Le CA qu’Apple a réalisé avec l’iPad a diminué quatre fois en 5 trimestres. Est-ce la raison qui a poussé Apple a signer un accord avec IBM ? Le marché des tablettes est-il arrivé à saturation ? Il a fallu quarante ans pour que les ventes de PC dépassent les 200 millions d’unités par an dans le monde, il a fallu 4 ans pour les tablettes[1]. La création d’un nouveau segment de marché n’est pas chose facile et il faut que les produits correspondent aux besoins (naturels ou créés par les fournisseurs cf Nespresso). On l’a vu avec les Netbooks que les constructeurs ont poussés et qui finalement n’ont pas réellement émergé. D’autant que les PC portables se faisaient de plus légers et maniables avec des prix e baisse pour les modèles d’entrée de gamme.
Lorsqu’il a lancé l’iPad, Steve Jobs avait déjà inondé le marché avec ses iPhones. Mais la tablette d’Apple s’est révélée être un succès quasi immédiat, bénéficiant du succès des précédents « iEquipements » de la marque à la pomme. Et pourtant, il a créé un des marchés qui a connu la plus forte croissance jamais connue. Comme pour l’iPhone, les concurrents de l’iPad se sont engouffrés dans la brèche proposant, eux aussi, leur propre terminal avec des variantes notamment sur le format allant de 7 à 10 pouces. Certes les ventes ont explosé mais avec comme conséquence logique une saturation plus rapide du marché. De leur côté, les PC portables ont continué à évoluer notamment avec l’apparition de modèles hybrides – mi portable, mi tablette – tout comme les smartphones dont certains modèles ont vu leur écran s’agrandir mimiquant ainsi leurs grandes cousines. Une enquête du cabinet Technalysis Research a interrogé 1000 utilisateurs américains sur la répartition entre les trois plates-formes de leur temps pour accomplir 22 tâches incluant la navigation sur Internet, la consultation des réseaux sociaux, la gestion des mails ou encore regarder la télévision. Le résultat est assez clair et montre que le PC vient en tête avec 37 % du temps devant le smartphone (26%) et la tablette (seulement 11%).
Ces évolutions ont ainsi transformé le statut des tablettes qui sont peuvent être désormais plus perçues comme un objet d’agrément que comme un outil de nécessité comme le smartphone ou le PC. De telle sorte que les résultats d’Apple ont été largement impactés par ces récentes tendances. Au 3e trimestre de l’exercice fiscal (clos le 28 juin), les ventes d’iPhones ont connu une croissance de 13 % (en unités) par rapport au même trimestre de l’exercice précédent, celles de Mac de 18 % alors que les ventes de iPad ont diminué de 9 %. Globalement, Apple ne s’en pas trop mal avec un chiffre d’affaires pour le trimestre de 37,4 milliards de dollars en augmentation de 6 % par rapport au même trimestre de l’exercice précédent et un bénéfice net de 7,7 mds$ (+ 12%).
Dans un tel contexte, l’accord signé avec IBM autour d’iOS se comprend d’autant mieux même s’il n’est pas sans poser quelques questions. D’abord, alors que la tendance BYOD semble de confirmer[2], n’est-il pas un peu problématique de s’attacher sur un OS alors que le BYOD appellerait plutôt une approche neutre, ouvert à tous les environnements (Android, Windows Phone, Blackberry) et sans en privilégier aucun. Ensuite, les faiblesses d’iOS en matière de sécurité sont encore plus problématiques pour des applications en entreprise que pour une utilisation par le grand public. Enfin, l’expérience d’IBM en matière de gestion de parc de mobiles n’est pas encore très affirmée. Pour IBM, l’accord est évidemment un moyen de développer ses offres de cloud.
Ce sont également ces incertitudes qui ont sans doute poussé Microsoft à sursoir la sortie d’une nouvelle tablette Surface offrant un écran plus petit. Sachant qu’en plus Microsoft a bien du mal à s’imposer sur ce marché et qu’il y perd de l’argent.
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[1] Selon le cabinet IDC, les ventes de tablettes ont atteint 219 millions d’unités en 2013.
[2] Selon le cabinet Strategic Analytics, le BYOD devrait représenter les deux-tiers du marché des smartphones en entreprise.