœur de cette évolution. Elle permet une communication ultra-rapide entre serveurs et unités de stockage via des réseaux Ethernet ou InfiniBand. Résultat : des temps de latence réduits, un débit constant, et une infrastructure plus flexible. Ce n’est pas un pari sur l’avenir, mais un standard déjà éprouvé dans les environnements les plus exigeants.
Solutions ouvertes ou propriétaires : un choix déterminant
Face à cette évolution, certaines entreprises sont tentées de se tourner vers des solutions propriétaires, séduites par leur simplicité apparente. Mais cette facilité initiale cache souvent une dépendance technologique coûteuse. Ces solutions enferment l’infrastructure dans un écosystème fermé, freinent son évolution et limitent l’interopérabilité.
À l’inverse, les approches ouvertes offrent une liberté essentielle : adopter des solutions interopérables, faire évoluer son architecture à son rythme, et bénéficier d’un écosystème riche et compétitif. Cela facilite également l’adoption du stockage désagrégé par des entreprises disposant de ressources techniques limitées – à condition toutefois de s’appuyer sur les bons partenaires technologiques.
L’orchestration, moteur de performance
Autre point de crispation : la supposée complexité des couches d’orchestration. Certes, orchestrer une infrastructure désagrégée nécessite des outils adaptés. Mais loin d’être un obstacle, c’est ce qui permet de composer dynamiquement des environnements sur mesure, en fonction des priorités métier et des charges. L’orchestration automatise les opérations, améliore l’utilisation des ressources et assure une agilité continue. Dans un contexte où les usages évoluent rapidement, cette capacité d’adaptation est plus que jamais stratégique.
Une réponse technique et économique à l’ère de l’IA
Le stockage désagrégé permet de rompre avec la logique de sur-provisionnement. Plutôt que de dimensionner chaque serveur pour des pics d’activité ponctuels, les ressources sont mutualisées et ajustées en temps réel. C’est un levier concret pour optimiser les coûts, réduire l’empreinte carbone, et répondre aux impératifs de sobriété numérique.
Au-delà de la technique, il s’agit d’un véritable changement de paradigme. Le stockage désagrégé ouvre la voie à des infrastructures composables, élastiques et pérennes, capables d’évoluer au rythme des innovations IA sans dépendre d’un fournisseur unique ni alourdir les budgets.
Construire un socle prêt pour demain
À mesure que l’IA devient un moteur de transformation dans tous les secteurs, les infrastructures doivent cesser d’être un frein. Le stockage désagrégé est l’un des piliers d’un modèle plus agile, scalable et efficient. Mieux le comprendre, c’est permettre à son organisation d’anticiper, de s’adapter et d’innover avec sérénité.
____________________________
Par Nicolas Frapard, directeur senior des ventes Europe, secteurs BtoB et BtoC chez Western Digital