C’est de manière assez discrète dans un blog de l’entreprise que Bill Hilf, Senior VP et General Manager d’HP Cloud a indiqué que l’entreprise jetait définitivement l’éponge dans le cloud public et chercherait des partenariats stratégiques dans ce domaine.

La stratégie d’HP dans le cloud n’a jamais été très claire. Au début il n’était question que de fournir les pelles et les pioches de la ruée vers le cloud. En 2010, alors qu’Amazon était solidement présent sur ce marché et que Microsoft construisait son offre Azure, HP était toujours en retrait. « 80 % de notre activité dans le cloud concernera à proposer une offre de solutions matérielles, logicielles et de services permettant à nos clients de construire une infrastructure IaaS, 10 % visera à fournir des services cloud comme par exemple une solution Data base as a service et les 10 % consistera à fournir des logiciels maison – principalement d’administration et de supervision sous forme Software as a Service (SaaS) », expliquait à l’époque Philippe Roux, responsable marketing solutions d’entreprise d’HP en introduction aux annonces du jour.

En clair, HP n’entendait pas alors devenir un opérateur de cloud public, mais offrir les briques de base aux opérateurs de services cloud pour qu’ils puissent leur propre data center (Rebecca Lawson, Director cloud marketing initiatives chez HP : Les trois piliers du cloud computing chez HP). Sur ce point, HP a réussi puisqu’il est le premier fournisseur

Sortant de cette stratégie défensive, HP s’est donc lancé dans la course avec ses offres HP Cloud et HP Helion en espérant rattraper le retard sachant que comme le dit la chanson de Barbara : « Que tout le temps qui passe, Ne se rattrape guère…, Que tout le temps perdu, Ne se rattrape plus !

Ensuite, HP a fait preuve d’une communication assez chaotique. En avril dernier, le même Bill Hilf a annonçait que le constructeur se retirait de ce marché. « Nous pensions que les gens allaient nous acheter ou nous louer du cloud computing. II s’avère que cela n’a aucun sens pour nous de persévérer », expliquait celui qui fut jusqu’en juin 2013, le responsable de Windows Azure chez Microsoft (HP abandonne le cloud public). Pour ensuite se rétracter en expliquant qu’il avait été mal compris « la semaine dernière, une citation de mes propos dans les médias tirait l’interprétation selon laquelle HP se retirait du marché du cloud public. Ce n’est pas le cas ».

En mai 2015, Le Gartner a tout simplement retiré HP de son fameux quadrant magique Cloud Infrastructure as a Service. Dans le précédent quadrant, HP était classé comme un acteur de Niche la moins prestigieuses des catégories. Dans celles des leaders, il ne reste que 2 acteurs : AWS et Microsoft. IBM et Google, qui constituent la bande des quatre, avec Amazon et Microsoft sont assez loin derrière.

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S’il abandonne le cloud public, que va faire HP ? D’abord, HP va développer ses offres de cloud privé et de services managés. « Nous allons continuez à investir dans notre plate-forme Helion OpenStack qui est la fondation de l’offre HP Helion CloudSystem dont la croissance est à deux chiffres ». HP va se concentrer à construire une offre de cloud hybride avec d’un côté ses propres ressources de cloud privé et de l’autre des partenariats avec les grands acteurs du cloud public. HP aurait pu céder proposer à ses clients de migrer vers RackSpace qui est également construire sur la plate-forme OpenStack mais HP n’a rien indiqué à ce sujet.

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La course au cloud public est une activité qui nécessite des investissements considérables. HP a sans doute perdu une année à organiser la scission qui va intervenir le 1er novembre prochain. L’entreprise sera séparée en deux sociétés : HP Inc qui vendra des PC et des imprimantes et HP Entreprise qui commercialisera le reste à savoir les serveurs, systèmes de stockage et équipement de réseaux, les logiciels et les services financiers et sera, comme son appellation, le suggère, visera exclusivement le marché de l’entreprise.

AWS tient largement la tête du cloud public

Sur ce marché du cloud public, Amazon Web Services est parti le premier – en 2006 – et a ainsi acquis une avance assez considérable. Au troisième trimestre, AWS a réalisé une chiffre d’affaire de 2,1 milliards de dollars en croissance de 78 % mais surtout a multiplié son bénéficie opérationnel par 5,3 à 521 M$, soit une marge opérationnelle confortable de 25 %. Encore plus significatif, avec une chiffre d’affaire près de 8 fois plus petit que la maison mère Amazon, AWS réalise un bénéfice supérieur (472 M$) et représente ainsi plus de la moitié des bénéfices du groupe. A terme, cette différence si importante de rentabilité entraînera peut-être une pression des marchés pour qu’Amazon se sépare de sa maison mère. Témoin de cette force frappe, re:Invent, sa conférence annuelle qui s’est tenue récemment à Las Vegas a accueilli 19 000 visiteurs et le double en mode streaming. Aurora, le service de base de données compatible MySQL qui est opérationnel depuis juillet connait la plus forte croissance de l’histoire d’AWS.