Meta ne veut plus seulement des chatbots : elle veut des agents qui font le job, du brief au résultat. Manus AI, star agentique 2025 capable d’enchaîner code, data et opérations sans supervision constante, devient sa pièce maîtresse pour passer à l’échelle via WhatsApp et l’écosystème Meta. Le groupe américain s’offre une machine à automatiser et prépare une guerre des agents où la distribution comptera autant que les modèles.

C’est l’une des stars de l’IA qui ont émergé en 2025. Manus AI, pionnier des agents IA généralistes, s’est imposée comme l’une des startups d’IA les plus commentées de l’année. La plateforme s’est fait connaître pour ses étonnantes facultés à agir de manière autonome, en enchaînant des tâches complexes sans supervision humaine constante. Manus est un « moteur d’action », un agent capable de transformer le raisonnement des grands modèles de langage en actions concrètes dans des environnements numériques réels. Cette approche a rapidement séduit les développeurs qui l’ont adopté en masse à une époque où Claude Code ou OpenAI Codex n’était encore que des previews tout comme l’étaient les modes « Deep Research » de ChatGPT, Gemini ou Claude. Manus est capable de mener des recherches de marché complètes, d’écrire et de tester du code, d’analyser des jeux de données ou encore d’orchestrer des workflows numériques de bout en bout. Là où d’autres outils se contentent de suggérer, Manus exécute. Cette promesse d’automatisation avancée lui a permis de se distinguer sur plusieurs benchmarks d’agents IA, notamment GAIA, et de générer, selon les informations officiellement publiées, environ 125 millions de dollars de revenus en 2025.

Manus est à l’IA agentique ce que DeepSeek est à l’IA générative à raisonnement. « Un de ces moments IA de 2025 venus de Chine » où les américains se sont mis à douter de leur supériorité technologique !

Alors autant dire que l’annonce du jour secoue l’écosystème de l’IA : Meta va acquérir Manus AI !

Une acquisition stratégique et très structurante

Contrairement à certaines opérations récentes limitées à des accords de licence ou à des « acqui-hires », Meta rachète l’entreprise dans son intégralité. Manus continuera toutefois à opérer son service existant de manière indépendante, via son application et son site web, tout en étant progressivement intégré aux produits et services du groupe américain.

Les détails financiers de la transaction n’ont pas été révélés (mais les analystes américains situent la transaction autour de 2 milliards de dollars). L’opération s’accompagne de changements géopolitiques notables. Manus, fondée en Chine avant d’être relocalisée à Singapour, rompt ses liens avec ses investisseurs chinois et met fin à ses activités en Chine continentale, avec le départ de ses équipes locales. Le cœur de l’entreprise, son équipe et sa gouvernance restent cependant en place, avec la volonté affichée de ne pas perturber les clients existants.

L’acquisition sera sans doute l’une des clés de 2026 alors que l’IA d’entreprise va commencer à concrétiser la bascule promise par le marketing des géants de l’IA durant toute l’année 2025 : l’adoption de l’IA « agentique » capable non plus seulement de répondre, mais d’exécuter des tâches de bout en bout. Un territoire exploré par les agents IA généralistes, ces systèmes qui enchaînent recherche, planification, actions (API, navigateur, outils métiers) et restitution, avec une supervision humaine allégée.

Pourquoi Manus change la donne pour Meta

Pour Meta, cette acquisition dépasse largement le simple renforcement de son portefeuille IA. Le groupe cherche depuis plusieurs années à aller au-delà des assistants conversationnels pour développer des agents capables d’exécuter des tâches complexes à grande échelle. Le groupe veut industrialiser l’IA à l’échelle de ses plateformes et de ses usages business au premier rang desquels WhatsApp et son empreinte SMB (small & medium business), un terrain de jeu idéal pour des agents orientés exécution. Manus apporte précisément cette expertise : une technologie déjà éprouvée, orientée vers l’action, et pensée pour fonctionner dans des environnements professionnels exigeants.

En intégrant Manus, Meta se dote d’un socle technologique clé pour déployer des agents IA auprès de milliards d’utilisateurs et de millions d’entreprises. Car Meta dispose de l’arme ultime que ses concurrents n’ont pas : la distribution. En injectant un agent dans WhatsApp, Instagram, Facebook et dans l’outillage « business », Meta met la main sur le « dernier kilomètre numérique », là où une recommandation se transforme en action (support, vente, campagne, transaction). L’acquisition marque ainsi une étape décisive dans la stratégie de Meta, qui ambitionne de faire de l’IA agentique un pilier central de ses futurs produits, bien au-delà de ses réseaux sociaux.

Meta a besoin de muscler son jeu face aux leaders de l’IA et semble désormais poursuivre une stratégie IA très opérationnelle. Elle a acquis PlayAI (spécialiste de la génération de voix et de la réplication vocale) en juillet 2025, WaveForms (spécialiste de l’expressivité et de l’audio « émotionnel ») en août 2025, Limitless (qui développait des pendentifs et autres wearables capables de transcrire et résumer les conversations) en novembre, et a acquis 49% de participation dans Scale AI (qui fournit données et outils pour développer, entraîner et déployer des systèmes IA).

Le groupe américain compte « opérer et commercialiser » le service Manus, tout en l’intégrant dans ses produits grand public et professionnels, Meta AI inclus. Il affirme vouloir assurer cette intégration en musclant « les garde-fous » et insiste sur la coupure complète des intérêts de propriété chinois après la transaction, avec l’arrêt des opérations en Chine et la relocalisation des équipes concernées. Le groupe précise également que les employés rejoignant Meta n’auront pas accès aux données collectées auprès des clients et rappelle des pratiques de géo-restriction d’accès à certains modèles.

Sur le fond, l’acquisition de Manus marque une nouvelle étape vers des agents plus intégrés aux canaux de communication et aux parcours client. De quoi donner une bonne idée des guerres agentiques qui vont commencer à se jouer dès 2026…

 

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