Intel a officialisé la semaine dernière ses nouveaux processeurs mobiles « Panther Lake », dénommés en réalité Intel Core Ultra Serie 3. Bien plus qu’un nouveau processeur, Panther Lake est pour Intel le symbole de sa reconquête industrielle. Explications…

Certes les premiers PC équipés des processeurs Panther Lake ne seront pas dévoilés avant le CES en janvier 2026 et n’arriveront sur le marché qu’au second trimestre 2026. Mais en dévoilant très officiellement ses Panther Lake, Intel officialise aussi sa première chaîne de production (en Arizona) conçue pour sa nouvelle technologie de gravure 18A qui lui permet pour la première fois depuis deux décennies de reprendre un peu d’avance sur ses concurrents TSMC et Samsung.

Le nouveau procédé 18A

Pour Intel, 18A est synonyme de reconquête. Le procédé de fabrication Intel 18A représente l’une des étapes les plus ambitieuses de la feuille de route industrielle de la division Intel Foundry et destinée à lui permettre de redevenir le leader de la gravure. Derrière ce nom se cache une technologie de gravure équivalente à 1,8 nanomètre, qui combine deux innovations majeures : les transistors RibbonFET (la version Intel du Gate-All-Around FET, successeur du FinFET) et l’interconnexion PowerVia, qui alimente les transistors par l’arrière de la puce. En clair, Intel ne se contente pas de réduire la taille des transistors, il réinvente la manière de les alimenter et de les organiser.

Concrètement, 18A implique une densité de transistors bien plus élevée, permettant d’intégrer davantage de puissance de calcul dans une surface réduite. Cette finesse de gravure réduit aussi la consommation énergétique, car les électrons parcourent des distances plus courtes et les fuites électriques sont mieux maîtrisées. L’arrivée de PowerVia, en particulier, libère de l’espace sur la face avant du silicium pour optimiser les performances et simplifier la conception des circuits. Comme le résume un ingénieur d’Intel : « Avec PowerVia, nous dégageons de l’espace pour la performance. Chaque millimètre carré compte, et nous venons d’en libérer des millions ».

Les avantages attendus sont multiples. D’abord, une efficacité énergétique accrue, essentielle pour les ordinateurs portables et les serveurs où chaque watt compte. Ensuite, une hausse significative des performances, grâce à des fréquences plus élevées et une meilleure gestion thermique. Enfin, 18A ouvre la voie à une plus grande flexibilité architecturale, car il facilite l’intégration de chiplets hétérogènes (CPU, GPU, NPU) dans un même package, tout en maintenant un haut niveau de rendement.

Panther Lake : l’arme du retour

Panther Lake incarne une synthèse ambitieuse entre performance et efficacité énergétique. Il combine les atouts de Lunar Lake, reconnu pour sa faible consommation et son puissant NPU, et ceux d’Arrow Lake, plus orienté vers la puissance brute. Intel promet jusqu’à 50 % de gains en performance CPU et GPU par rapport à Lunar Lake, sans sacrifier l’autonomie.

Côté architecture, Panther Lake repose sur une conception en chiplets, avec des cœurs haute performance (P), des cœurs efficaces (E) et des cœurs ultra-basse consommation (LP-E). Il intègre également une évolution de l’unité de traitement neuronal (appelée NPU5) et surtout une puce graphique Xe3, capable de gérer le ray tracing et la génération de frames artificielles.

Pour l’instant, la famille Panther Lake se décline en 3 packages différents : le modèle de base embarque 8 cœurs CPU (4 P, 4 LP-E), 4 cœurs GPU et un NPU. Le modèle intermédiaire embarque 16 cœurs CPU (4 P, 8 E et 4 LP-E) et 4 cœurs GPU, plus le NPU. Le modèle le plus performant embarque 16 cœurs CPU et un GPU boosté à 12 cœurs plus le NPU.

 

Côté CPU, on notera l’abandon de l’hyper-threading SMT. Stephen Robinson, architecte principal des cœurs x86 chez Intel, explique que « le SMT n’a plus autant de valeur quand on utilise des cœurs hybrides. Une fois que les tâches sont réparties entre les cœurs P et E, les threads ne sont plus qu’un supplément sur le gâteau ». Cette simplification permet de réduire la taille des puces, d’abaisser leur consommation et d’atteindre plus facilement les fréquences visées : « On obtient quelque chose de plus simple, moins coûteux et potentiellement plus rapide » ajoute Stephen Robinson.

Côté GPU, La nouvelle génération baptisée Xe3, marque une rupture nette avec les itérations précédentes. Plus qu’une simple évolution, c’est une refonte pensée pour l’ère du ray tracing et de l’intelligence artificielle embarquée. La nouveauté la plus marquante réside dans la prise en charge avancée du ray tracing matériel et de la frame generation (génération artificielle d’images intermédiaires), deux technologies qui étaient jusqu’ici réservées aux cartes graphiques dédiées. Cela permet non seulement d’améliorer la qualité visuelle dans les jeux, mais aussi d’accélérer les applications créatives et professionnelles, du rendu 3D à la simulation scientifique. On notera quand même la très grande différence de performance entre le modèle haut de gamme (et ses 12 coeurs GPU) et les autres (limités à 4 coeurs GPU seulement). Sur la version 12 coeurs, Intel annonce 50% de gain de performance face au meilleur des Lunar Lake.

Côté IA, Intel classe son NPU5 à 50 TOPS (contre 48 TOPS pour le NPU des Lunar Lake) mais continue de rappeler que l’intérêt premier du NPU est l’efficience mais que la conception originale de ses puces et de ses bibliothèques IA est de combiner CPU, GPU et NPU pour atteindre sur Panther Lake une puissance de 180 TOPS pour des besoins spécifiques et immédiats de puissance IA. Quoiqu’il en soit, tous les PC « Panther Lake » seront bel et bien des « Copilot+ PC » compatibles avec les fonctionnalités IA avancées de la dernière version de Windows 11.

Reste à voir si les promesses marketing tiendront face aux benchmarks indépendants et à la réalité du marché. Intel ne peut se permettre de se louper alors que la concurrence s’annonce très rude avec d’un côté AMD qui fait le forcing sur les SoC mobiles notamment des nouveaux PC « consoles de jeux portables » et de l’autre Qualcomm dont les nouvelles puces Snapdragon X 2 Elite promettent beaucoup de performance avec une consommation batterie très faible à nos Copilot+ PC.

 

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