Portée par l’explosion de la demande en IA et le succès des puces Blackwell, NVidia pulvérise ses records financiers tout en affrontant l’ombre de Pékin.

NVidia publie toujours un peu en décalé ses résultats par rapport aux autres grands acteurs de la Tech. La firme américaine vient donc en cette fin d’été de publier des résultats records pour le second trimestre 2025 malgré les vents contraires géopolitiques, prouvant une fois de plus l’immense résilience de ces grands groupes américains.

La société a enregistré un chiffre d’affaires trimestriel de 46,74 milliards de dollars, en hausse de 56 % par rapport à la même période l’an dernier, et un bénéfice net trimestriel de 26,4 milliards de dollars, soit une progression de 59 %. Ces performances sont portées par une demande toujours croissante en matière d’intelligence artificielle, notamment dans les centres de données, qui ont généré à eux seuls plus de 41 milliards de dollars de revenus !

Un moteur nommé IA

Le moteur de cette croissance est sans conteste la plateforme Blackwell, présentée par le PDG Jensen Huang comme « le bond générationnel que le monde attendait ». Les puces Blackwell ont représenté 27 milliards de dollars de ventes, confirmant leur rôle central dans l’écosystème de l’IA. NVidia s’est également illustrée en collaborant avec OpenAI sur le traitement de modèles open source, démontrant la puissance de ses systèmes à l’échelle industrielle.

Dans le détail, la division Data Center affiche donc un CA trimestriel de 44,1 milliards de dollars en croissance de 56% par rapport à 2024 (et de 5% par rapport à Q1 2025). La division « Gaming & AI PC » ne compte désormais plus que pour 4,3 milliards de dollars dans les revenus du groupe, un chiffre en croissance de 49% par rapport à l’an dernier (et de 14% par rapport à Q1 2025).

Les deux autres divisions principales de NVidia demeurent des petits poucets avec 601 millions de dollars pour la division « Professional Visualization » (et ses GPU pour Workstations) et 586 millions de dollars pour la prometteuse division « Automotive & Robotics ». Les deux divisions demeurent en forte croissance par rapport à l’an dernier : +32% pour la première et surtout +69% pour la seconde.

L’ombre Chinoise…

Cependant, derrière ces chiffres impressionnants se cache une réalité plus nuancée. Les tensions géopolitiques, notamment entre les États-Unis et la Chine, continuent de peser sur les perspectives internationales de l’entreprise. NVidia n’a enregistré aucune vente de sa puce H20, conçue pour le marché chinois, au sein de la Chine au cours du trimestre. Bien qu’une vente de 650 millions de dollars ait été réalisée à un client hors Chine, la production de cette puce aurait été suspendue, en réponse aux restrictions imposées par Pékin et à la politique commerciale américaine.

Accusant le groupe américain d’avoir glissé des backdoors et commandes de blocage à distance au cœur de ses GPU H20, le gouvernement chinois a officiellement découragé l’usage des produits NVidia par les entreprises locales, tandis que les États-Unis ont mis en place une taxe d’exportation de 15 % sur les ventes de GPU vers la Chine tout en continuant d’interdire la vente de produits de dernière génération.

Le PDG Jensen Huang estime que le marché chinois aurait pu représenter 50 milliards de dollars de revenus supplémentaire cette année si l’entreprise avait été autorisée à attaquer ce marché avec des produits concurrentiels. Lors d’un call post publication des résultats, la direction du groupe a exprimé son souhait de vendre ses GPU Blackwell à la Chine, malgré les restrictions imposées par le gouvernement américain, tout en soulignant qu’au final ces ventes seraient bénéfiques pour l’économie américaine. « Nos produits sont conçus et vendus pour un usage commercial bénéfique, et chaque vente sous licence que nous réalisons profitera à l’économie américaine », a déclaré la directrice financière Colette Kress aux analystes. « La pile technologique d’IA américaine peut devenir la norme mondiale si nous nous mobilisons et rivalisons à l’échelle planétaire. »

Malgré ces obstacles, NVIDIA reste optimiste. Jensen Huang a évoqué une opportunité de marché estimée entre 3 000 et 4 000 milliards de dollars dans l’infrastructure IA d’ici la fin de la décennie. Si la croissance pourrait ralentir après deux années d’expansion fulgurante, la société semble bien positionnée pour rester au cœur de la révolution technologique mondiale malgré la montée d’AMD, la volonté européenne de retrouver une place dans l’univers des semi-conducteurs et une industrie chinoise des puces (CPU et GPU) qui refait son retard à grande vitesse.

 

À lire également :

Nvidia valorisé à 4 000 milliards de dollars : attention dangers !

Blackwell Ultra, Vera, Rubin… Nvidia ne décélère pas!

NVidia GTC 2025 : ce que les DSI doivent en retenir

Du cloud à l’entreprise : comment Nvidia prépare son prochain coup

CES 2025 : NVidia signe avec Toyota et met ses Blackwell sur nos bureaux