Hortonworks, l’un des trois Mousquetaires du mouvement hadoop avec MapR et Cloudera, s’introduit en bourse et symbolise le succès du big data qui s’impose désormais comme l’un des vecteurs majeurs de la transformation numérique.
Pour cette introduction au Nasdaq qui doit intervenir le 12 décembre, Hortonworks propose 6 millions d’actions à une valeur comprise entre 12 et 14 dollars pour un montant global compris entre 72 et 84 M$. Ce qui valorise l’entreprise aux environs de 500 M$ loin du milliard de dollars qui avait été avancé par certains investisseurs et qui donne le qualificatif d’Unicorn aux startups qui atteigne ce seuil. Selon la société TechNavio, le marché hadoop incluant ventes de licences et de services dépasserait 2 milliards de dollars en 2018 (Top 16 Hadoop Technology Companies).
La société avait déjà levé quelque 200 millions d’euros en plusieurs tours de table. Hortonworks a été créée par des anciens de Springsource en juin 2011 et financée au départ par Yahoo et Benchmark Capital avec 23 millions de dollars. La société est enregistrée dans le Delaware – un des états paradis fiscaux des Etats-Unis alors qu’elle basée à Palo Alto en pleine Silicon Valley – et emploie des contributeurs au projet Open Source hadoop ce qui en fait un des plus grands contributeurs à la plate-forme. Le nom de l’entreprise vient de Horton the Elephant, un des personnages des livres pour enfants Horton Hatches the Egg and Horton Hears a Who!.
Plusieurs acteurs de poids ont fait le choix de la distribution hadoop tels que Microsoft, SAP, Teradata ou Rackspace. Hortonworks a choisi le modèle 100 % open source dans lequel les revenus sont exclusivement générés par le support et la formation. Elle ne propose pas de version commerciale d’hadoop contrairement à Cloudera par exemple qui commercialise des versions propriétaires baptisées Cloudera Manager and Cloudera Navigator. De même, MapR commercialise des modules apportant des fonctionnalités complémentaires à la plate-forme de base hadoop.
Hortonworks fait état d’un chiffre d’affaire de 33 millions de dollars sur les neuf premiers mois 2014, plus du double de ce qu’elle a réalisé l’année dernière. Mais, les trois premiers clients d’Hortonworks (Yahoo, Microsoft et Teradata) représentent près de 40 % du chiffre d’affaires, une situation que n’apprécient pas trop les investisseurs. L’autre problème est que la société brule du capital trop rapidement par rapport à ses revenus. Face à ces 33 M$, elle en a dépensé 87 M$.
Certains questionnent le côté prématuré de cette introduction en bourse, trois ans seulement après la création de la société (Lire l’article bien documenté : Why The Hortonworks IPO Could Jeopardize Other Big Data Companies). Certains investisseurs pensent que la société aura des difficultés à de développer en tant que société cotée en bourse face à la tyrannie des marchés financiers. Et dans le monde open source, Red Hat est la seule société à avoir vraiment réussi ce passage en bouse depuis 15 ans.
Pourquoi donc cette introduction, alors que l’entreprise possède encore plus de 110 millions de dollars de liquidités lui permettant de tenir encore un moment ? Rappelons que MapR a levé 160 M$ et Cloudera 900 M$ dont 740 M$ via Intel Capital.
Pour comparer les trois acteurs majeurs d’hadoop, M.C. Srivas, CTO et co-fondateur de MapR propose une analogie avec Linux (« hadoop va devenir le standard des données ») : « Pour comparer les trois concurrents que vous mentionnez, on peut utiliser une analogie dans le domaine des systèmes d’exploitation. Dans le monde Linux, vous avez trois principaux fournisseurs de distribution : Debian, Ubuntu et Red Hat. Debian est le produit de choix si vous travailler sur le développement Linux. Hortonworks est l’équivalent de Debian. Si vous voulez utiliser Linux sur un portable en tant qu’utilisateur peu familier des technologies, Ubuntu est le produit de choix. Grâce à de nombreux ajouts en matière d’administration, d’outils pour faciliter l’installation, la configuration, l’utilisation, cloudera est le produit hadoop le plus simple d’utilisation. Cloudera a retenu la même approche. Au niveau du data center, Red Hat Linux est le système le mieux adapté. Pour des besoins comparables en matière de gestion des données, MapR est le mieux placé en termes de coûts, de fiabilité, de performances… ». MapR ne serait-elle pas celle des trois qui aurait le business model le plus rationnel ? (Hortonworks Big Data IPO: Where Are The Margins?).