Quand la digitalisation industrielle rencontre l’intelligence artificielle, la bataille pour sécuriser les opérations critiques prend une nouvelle dimension mondiale. Le géant japonais Mitsubishi Electric va racheter l’américain Nozomi Networks.
Le domaine de la cybersécurité des technologies opérationnelles (OT) occupe aujourd’hui une place stratégique dans l’agenda des DSI et RSSI, tant dans les secteurs industriels que dans les infrastructures critiques. Face à l’essor de l’Internet des objets (IoT), la digitalisation des sites de production et des réseaux de transport ou d’énergie, la sûreté des opérations nécessite modernisation et attention continue : la moindre faille peut entraîner des arrêts de chaîne, des incidents environnementaux ou des attaques d’envergure, avec des coûts colossaux.
C’est dans ce contexte que Mitsubishi Electric, géant japonais des équipements industriels et systèmes intégrés, annonce son intention de racheter Nozomi Networks, leader américain dans la sécurité OT, IoT et des systèmes cyber-physiques (CPS).
Groupe au chiffre d’affaires de l’ordre de 5 522 milliards de yens (environ 36,8 milliards de dollars) Mitsubishi Electric équipe depuis plus d’un siècle des marchés variés : signalétique, transport ferroviaire, automatisme, énergie, traitement des données.
Fondée en 2013 et basée à San Francisco, la scale-up Nozomi Networks s’est imposée comme une référence dans la cybersécurité industrielle et s’est fait remarquer par ses solutions fondées sur l’intelligence artificielle, la visibilité des actifs, la détection des menaces et les analyses sophistiquées, adressant les secteurs critiques comme l’énergie, le transport ferroviaire, l’eau et la fabrication.
En mars 2024, Nozomi avait bouclé un tour de table de 100 millions USD, avec comme investisseurs principaux Schneider Electric mais aussi, déjà, Mitsubishi Electric.
Groupe au chiffre d’affaires de l’ordre de 5 522 milliards de yens (environ 36,8 milliards de dollars) Mitsubishi Electric équipe depuis plus d’un siècle des marchés variés : signalétique, transport ferroviaire, automatisme, énergie, traitement des données. L’acquisition de Nozomi apportera à Mitsubishi ses équipes de R&D, son modèle cloud et son expertise IA, renforçant ainsi la capacité du groupe japonais à proposer des solutions de pointe dans la sécurisation des infrastructures critiques. Cette acquisition permettra au groupe de disposer d’une offre de cybersécurité extrêmement solide, adaptée à l’univers OT/IoT, en plein essor, et de renforcer son positionnement sur les marchés de la transformation numérique dans l’industrie et les infrastructures critiques. Elle lui donne aussi accès à une expertise IA avancée et à des clients technophiles exigeants, tout en étendant sa présence géographique.
Néanmoins, selon les responsables des deux entreprises, Nozomi Networks deviendra une filiale à part entière tout en conservant son autonomie opérationnelle, son équipe, sa marque, ses bureaux et ses feuilles de route intactes ainsi que sa stratégie ouverte vis-à-vis des clients et partenaires. Edgard Capdevielle, président-directeur général de Nozomi, veut rassurer ses clients : « Rien ne changera dans notre engagement quotidien… Nous allons simplement monter en puissance grâce à la portée mondiale et aux ressources communes. »
Les implications pour le marché sont considérables. Ce rapprochement pourrait redéfinir les standards en matière de cybersécurité OT, en promouvant des solutions plus intégrées, cloud et IA-friendly. Les concurrents habituels de Nozomi — comme Dragos, Claroty, Fortinet, Tenable, Palo Alto Networks (avec sa solution OT-aware), ou ABB et Honeywell dans une certaine mesure — pourraient être amenés à renforcer leurs propres offres ou à envisager des alliances similaires, accroissant ainsi la dynamique de consolidation du secteur. Cette acquisition est aussi une mauvaise nouvelle pour Schneider Electric soutient d’origine de Nozomi Networks qui voit cette expertiser filer chez la concurrence.
L’intégration de Nozomi dans Mitsubishi Electric est prévue pour le quatrième trimestre 2025, sous réserve d’agréments réglementaires classiques.
Pour les DSI et RSSI, cette opération ouvre de nouvelles perspectives : disposer désormais d’un acteur global capable d’accompagner l’ensemble du cycle OT — de l’équipement physique jusqu’aux analyses IA dans le cloud — peut réduire la complexité des fournisseurs, améliorer la cohérence des solutions et accélérer la modernisation des systèmes critiques. Elle nous rappelle aussi que l’OT n’est plus un horizon lointain réservé aux industriels, mais une priorité quotidienne pour tous ceux qui protègent les données et les opérations.
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