Microsoft change une nouvelle fois son fusil d’épaule. Après avoir mis la version classique de OneNote au rebut au profit de sa version moderne UWP, l’éditeur la ressuscite. Des changements de position qui reflètent le manque de clarté de Microsoft quant à ses plateformes de développement sous Windows.

OneNote est l’une des composantes les plus populaires de la suite Office même si le produit n’a pas l’aura historique d’un Word, PowerPoint ou Excel. Cet outil de prises de notes et d’organisation de notes a été le premier programme véritablement collaboratif de Microsoft permettant une co-édition des documents sur Windows, Mac, Android, IOS et Web. Il est d’ailleurs l’une des fondations des écrans collaboratifs Surface Hub. Il est largement utilisé en entreprise comme par le grand public.
C’est aussi l’un des outils de Microsoft les mieux calibrés pour une utilisation optimale que l’on interagisse avec un clavier-souris sur PC, avec un écran tactile sur smartphone ou tablette, ou avec un stylet sur les appareils compatibles.

Il ne doit en rester qu’un…

OneNote en version UWP

Mais, parce que rien n’est jamais trivial dans l’univers Microsoft, OneNote existe sur PC en deux versions : une version Win32 historique dénommée OneNote 2016 et une édition moderne « UWP » simplement dénommée OneNote.
Il y a plus d’un an, Microsoft annonçait que les évolutions seraient désormais dédiées à l’édition UWP et que la version classique « OneNote 2016 » n’évoluerait plus…

Il y a quelques jours à MS Ignite, Microsoft a une nouvelle fois changé de stratégie. Non seulement l’éditeur a annoncé que OneNote 2016 serait supporté jusqu’en 2023 mais l’éditeur semble désormais décidé à le faire de nouveau évoluer…

… En fait, non, deux c’est mieux…

OneNote en version Win32

Lors d’une session à MS Ignite, Microsoft a annoncé plusieurs améliorations pour OneNote 2016 : l’apparition d’un mode Sombre, l’intégration à Microsoft Search, l’intégration à Microsoft To Do, et le support d’astuces ergonomiques comme « @mentions » utiles notamment lorsque OneNote est utilisé en conjonction de Teams.

Parallèlement, Microsoft a confirmé qu’à compter de mars 2020, cette version classique serait de nouveau déployée par défaut lors de l’installation de la suite Office 365, en même temps que Word, Excel, PowerPoint et Outlook. La version UWP continuera parallèlement d’exister, d’évoluer, et d’être livrée avec Windows 10.

… Mais, bon, il n’en restera qu’un !

La volonté de l’éditeur est de progressivement réintégrer dans OneNote 2016 toutes les fonctionnalités propres à l’édition UWP notamment en matière d’utilisation tactile/stylet et de faire évoluer en parallèle les deux versions en incorporant les nouvelles fonctionnalités conjointement.

Cette approche indécise, qui manque singulièrement de clarté, reflète en réalité les inconsistances et les hésitations de Microsoft quant à la bonne plateforme de développement pour Windows. La plateforme UWP (introduite avec Windows 8 et enrichie avec Windows 10) avait été créée pour offrir une base de développement commune aux PC et aux appareils mobiles. Mais celle-ci faisait fi de l’existant Win32.
L’échec de Windows Phone/Windows 10 Mobile a mis en péril cette stratégie. Et les développeurs, dès lors, n’ont pas vu l’intérêt de réécrire leurs applications Windows. Et ceci bien qu’UWP reste la plateforme de développement inévitable pour créer des Apps Xbox One et Hololens.
Après moult hésitations, et plusieurs années de nécessaires restructurations des couches de Windows, Microsoft revient avec une nouvelle stratégie de développement qui unifie ses interfaces et ses runtimes grâce à des briques placées en open source (WinUI 3, .NET 5 et MSIX).
Des briques à vocation « cross plateformes » qui joueront très probablement un rôle fondamental dans la future bibliothèque applicative des nouveaux Surface Neo et Surface Duo attendus fin 2020. Des briques qui devraient surtout permettre à Microsoft d’offrir aux développeurs sous Windows une plateforme de développement unie et cohérente avec une vraie perspective à long terme. C’est en tout cas le message que l’éditeur a commencé à faire passer lors de sa conférence MS Ignite et qu’il devrait plus largement développer lors de sa conférence Build en mai 2020, événement dédié aux développeurs.

Une stratégie de développement qui explique aussi pourquoi il est fort probable qu’à moyen terme il n’y ait plus qu’une seule version réunifiée de OneNote, un futur que Microsoft prépare donc dès maintenant en réhabilitant son OneNote « Win32 » historique…