Les Etats Unis adaptent le « principe de précaution » à la voiture sans chauffeur pour tenter de prendre un tour d’avance dans l’industrie automobile.

Un sous-comité de la commission Energie et Commerce de la « Chambre des Représentants » Américaine, correspondant à  notre Assemblée Nationale, vient d’approuver une proposition qui permettrait au constructeurs automobiles américains de déployer 100000 véhicules autonomes sur le marché sans que ceux-ci aient à répondre aux 75 critères de sécurité auxquelles doivent se plier toutes les véhicules automobiles qui sont commercialisés actuellement. Ces normes, édictées pour les véhicules avec chauffeur empêchent aujourd’hui la mise en service des véhicules sans chauffeurs. Cette proposition prévoit aussi d’empêcher les 50 Etats Américains d’imposer localement des régulations restrictives à l’encontre des véhicules sans chauffeurs, alors que 18 d’entre eux, dont la Californie,  ont déjà un embryon de régulation.

Cette mesure, qui sera la première incitation pour accélérer le développement des voitures sans chauffeur, devrait être validée la semaine prochaine par la totalité de la commission Energie et Commerce. Elle sera ensuite portée aux votes de l’ensemble de la Chambre des Représentants au retour de vacances en septembre, pour être appliquée sur l’ensemble du territoire américain. Elle arrive après un intense lobbying auprès du Congres opéré par Ford, Alphabet, Tesla et General Motors et d’autres constructeurs automobiles pour éviter de voir naitre un peu partout de nouvelles régulations de sécurité plus restrictives, plus particulièrement en ce moment parce que le nombre des victimes d’accident de la route est en augmentation sensible.

Cette proposition n’exemptera cependant pas complètement les véhicules sans chauffeur de tout contrôle de sécurité. L’année dernière, le Département des Transports (DoT) de l’administration Obama avait émis une série de 15 critères auxquels doivent répondre les véhicules  autonomes avant d’être mis sur la route. Elaine Chao, la secrétaire d’Etat au transport de l’administration Trump a indiqué récemment qu’elle allait les mettre à jours dans les prochains mois et la mesure donne 5 ans au DOT pour établir une liste complète des critères destinés aux véhicules hautement automatisés.

La mesure prévue indique que les constructeurs automobiles devront entre temps montrer que leurs véhicules autonomes ne mettent pas le consommateur en danger, et devront prouver que les véhicules « Highly Automated » fonctionnent comme prévu et dispose des sécurités nécessaires en cas de disfonctionnement, offrant un niveau de sécurité au moins égal ou supérieur aux véhicules classiques avec chauffeur. Elle prévoit aussi que les constructeurs de ces véhicules  devront avoir prévu un plan de cybersécurité pour leurs véhicules sans chauffeur. Dans les 3 ans à venir, le DOT sur les conseils d’un « Highly Automated Vehicle Advisory Council » à créer dans les 6 mois, aura défini l’ensemble des informations dont les constructeurs de « Highly Automated Vehicules » devront fournir aux acheteurs potentiels. Ces informations exprimeront les possibilités et les limitations de ces véhicules.

Déjà quelques voix se sont élevées parmi les associations de consommateurs mentionnant le nombre croissant de morts sur les routes américaines. Ils regrettent que Congrès ne se soucie que très mollement des règes de sécurité automobiles et laisse les consommateurs dans les mains des constructeurs automobiles libres de tester leurs dispositifs de sécurités sur les autoroutes américaines. On se rappellera qu’à la suite d’un récent accident mortel avec une Tesla en Floride, Elon Musk a reconnu que les véhicules autonomes peuvent tuer (sans doute moins que les véhicules avec chauffeur pourrait-on ajouter).

En attendant, les lobbies automobiles se restructurent en fonction de ce nouvel enjeu de l’économie américaine. Cinq constructeurs et utilisateurs de véhicules sans chauffeurs, Ford, Waymo, Uber, Lyft et Volvo, avec certains partenaires actifs dans ce secteur, ont crée la « Self Driving Coalition for Safer Streets » qui est dirigé par un ancien cadre du National Highway Traffic Safety Administration. Leur objectif est d’accélérer le développement des véhicules autonomes et de faire savoir, à défaut de le prouver pour l’instant, que le véhicule autonome réduira le nombre de morts sur les routes…